Rêver grand - rencontre avec Thibault Cauvin

Thibault Cauvin est le guitariste le plus titré au monde. La recherche constante de performance a été son but final pendant longtemps, et il doit sa réussite à un travail et une discipline extrêmes. « Je suis devenu fou de passion pour ce côté performance, pour cet aspect ''sport de haut niveau''. »

Après avoir remporté 36 prix internationaux dont 13 premiers, Thibault se lasse de la performance pure. Il se lance dans une tournée internationale de concerts et visite plus de 120 pays pour près de 1500 représentations. « Je suis fils de rocker, le symbole du rock est de jouer pour tous, de rassembler des jeunes, des vieux, des intellos, … et ça m’a rattrapé. J'ai transféré mon envie de gagner des prix en me disant je vais jouer partout dans le monde, dans tous les pays. »

Cette interview nous transporte vers la fascinante vitalité de Thibault. « Je me dis maintenant que c’est une forme d'idéal d'universalité, que c'est une guitare qui raconte le monde, qui est chargée de rêves, et qui s'adresse à tous. La vérité c’est que toutes les musiques partent de la vraie vie, pas du tout d’une réflexion structurée. »

Les défis qu'il se lance s’incarnent dans sa vision de l'accomplissement personnel. « Rêver grand. » L’essentiel pour Thibault réside dans la puissance de l’imaginaire. « Moi j'aime l'idée d'avoir cette liberté qui offre la chance d'avoir des rêves, ensuite d'intellectualiser les rêves, et de donner toute son énergie pour les réaliser. C’est comme ça que je fonctionne. L'aventure, les rêves, sont auteurs de tout. »

Interview réalisée le 27/07/2023 par Thérèse Lemarchand, CEO Mainpaces

La performance musicale de Thibault Cauvin, un sport de haut niveau

Bonjour Thibault, tu es le guitariste le plus titré au monde, ta popularité est immense à tel point que l’on parle du “phénomène Cauvin”, dans une discipline exigeante - la guitare classique. Tu as donné plus de 1500 concerts, peux-tu nous présenter rapidement comment tu en es arrivé là ?

Je pense que c’est un peu comme une recette de cuisine, c'est une addition de paramètres. J'ai la chance d'être né dans une famille de musiciens, mon père est guitariste passionné. Il y a eu aussi la présence de ma mère, qui est souvent bien moins médiatisée. Elle est professeure de français, de lettres classiques, elle avait cette espèce de talent de transformer tout en conte avec une forme de légèreté. Je pense que le contexte de l'enfance est très fort.

Je jouais régulièrement tous les jours, jusqu'au moment où que je me suis rendu compte que finalement ce n’était pas normal, que tout le monde n’était pas guitariste sur Terre comme je le pensais. J'ai commencé à réaliser que je jouais correctement, et c’est un peu plus tard à l'âge de 12-13 ans que j'ai découvert qu'il y avait des concours de guitare, un peu comme des compétitions de sport.

Je suis devenu fou de passion pour ce côté performance, pour cet aspect « sport de haut niveau ». J’ai commencé à travailler toute la journée la guitare pour cela. J'ai eu la chance que mon père me soutienne particulièrement, car le hasard a fait qu’à cette époque de sa vie il ne pouvait plus jouer pour un problème de main. Donc il transformait ce temps en le passant avec moi, en devenant mon coach.

En prenant du recul tous ces points m’ont aidé, à commencer par ce malheur qu’il a eu, qui pour moi a été une chance. Ces concours m’ont passionné, quand certains – à commencer par mon petit frère - détestaient ça. Ça se passait bien, j’ai commencé à gagner, j’ai pris goût à la victoire, je travaillais plus, et tout s’est enchainé, les concerts avec cette envie de voyage, de jouer partout, comme un appétit constant, une forme de gourmandise et une confiance en la vie, avec un soutien familial fort.  J’ai développé un dévouement absolu à la guitare, presqu’un point de folie, comme les tennismen qui jouent à Roland Garros, il y a quelque chose qui n’est pas normal là-dedans.

