Newsletter Leading #23
28 mars 2024
â Il ne faut pas faire de l'intelligence un dieu, car si celle-ci est douĂ©e de muscles puissants, elle ne possĂšde pas de personnalitĂ©. â Albert Einstein
La premiĂšre chose Ă faire face Ă une problĂ©matique qui nous submerge est de prendre un peu de distance, pour pouvoir la regarder diffĂ©remment. Avec Jean-Philippe Uzan, nous partons dans lâespace. Le cosmos a beaucoup Ă nous apprendre sur notre essence.
De retour sur terre, nous faisons face Ă la dĂ©ferlante de lâIA GĂ©nĂ©rative. Cela fait prĂšs de 60 ans que le Dr Gordon E. Moore a Ă©tabli sa fameuse loi. Ce recul dont nous disposons aujourd'hui nous invite Ă approfondir les dĂ©fis dâĂ©thique, de vision et de leadership dans lâutilisation de ce nouvel outil. Et si, avec le coaching gĂ©nĂ©ratif, nous nous gĂ©nĂ©rions dâabord Ă un autre niveau de nous-mĂȘmes, pour embrasser en conscience ces transformations accĂ©lĂ©rĂ©es ?
Ainsi rĂ©incorporĂ©s, nous pouvons revenir Ă lâun de nos enjeux primaires : nous nourrir. Avec JosĂ©phine Bournonville, nous explorons les possibilitĂ©s ouvertes par lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative, et reprenons confiance dans notre capacitĂ© Ă vivre heureux. Bien manger me fait toujours cet effet lĂ đ
Bonne lecture !
ThérÚse, fondatrice et CEO Mainpaces
La belle rencontre du mois dans une interview à 360°
Jean-Philippe Uzan est directeur de recherche au CNRS, physicien thĂ©oricien Ă lâInstitut dâAstrophysique de Paris, spĂ©cialiste de la gravitation. Il est Ă©galement membre du Conseil Scientifique Mainpaces, qui apporte ses connaissances scientifiques pour consolider la rĂ©ponse de Mainpaces aux enjeux auxquels nos clients sont confrontĂ©s.
Dans cette interview Jean-Philippe Uzan nous parle de sa soif de connaissances et de sa dĂ©couverte de la science : " Il mâest devenu clair que la science permettait de comprendre lâunivers mais aussi de nous offrir un regard extĂ©rieur sur nous qui vivons sur cette planĂšte. ". "Je suis arrivĂ© Ă la conclusion que la connaissance Ă©tait une valeur sur laquelle on devait se reposer collectivement. Je connais pour la valeur de connaĂźtre, pour le plaisir de connaĂźtre."
Jean-Philippe questionne Ă©galement son rapport au temps, et nous parle d'Ă©cologie : " L'humanitĂ© est une espĂšce fabuleuse, capable dâavoir rĂ©ussi Ă comprendre notre effet sur le climat, Ă faire ce diagnostic et Ă prĂ©dire la catastrophe qui arrive. Dâun autre cĂŽtĂ© elle me dĂ©sespĂšre, car je me dis quâen fait nous ne sommes pas capables de changer. "
Il conclue sur sa vision du leadership Ă©clairĂ© : " Je pense quâune qualitĂ© fondamentale est de se rendre compte quâon est avant tout une Ă©quipe, au sens trĂšs large, pas parce que nous travaillons ensemble mais parce que nous nous attaquons aux mĂȘmes problĂšmes. Il nây a aucune gloire Ă ĂȘtre un leader. Ă la fin, c'est lâĂ©quipe qui gagne, câest la connaissance. "
Mise en perspective et approfondissements
Comment passer outre la dĂ©ferlante de lâIA gĂ©nĂ©rative (GenAI) ? FondĂ© en mai 2023, le français Mistral AI est prĂšs de surperformer Chat GPT dâOpen AI qui nous a Ă©poustouflĂ© lâan passĂ©. MĂ©ta et Simplon annoncent vouloir initier 30.000 français Ă lâIA gĂ©nĂ©rative. Le 8 mars, SĂ©bastien Lecornu (Min. des armĂ©es) annonce que la France va consacrer 2 Mds⏠d'ici Ă 2030 Ă la crĂ©ation d'une "intelligence artificielle en matiĂšre de dĂ©fense". Le 14 Mars 5 Mds⏠pour placer la France Ă la pointe de lâIA. Les annonces se suivent et semblent ne plus avoir de limites. Quâest-ce que cela dit de nous, et quelles sont les questions que lâon a envie de se poser Ă ce stade ?
