Depuis ses débuts en tant que steward rêvant d’aventures, jusqu’à son rôle actuel de figure incontournable du Celebrity Marketing, Éric Ritter a suivi un parcours atypique guidé par sa passion pour l'humain et les rencontres.
Entrepreneur dans l’âme, il a su bâtir un univers unique où il conjugue son intuition, son sens des relations publiques et son amour du cinéma pour créer des opportunités mémorables.
Comme il le dit lui-même : « Je suis passé de l’admiration à la transmission, et ces liens privilégiés sont pour moi une sorte de réussite. » Dans cet entretien, il partage son expérience, ses valeurs et sa vision d’un métier où la haute couture des relations humaines côtoie le défi constant de rester fidèle à soi-même.
Interview réalisée par Thérèse Lemarchand, CEO Mainpaces
Depuis l’enfance j’ai toujours été passionné par le cinéma et les voyages, et j’étais donc attiré par les Etats-Unis. J’ai commencé ma carrière comme stewart. Lors de mes escales à Los Angeles, un producteur de films que je rencontrais a vu que j’avais des talents de Relation Publique. J’ai travaillé pour lui pendant deux ans ce qui m’a permis de rencontrer de grandes stars américaines et de créer un important carnet d’adresse.
La France me manquait, un de mes amis qui avait une société d’évènementiel dans le cinéma m’a proposé de monter une boite avec lui en l’an 2000. C’est là que je suis vraiment rentré dans la vie d’entrepreneur : notre objectif était de monter des événements uniques autour du monde du cinéma, des avant-premières de films au festival de Cannes, des soirées à Paris pour des clients internationaux…
On n’y connaissait pas grand-chose mais on y croyait, on était déterminés et prêts à prendre des risques plus ou moins conscients. J’ai activé mes contacts hollywoodiens pour faire venir des stars comme Pamela Anderson ou Russel Crowe…
Nous avons produit de beaux événements qui m’ont permis de rencontrer de nombreuses stars françaises. J’ai ainsi construit tout un réseau de personnalités et de clients.
Le Celebrity Marketing commençait à émerger et j’ai eu l’idée de créer Ritter Consulting1 en 2005. On voyait à l’époque quelques personnalités qui faisaient des publicités comme un moyen de communication, mais ce qui était nouveau était de les inviter dans des soirées pour développer la notoriété des marques. J’avais un super réseau, une bonne capacité de public relation, je voulais être beaucoup plus qu’un agent. Je voulais être un créateur d’opportunités pour des entreprises qui ont besoin de services de personnalités : des speakers, des soirées people, des contrats d’image...
Je crois que l’entrepreneuriat réside dans le fait de croire en ses rêves et ses objectifs, et quand une opportunité se présente d’y aller avec son instinct sans avoir toutes les informations ou les formations nécessaires. Au fil des années ma société a grandi même si je reste un artisan. D’autres sociétés comme la mienne se sont développées, mais sur le cinéma, la musique et les media je suis le mieux positionné. J’ai également un partenariat avec l’agence de conférenciers Minds pour élargir la gamme des contenus sur lesquels je travaille.
L’humain est le premier mot indispensable dans mon métier et c’est ce qui m’a toujours motivé. Avoir une relation privilégiée avec ces célébrités, bien les connaître, qu’elles me connaissent, et connaitre mes clients. Savoir associer les clients et les personnalités, c’est de la haute couture entre un brief et une personne. Sur chaque mission j’essaye de faire en sorte que la transaction ne se ressente pas, que ce soit le moment qui prime d’un côté comme de l’autre.
Le plaisir est mon deuxième moteur. Mon petit mantra depuis le début de ma vie professionnelle est “business and pleasure”. Pour moi l’un ne va pas sans l’autre.
"Je cherche à créer un climat favorable, faire que les gens se sentent bien pour que la prestation se passe bien."
Je cherche à créer la rencontre qui va générer du potentiel pour tout le monde. C’est pour cela que je ne suis pas un agent : je représente les deux côtés, les personnalités avec leur sensibilité, et les clients pour les conseiller.