J’ai joué dans plus de 120 pays pendant 15 ans, sans appartement, sans maison, à l’hôtel, je n’avais pas de famille, je n’avais rien. Ce voyage tout seul, de rencontres quotidiennes, était très particulier et très intense.

L’hérédité, le talent, l’environnement forment une base très précieuse, et le travail est clé pour arriver à de tels résultats. Il y a beaucoup de discipline dans ce que tu exprimes, et on sent aussi que tu avais un moteur personnel très fort. 

Qu’est-ce qui a constitué cette motivation, comment l’as-tu visualisée, quel était en quelque sorte l’objectif ? Est-ce que ta motivation première était la victoire ?

Au départ j’adorais jouer de la guitare mais aussi jouer dans la vie, et encore maintenant je prends tout comme un jeu, c’est pour cela que je relativise souvent la gravité des choses. Et donc entre mes 12 ans et mes 20 ans je jouais en compétition à haut niveau avec l’élite. C’était grisant, et comme je commençais à gagner je ne pensais plus qu’à ça. J’allais à Londres, à Lisbonne…, il fallait que je gagne encore, je ne faisais que travailler toute la journée, il fallait que je dorme le moins possible…

C’était la compétition, pas du tout dans l’envie d’écraser l’autre, mais plutôt dans une idée très noble. Peut-être vois-tu cette photo de la fin de carrière de R. Fédérer, avec R. Nadal. Ils ont été des rivaux toute leur vie mais en fait c’étaient des frères, et ils sont arrivés à un tel élitisme dans leur discipline qu’à la fin il n’y avait plus qu’eux deux qui se comprenaient vraiment. J’ai un peu senti ça dans la guitare, à la fin dans les concours, où que l’on soit dans le monde nous étions un groupe d’une vingtaine, il y avait un serbe, un Polonais, un japonais, un brésilien… Nous étions tous atypiques dans nos vies, nous ne faisions que ça, nous ne connaissions rien d’autre. Nous avions des cultures complètement différentes, et en fait nous étions frères. Bien sûr quand on jouait sur le moment on voulait gagner, mais cette connexion était hyper belle. J’ai adoré ça.

Je comprends bien ce que tu exprimes, un goût pour une compétition qui est très loin de la bataille. C’est un dépassement de soi, des états exceptionnels que tu vas aller puiser quelque part et qui te transportent.

Je vois aussi ce côté très tribal, qu’Antoine Albeau mentionnait également. Il présente comme toi un record puisque c’est le champion du monde le plus titré de l’histoire, avec 25 titres en planche à voile. Il racontait ces tribus de riders qu’il retrouvait tous les ans l’été en France, l’hiver à Hawai ou à Tarifa.

Au début j’ai adoré ça, et à un moment vers l’âge de 20 ans ça m’a terriblement gêné. Le paradoxe m’a sauté à la figure : la musique est faite pour les autres, et nous étions devenus tellement élitistes, nous jouions des morceaux tellement complexes, que cela n’intéressait pas le vrai public. Comme je gagnais plein de prix, j’ai commencé à faire beaucoup de tournées de concert, et j’ai très vite trouvé cela plus magique que de passer des concours. Je me disais que c’était cool que les guitaristes dans la salle hallucinent sur mon jeu, mais qu’en fait je voulais faire des concerts pour les banquiers, pour les architectes, les agriculteurs, les infirmières, pour les surfers… Je suis fils de rocker, le symbole du rock est de jouer pour tous, de rassembler des jeunes, des vieux, des intellos, … et ça m’a rattrapé.

Il y a eu un moment de prise de conscience de cela, ou cela s’est fait un peu progressivement ?