đŁïž Quel changement radical d'interface ! Un auditoire rĂ©agit difficilement Ă une forme rigide et sĂ©vĂšre de langage. La GenAi crĂ©e un langage qui suit les codes de la communication humaine. Depuis le temps que l'humanitĂ© cherche un interlocuteur qui nous comprenne vraiment, cette similaritĂ© crĂ©e une connexion instantanĂ©e avec lâoutil. Cette ressemblance implique-t-elle pour autant que la machine est notre alliĂ©e ? En quoi porterait-elle un objectif bienveillant ?
LâIA gĂ©nĂ©rative reste aujourdâhui un outil, construit par lâHomme, et largement utilisĂ© au service de la compĂ©tition entre humains. Sa puissance induit un risque intrinsĂšque pour les structures quelles quâelles soient. LâĂ©pisode des faux vocaux de Joe Biden l'a rĂ©cemment illustrĂ© pour la dĂ©mocratie en AmĂ©rique. La confiance reste la clĂ© pour une adoption massive de lâIA gĂ©nĂ©rative, et cela impose une appropriation approfondie, et un cadre Ă©thique.
đŒ Le travail est ce que lâon fait rĂ©ellement. Il diffĂšre ainsi considĂ©rablement de l'emploi, et va bien au-delĂ d'ĂȘtre simplement un Ă©lĂ©ment de la production. Il est profondĂ©ment physique, caractĂ©risĂ© par des rythmes, des cadences, des interactions entre mĂ©tiers et outils, ainsi que par la maniĂšre dont nous utilisons notre corps. Il est simultanĂ©ment intrinsĂšquement social, formĂ© par les relations entre individus, les choix qui contribuent Ă notre Ă©panouissement personnel, et notre rĂŽle dans la construction du monde qui nous entoure.
L'intĂ©gration de l'IA GĂ©nĂ©rative nous invite Ă examiner de plus prĂšs la connexion entre le travail, les mĂ©tiers, les compĂ©tences et l'emploi, dans une perspective d'Ă©volution dynamique. Il existe une tension entre le remplacement et le renforcement des collaborateurs. De nouvelles compĂ©tences doivent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es, telles que la capacitĂ© Ă prompter, lâanalyse des donnĂ©es gĂ©nĂ©rĂ©es⊠Nous avons tendance Ă surestimer le remplacement et Ă sous-estimer la complĂ©mentaritĂ© dans la richesse que nous pouvons tirer de tous ces outils. Cela soulĂšve une question de choix sociĂ©tal, Ă approfondir Ă la lumiĂšre des rapports successifs qui sortent sur le sujet : que pouvons-nous faire avec la GenAI, et que choisissons-nous effectivement de faire ?
đ» De nos jours, insĂ©rer dans son prompt des informations de son organisation constitue une fuite de donnĂ©es, reprĂ©sentant une faille en matiĂšre de confidentialitĂ©. Il est nĂ©cessaire de prendre en compte l'Ă©volution exponentielle des capacitĂ©s des IA en matiĂšre de recoupement de donnĂ©es et d'identification des systĂšmes, des individus et des entitĂ©s auxquels elles sont liĂ©es. Une fois que ces donnĂ©es sont divulguĂ©es, nous perdons le contrĂŽle sur leur utilisation ultĂ©rieure. Dans un contexte marquĂ© par hausse croissante de la cybercriminalitĂ©, quelles rĂšgles appliquer, et comment mesurer la valeur ajoutĂ©e de lâutilisation de lâoutil, vs le coĂ»t du risque dâune telle faille ?
âĄÂ Luc Julia, lâinventeur de SIRI, insiste sur ce point :  la puissance de l'IA gĂ©nĂ©rative repose sur plus de donnĂ©es (x 2.000 vs le machine learning), et plus de puissance de calcul. â Si aujourdâhui on faisait autant de requĂȘtes sur ChatGPT 4.0 quâon le fait sur Google, il nây aurait pas assez dâĂ©nergie dans le monde pour rĂ©pondre Ă cette demande â. Quelles sont dâun point de vue environnemental les limites Ă (se) poser Ă lâusage de lâIA gĂ©nĂ©rative ? IntĂ©grer une Ă©valuation a priori des trajectoires d'impact d'un projet IA est un enjeu de vision.
đ§ LâIA parviendra-t-elle Ă penser ? La question reste posĂ©e, mais ce que lâon sait aujourdâhui est que notre pensĂ©e a la particularitĂ© dâĂȘtre arrimĂ©e Ă notre corps. Si on dĂ©lĂšgue aux machines le fait de penser, de dĂ©cider, de choisir, on perd l'entraĂźnement, comme celui de la mĂ©morisation, ou de la spatialisation. Il y a un temps cellulaire, qui est celui de la construction de notre pensĂ©e tenant compte de toutes les perceptions quâelle emporte avec elle. Perdre cet espace qui existe âentre le stimulus et la rĂ©ponseâ comme le souligne Victor Frankl, n'est-il pas un risque pour notre libertĂ© ?