Tout cela repose sur une alliance de sensibilité, de sens du business et de pragmatisme.
Une personnalité qui m’inspire est forcément une personnalité qui a un talent et qui aspire à le partager le plus possible. C’est pour cela que je travaille avec les artistes et les gens de la scène. C’est la personnalité que je valorise avec le client. Je vais savoir transmettre ma passion pour tel ou telle car je les côtoie depuis longtemps et ils sont inspirants pour moi humainement et professionnellement. Je suis passé de l’admiration à la transmission, et ces liens privilégiés sont pour moi une sorte de réussite. J’ai construit quelque chose d’important sur la base d’une intégrité relationnelle et humaine.
Être sur le devant de la scène est moins mon histoire. Je reste simple, très humble dans cet univers d’exceptions. Pourtant une fois une personne assez âgée m’a dit “en fait tu es une personnalité parmi les personnalités”. Mon nom est très connu dans le monde de l'entertainment mais il a aussi une résonance de respect de la personne et des engagements. Quand j’appelle une personnalité elle sait que je vais la respecter et je respecterai aussi les conditions qui lui sont proposées.
"Je veux être une valeur sûre et construire des relations positives."
Ce n’est pas évident de se positionner comme une personne fiable dans ce milieu du Show Business. C’est un univers un peu nébuleux, avec des gens qui peuvent faire peur, sembler superficiels. J’ai toujours essayé de simplifier cet univers là et de le garder à l’échelle humaine, comme un acteur qui rentre aussi chez lui le soir après avoir tourné. A la fin du compte j’ai une famille, j’ai un foyer, et c’est là que j’ai mes bases.
Je pense que c’est très important de rester authentique avec qui l’on est et ce que l’on veut transmettre.
Un des dons qui me sert beaucoup dans mon métier est l'intuition : je suis un ultra-intuitif. Cela me permet de naviguer avec une sorte de GPS. Si je ressens quelque chose qui cloche avec une personnalité je ne vais pas avoir envie de me positionner sur ce profil, idem avec un client.
Je me laisse guider par cette intuition. Quand je rencontre quelqu’un de nouveau j’ai toujours un petit instant de connexion de go/no go. Parfois des choses se révèlent un peu plus tard et me permettent d’ajuster la fiabilité de ma perception.
Je suis toujours dans la gratitude d’un métier que je fais que j’adore mais je sais également que j’ai créé mes propres opportunités pour y arriver. Parfois c’est génial, et parfois on se retrouve le genou à terre. Il faut avoir une sorte de conviction qu’on est toujours sur le bon chemin. Chaque année qui démarre est pour moi un nouveau départ. J’ai mon acquis, mon expérience, mon réseau, mon savoir-faire, mais je repars toujours pour un nouveau challenge, pour de nouvelles aventures.
Moi-même, mes propres limites. Il y a beaucoup à dépasser dans ce type de métier très niche. Il n’y a pas d’école, pas de protocole, c’est de l’artisanat de la mise en relation qui se construit sur l’expérience et sur le temps. J’ai donc eu à dépasser beaucoup de doutes : est-ce que ça va marcher ? Est-ce que je vais réussir à délivrer mon engagement ? J’ai eu à dépasser ces limites que je dressais devant moi pour apprendre à me faire confiance. J’ai également eu à apprendre à faire avec le succès, à garder dans ces moments porteurs la tête bien froide et rester dans le flow.
J’ai aussi eu des coups durs extérieurs à moi comme la crise Covid qui sont des moments où on coupe des budgets comme ceux que je porte. En vingt ans, j’ai dû surmonter beaucoup d’épreuves, des contrats ultra-intéressants qui finalement ne se sont pas faits et m’ont mis en défaillance de trésorerie. Mais chaque fois que j’ai eu le genou à terre, au moment de prendre la décision de faire autre chose il y a toujours eu une manifestation positive qui m’a remis sur les rails. Je le prends comme un signe de soutien.
Je suis dans un métier où il faut se battre tout le temps.
"Je me considère un peu comme un sportif – avec de la détermination, plein d’échecs, de belles victoires."