A la différence du sport où c’est la finalité, en art ces concours sont des tremplins, ils servent à se faire connaître. Moi j'étais tellement passionné par ça qu’ils étaient devenus une finalité, comme en fait tous ceux avec qui nous étions là. Pour gagner ces concours, non seulement il faut être surdoué, non seulement il faut travailler comme un fou, mais il faut en plus avoir ce truc de compétition et ne penser qu’à ça, donc considérer ces concours comme une fin en soi. Mon professeur m’avait alerté sur le fait que continuer les concours avec déjà 36 prix n’avait plus de sens, c'était idiot. Moi en parallèle, comme j’avais gagné plein de prix, j’avais plein de tournées. Je me suis dit qu’il avait raison, qu’il fallait que j'arrête. Je commençais à kiffer mille fois plus les concerts, et surtout il y avait cette dimension hyper internationale. J'ai transféré mon envie de gagner des prix en me disant je vais jouer partout dans le monde, dans tous les pays.

J’ai adoré jouer dans des pays que je ne connaissais pas, me demander où ils étaient, les découvrir, et l’autre kif qui est arrivé très fort était ce truc de commencer à vouloir jouer pour tout le monde. J'ai des souvenirs de concert en Afrique où il y avait des gens qui n’avaient jamais entendu de guitare classique de leur vie, et moi qui arrivais en leur jouant des morceaux ultra-intellos… Je n’en menais pas large au départ. J’étais loin du public très averti que tu peux avoir dans certaines salles au Japon par exemple, mais qui ne m’amusait plus suffisamment. Je voulais jouer pour tout le monde, pour les « vrais gens », les jeunes, les vieux, ceux qui aiment l’art, mais aussi ceux qui aiment le skate. Je me dis maintenant que c’est une forme d'idéal d'universalité, que c'est une guitare qui raconte le monde, qui est chargée de rêves, et qui s'adresse à tous.

Thibault Cauvin, le choix de rêver, de ne pas rester en sécurité

Il y a une confiance très forte dans ce que tu exprimes, l’as-tu toujours eue, as-tu eu des moments de doute ? Sur quoi l'as-tu construite, au-delà de ta virtuosité qui t’a toujours accompagné ?

C'est un socle essentiel effectivement, mais ce qui me guide est mon instinct. J’ai une envie qui émerge à un moment, et qui peut naître n’importe-où, par exemple en me baladant à Barbès, en voyant un fruit exotique bizarre et deux personnes en train de s'engueuler à côté, et ça me donne envie de jouer Bach et d’en faire un disque ! Les gens ne comprennent pas quand j’explique cela, mais la vérité c’est que toutes les musiques partent de la vraie vie, pas du tout d’une réflexion structurée. Ensuite en revanche derrière j'intellectualise beaucoup de choses. Et dans cette intellectualisation, il y a en effet parfois des considérations de crainte, de peur…

La sécurité c'est le plus grand des dangers.

Thibault Cauvin

Mais pour en revenir à ta question, en fait j'ai un truc plus fort que moi que j’exprime dans des petites phrases que je revendique, telles que « la sécurité c’est le plus grand des dangers ». Je pense que ça vient de ma mère, car mon père est plutôt de nature inquiète, et de la vie que j’ai eue. Tout cela m’a donné confiance en la vie. Du coup j'ai plein d'autres projets musicaux et extra-musicaux, sur lesquels très souvent les gens me disent que ça ne peut pas marcher. Il faut que je les réalise, c'est plus fort que moi, et puis je ne sais pas pourquoi, ça marche, comme le concert que j’ai autoproduit récemment au théâtre du Châtelet, et qui a été un succès à tous les niveaux. Je crois énormément dans les rêves. C’est une forme de choix qui s’impose à moi, de confiance, d’envie de rêver, et après de donner toute mon énergie pour que ces rêves se réalisent. Depuis tout petit je suis rêveur, et les briseurs de rêves sont quand même fréquents. Quand tu es habitué à être à contre-courant, à rêver grand, et ensuite à réaliser tes rêves contrairement à ce que beaucoup de gens t’ont dit, alors tu ne cesses de rêver toujours plus, c’est une sorte de cercle vertueux.

Oui, c’est une sorte d’apprentissage permanent. J’ai l’impression qu’une partie de ta force est une très grande ouverture au monde, une capacité d’observation toujours renouvelée, et des racines solides et très profondes, qui font que tu t’orientes bien, qui te permettent de faire des choix.

Je suis complètement d’accord, même si je n’en n’avais pas d’idée préconçue. C’est vrai que je suis passionné par observer la vie. Par exemple je ne sais pas comment me faire cuire un œuf, donc je vais énormément au restaurant tout seul. Ca me passionne alors que j'ai certains amis que ça déprime. Pour moi c'est un bonheur, j'observe le monde, ce qui se passe, les amis, les couples, les vieux couples qui font jeunes, les jeunes couples qui font vieux, tout ça me plaît.

Vision, création, et interprétation en complémentarité, par Thibault Cauvin

Tu es interprète et la création semble également essentielle, avec ton fameux frère Jordan que tu « sollicites de façon pressante ». Je me posais la question de la façon dont ces deux dimensions cohabitaient pour toi, parce que ce n’est pas la même énergie, ce n’est pas le même rapport au temps, ce n’est pas le même type de conditionnement non plus.

Dans l'interprétation il y a une forme d'excellence toujours renouvelée, et dans laquelle l'agilité et l'aisance, le geste en fait, deviennent exceptionnels. La création part d’un autre état. Je me pose cette question parce que c'est un enjeu qu'ont tous les créateurs d'entreprises, il y a ce sujet de créer, s'inspirer, imaginer, et puis d’exécuter. On dit souvent en entreprise que la vision sans exécution, c'est de la fabulation.

Comment passes-tu de l'un à l'autre, ou comment les deux se complètent pour toi ?

C'est vrai que je suis assez complémentaire avec mon frère, parce que lui fait de la création, alors que moi je suis vraiment tourné vers les autres, vers le monde, je m'imagine jouer sur scène pour les gens qui m’écoutent. Donc quand j'ai des idées de disques, de morceaux à composer etc, ça vient de la vraie vie. Après c’est le travail du compositeur, et c'est à ce moment que je le transmets souvent à mon frère. C'est lui qui fait ensuite un voyage intérieur, qui peut être laborieux.

Moi j'ai moins l'envie d'être assis à ma table, de chercher la note parfaite, de gommer. Ce qui me plaît, c'est le gros coup de pinceau. Ensuite le travail d’orfèvre c'est lui qui le fait, je n’ai pas la patience de l’artisan. J'arrive avec l'idée, le concept, le délire, et après il me livre en échange cette partition. Là je me transforme à nouveau en sportif, j'apprends la partition, et dès ce moment-là je m'imagine la raconter en scène.

Finalement, tu pars de la vision macro, de l'envie, et puis tu repasses dans la projection. C’est intéressant parce que les sportifs de haut niveau utilisent beaucoup la visualisation pour s'entraîner, pour se projeter dans une situation en jeu, pour éviter le stress, ou imaginer une issue positive. Nous préparons également les dirigeants comme ça à tous types de situation. Finalement c'est ce que tu fais tout le temps !

Oui, c'est ce que je fais tout le temps. Et ensuite, au moment du concert, il y a deux espaces temps, car à la fois tout est long, j'ai le temps de voir mes deux mains, de voir où je suis sur la partition, d’être dans le temps de la note comme si ça allait tout doucement, et il y a également à nouveau la sensibilité de l'instant. C’est toujours très différent selon que la salle est grande ou petite, que le public est chaleureux ou plus difficile à attraper, que je suis fatigué ou en pleine forme. Tout ça j’essaye de le cultiver dans l'instant. J'aime beaucoup faire des disques, mais il y a un côté éphémère dans le concert que je trouve extraordinaire, et qui paradoxalement nous fait côtoyer une forme d'éternel. Je retrouve ça dans le surf, c’est une communion absolue qui est très courte, même les longues vagues durent au maximum une quinzaine de secondes, et j'adore ça.

J'adore la peinture, et je côtoie souvent des peintres qui me fascinent. Quand je regarde un tableau il y a un truc qui se crée. Mais quand tu as quelqu’un qui joue pour toi, cela se crée dans l'instant, et quand le morceau est fini, c’est terminé. Cet aspect vivant est très fort.