On prend des coups, on gagne, on perd, on sort beaucoup ce qui impose une grande hygiène de vie pour ne pas perdre sa vision et ne rien lâcher. Un chef d’entreprise est pour moi comme un sportif de haut niveau.
La famille, l’équilibre du foyer sont essentiels pour moi. La société a 20 ans mais j’ai aussi 20 ans de mariage et 3 garçons de 19, 15, et 10 ans. Cela me nourrit au quotidien.
J’évolue dans un métier de relations publiques, du contact, de l’agitation humaine, alors qu'au fond je suis une personne qui aime le calme. Je suis tout le temps en représentation. Même quand je sors je suis sur le qui-vive car j’ai un engagement et un rôle à jouer. J’ai la pression de faire les choses bien. Cela me demande beaucoup d’énergie et donc j’ai besoin de me ressourcer.
"J’ai besoin de solitude, d’être dans la nature, confronté aux éléments, en forêt comme à la mer. C’est ce qui me permet de rester stable."
Le sport est également essentiel à mon équilibre personnel.
Même si je voyage dans un cadre professionnel j’ai besoin de voyager aussi dans un cadre personnel. Le voyage est ma passion de vie. J’aime le monde, la planète, découvrir des cultures, des paysages, de nouveaux univers. Cela me permet de déconnecter mon esprit de toutes mes obligations.
Prendre l’avion fait partie de mon métier donc je ne peux pas me dire un puriste de l’environnement, mais je prends des engagements personnels et je transmets à mes enfants l’importance d’être vigilants sur notre consommation, sur la pollution qu’engendre différents produits, d’avoir au quotidien une sorte d’attitude attentive aux conséquences des choix que l’on fait.
Je suis comme toi très engagé auprès de Surfrider Foundation Europe2 et j’essaye de contribuer à leurs missions et à leurs efforts en participant à leurs actions. La mer est un élément qui me touche énormément. Je m’y sens à l’aise, il est vital pour moi qui ai grandi à Antibes et j’aime aussi la lumière qui l’entoure.
Je vais prendre des engagements auprès de Plastic Odyssée3 car les jeunes qui ont monté cela m’inspirent beaucoup et ils soulèvent des montagnes pour leur projet. Je vais par ailleurs contribuer à une association de protection de l’Amazonie en lien avec Leonardo Di Caprio.
J’ai également la chance de travailler avec une agence qui s’appelle Mademoiselle Pitch et qui travaille sur des campagnes pour des associations et fondations. Mon job est d’aller trouver des personnalités qui répondent à leurs messages - par exemple pour les 30 ans du Samu Social, Médecin du monde, pour des parrainages, … c’est un travail rémunéré mais je ne le fais pas dans les mêmes conditions financières.
L’éveil de la conscience est très important pour moi. On ne peut pas imposer une vision du monde mais on peut la partager. C’est toujours ça de gagné.
Quand on fait intervenir une personnalité dans une entreprise, que ce soit pour un discours, un animateur télé pour une convention, un concert privé, … on développe quelques instants une sensation de privilège. On traverse l’écran, c’est un cadeau, quelque chose de personnel. De plus en plus les entreprises ont envie de faire plaisir à leurs collaborateurs, de les rassembler physiquement et de leur faire une surprise. Le showcase crée le lien, l’émotion partagée dans l’instant. Je crois qu’aujourd’hui il y a beaucoup trop d’information et elle nous submerge.
"Vivre une prestation artistique nous rend heureux dans le temps présent, ce sont des petites bulles de bonheur qui nous nourrissent profondément."
Ma sensibilité artistique me permet d’être un passeur. Je ne prends jamais rien pour acquis et j’ai toujours les yeux qui brillent, c’est ce qui me donne cette énergie positive du partage. Tout chef d’entreprise a une vision au départ et a eu envie de la construire, de la partager, de la transmettre. Je crois que chacun a cette capacité à créer, à construire, et à prendre un risque. C’est cette audace qui permet de développer dans le temps une forme de liberté née d’une connaissance approfondie de soi et du monde qui nous entoure.
Propos recueillis par Thérèse Lemarchand, CEO de Mainpaces