Ta relation au public est hyper importante, on la sent complètement dans tes concerts, où l’on sent qu'on va vivre un moment exceptionnel bien au-delà du fait d'écouter de la musique. Que cherches-tu à créer ? Est-ce que ta relation au public est contributrice de quelque chose d’autre, est-ce que c’est l’harmonie ?

En fait ce qui me plairait c’est qu'on oublie ma guitare, et que l'on vive ensemble un moment de communion, c'est ça que je cherche. Dans les concerts je raconte beaucoup d’histoires, et j’ai envie que l’on s’amuse, que ce soit magique. Entendre les gens rire dans la salle me bouleverse. Il y a un truc presque mystique, dans cette vérité, cette authenticité, cette communion, je ne sais pas, chamanique peut-être.

C’est spirituel indépendamment de toute croyance, c'est quelque chose qui te dépasse, et qui devient beaucoup plus grand ?

C'est ça qui est merveilleux. Des architectes ont créé une salle à l'acoustique incroyable, l'outil a été fait par les plus grands luthiers du monde, l’ingénieur du son est l'un des meilleurs de la ville, tout est choisi, tout est parfait, et au final comme c'est réussi, c'est comme si tout ça a été oublié, et qu'en fait la vie a gagné. On oublie qu’on est dans une salle, on oublie tout. C’est ça ma quête, c'est ce moment magique qui est indescriptible, qui est une communion absolue, et c'est merveilleux.

Un jour je me suis retrouvé dans un petit village complètement paumé au Mexique et voilà que j’entends quelqu’un jouer. Il jouait hyper mal, tout était nul, mais c’était extraordinaire. Le gars était vieux, il savait qu'il ne jouait pas bien, mais la passion qu'il avait à jouer était magnifique. J'étais là, il a vu que j'étais interpellé, il a vu que je comprenais, mais il ne savait qui j'étais. Je suis resté à l'écouter 10 min, il y avait d'autres personnes autour, que des gens du village un peu vieux, sous un arbre. C’était il y a 20 ans, je te raconte ça alors que je ne vais pas forcément te raconter les concerts des plus grands pianistes au monde, Arcadi Volodos qui est incroyable, mais en fait ce moment m'a presque fait un effet plus fort. Du coup, mon idée est d'essayer de rajouter cette vie quand je joue, dans la virtuosité mais sans me cacher derrière la virtuosité.

Thibault Cauvin, aventurier de la vie

Tu prends des risques d’ailleurs. J’ai trouvé très audacieux au Châtelet quand tu as fait intervenir la personne qui accompagne tes enregistrements.

C’est important pour toi de prendre des risques ?

Je suis un aventurier de la vie, vouloir jouer du bout du monde, jouer avec des petites oreillettes avec un gars qui t'envoie des informations alors que tu es en plein concert, partager mes concerts avec Thylacine, Yarol Poupaud, tout ça me plaît. Je vis des choses très fortes que j'ai envie de raconter à mon public, que je considère comme des amis car ils sont touchés par ma musique. Alors, comme à des amis, j'ai toujours envie de leur offrir un nouveau week-end, un nouveau resto, un nouveau projet, que l’on vive des expériences ensemble. C'est pour cela que je reviens souvent à cette phrase « je préfère vivre par la folie que par la peur », parce qu’au moins ces trucs un peu fous créent des histoires.

Je préfère vivre dans la folie que par la peur

Thibault Cauvin

Et puis dans l'amitié il y a aussi une forme d'inconditionnalité qui fait que tu peux te permettre des choses, parce que le regard de l'autre est à priori bienveillant. On peut s'éloigner, on peut se rapprocher, mais il y a une forme de pérennité dans le lien.

Il faut toujours entretenir ce lien. Tu vois je joue de plus en plus à la fin de mes concerts un petit morceau d'improvisation, alors que je ne suis pas improvisateur. C’est donc très fragile, et parfois c'est moins bien que d'autres. Mais à la fin du concert où on est devenu amis pendant 1h30, où j’ai jouée des choses que je maîtrisais parfaitement, c’était virtuose, je me dis que ces 3 mn là, même si c'est un peu raté, en fait ça ne peut pas être raté parce que c'est sincère. L’amitié se joue dans ce genre de petits moments.

Toute cette énergie que tu reçois du public, des liens que tu crées, de la musique en elle-même d'ailleurs aussi, du surf, est-ce que c’est cela qui te régénère ? Parce que j'imagine que même si tu es hyper actif, tu as aussi des moments de fatigue.

Qu'est-ce qui constitue est pour toi des ressources, y-a-t-il des personnes qui vont être des supports, une forme d'aide pour toi ?

Mon entourage est très précieux, mon père est encore très présent dans la dimension très guitaristique, il y a mon frère, et j'ai une équipe formidable, ça c'est pour le côté plus professionnel. J’ai mon entourage amical, tout un cercle qui me plaît et avec lequel je me détends.

Après en effet il y a le surf. C'est ma passion absolue, avec ce truc un peu merveilleux où tu rentres dans l'eau et tu oublies tout instantanément. C’est une force incroyable, ça nettoie la tête. C'est vrai que je suis très observateur de la vie mais je suis aussi très réfléchi, et sans avoir de prétention philosophique j'ai constamment des pensées qui parfois m’épuisent. Dans les vagues, il y a ce truc merveilleux où tu ne penses qu’à l'instant absolu, au présent total, et ça c'est génial.

Et puis j'adore me balader, tu vois à Paris j'ai choisi de vivre dans le 18è arrondissement, je regarde à droite je suis en Inde, à gauche en Afrique, je voyage. Je repère tout de suite les gens bizarres, les gens atypiques, dès que je vois quelqu'un qui est qui est en marge ça m'intéresse.

Ça ouvre aussi plein d'espaces de liberté. J'ai l'impression qu'il y a le sujet de la liberté qui est immense, et que dès qu’il y a de la différence il y a de la liberté parce que quelque chose peut s'exprimer…

On arrive à mes questions de fin, dont celle des maximes, tu m’en as donné deux :  « je préfère être guidée par la folie que par la peur » et « la sécurité c'est le plus grand des dangers », tu aimes les maximes ?

En fait j'aime bien trouver des petites phrases comme ça. Quand une idée de type philosophique me travaille, j’essaye d'aller au bout de mon idée, de me contredire, et puis après de la condenser, pour qu'elle tienne dans une petite phrase.

Après tu utilises ces petites phrases comme des mantras, cela te permet aussi de calmer ton esprit ?

Ca me permet de m’en souvenir, ce sont des points de repère positifs. Par exemple quand j’ai un projet et qu’à nouveau on me dit que c’est complètement fou et que ce n’est pas possible, je me rappelle ces deux phrases. Ça me permet de parier sur le positif. Quand tu as peur tu es prudent, même en surf quand tu veux prendre une grosse vague, si tu as peur tu es sûr de la rater ! Très souvent j’ai été confronté à ce truc-là. Si tu as peur, et que ton projet se confirme, tu n'es pas préparé et tu es sûr de perdre, alors que si tu paries sur le positif tu peux être déçu, mais si ça passe tu gagnes vraiment.

Quel serait le dernier message que tu voudrais passer à ceux qui nous lisent ?

De rêver grand.

Je suis un rêveur absolu. Je pense qu’au final il n’y a plus que ça qui compte, parce qu’il vaut mieux vivre une expérience et se planter, plutôt que de ne pas la vivre. Moi j'aime l'idée d'avoir cette liberté qui offre la chance d'avoir des rêves, ensuite d'intellectualiser les rêves, et de donner toute son énergie pour les réaliser. C’est comme ça que je fonctionne. L'aventure, les rêves, sont auteurs de tout. Pour moi c’est vers le beau, parce c'est un peu ça le sens de ma vie, je pense que le beau est la clé. Pour d’autres ce seront probablement des objectifs différents, d’autres manières d’agir. Je ne sais pas ce qui est le mieux, et je souhaite juste partager ce qui me plaît, et qui jusqu'ici m'a souri.

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