đ€ Utiliser l'IA gĂ©nĂ©rative, c'est un peu comme se plonger dans des conversations qui suscitent davantage de questions, transformant ainsi notre rĂŽle en celui d'investigateurs. L'IA gĂ©nĂ©rative nous aide Ă Â questionner et Ă rĂ©flĂ©chir, s'inscrivant ainsi dans un changement culturel dont le coaching fait partie. Peut-on alors envisager d'automatiser cette approche d'aide au discernement ?
Les bouleversements rapides du monde entraĂźnent des dysfonctionnements dans nos modes de fonctionnement largement automatisĂ©s, et imposent des changements adaptatifs. Ces enjeux de transformation incluent la perception dâincertitudes et dâintuitions, qui demeurent des capacitĂ©s exclusivement humaines. Nous les colorons de nos Ă©motions, de nos peurs, des ressentis, et des « croyances » que lâon a pu construire sur notre chemin de vie. Tous ces Ă©lĂ©ments constituent notre unicitĂ©, notre singularitĂ©, et la place que l'on se façonne.
Lors des sĂ©ances de coaching, l'approche systĂ©mique et intuitive du coach transcende une quelconque logique programmĂ©e. Il crĂ©e avec son bĂ©nĂ©ficiaire un espace gĂ©nĂ©ratif empreint dâattention, dâancrage, et de lien, qui lui permet ainsi d'ĂȘtre pleinement prĂ©sent avec la personne Ă lâendroit oĂč elle se trouve, qui lâautorise Ă exprimer ses Ă©motions, qui lâamĂšne Ă retrouver son centre, et facilite la transformation. Il n'y a pas dâoutil standard, il nây a que ceux qui correspondent Ă lâindividu Ă un moment prĂ©cis, en fonction de son histoire, de ses rĂ©actions subtiles, de ses mouvements corporels, de ses silences et de ses hĂ©sitations. Le coaching gĂ©nĂ©ratif est une approche hyper sur-mesure qui explore les problĂ©matiques prioritaires en tenant compte de toutes les facettes du bĂ©nĂ©ficiaire, et des rĂ©percussions d'un domaine de sa vie sur un autre.
La conscience est une expĂ©rience informative et intĂ©grĂ©e. Dans ce champ de conscience partagĂ©e, le coaching gĂ©nĂ©ratif reprĂ©sente un gain de temps considĂ©rable par rapport Ă lâinfinitĂ© possible de questions sans intĂ©gration. Le coaching gĂ©nĂ©ratif favorise l'Ă©mergence de solutions nouvelles pour la personne, qui constituent un vĂ©ritable changement de paradigme.
đ€ L'IA ne remplacera pas toute forme de collaboration humaine. Son impact sur la gestion du changement reste largement hypothĂ©tique Ă ce stade. Les solutions les plus efficaces Ă©mergent de la synergie entre l'humain et la technologie, oĂč l'intention prime sur la capacitĂ©. PossĂ©der un couteau ne signifie pas forcĂ©ment choisir de l'utiliser pour blesser, de mĂȘme que possĂ©der un pouvoir technologique ne signifie pas nĂ©cessairement opter pour son dĂ©veloppement. Il est crucial de recentrer le choix et le discernement au cĆur de nos actions. En identifiant les obstacles, nous pouvons dĂ©terminer les zones oĂč nous pouvons progresser en sĂ©curitĂ©. Comme le souligne Eric Salobir, prĂ©sident de la Human Technology Foundation, il nous incombe de hisser la sociĂ©tĂ© au niveau oĂč nous souhaitons qu'elle soit.
Le collectif Mainpaces
La parole à une vision prospective, et une attention portée au futur
Parole Ă JosĂ©phine Bournonville, co-fondatrice, COO et Chief Impact Officer d'Omie, la marque alimentaire comme levier pour la transition Ă©cologique et sociale, pionniĂšre de lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative et certifiĂ©e B Corp.
Longtemps, la recherche de productivitĂ© a Ă©tĂ© le moteur de lâagriculture française : conversion des espaces naturels, mĂ©canisation, et intrants de synthĂšse. Cette industrialisation, bien quâelle ait permis de proposer une offre bon marchĂ© de produits agricoles et alimentaires, a eu pour effet dâĂ©puiser les Ă©cosystĂšmes et contribuer massivement au changement climatique.
DâaprĂšs le rapport du GIEC, lâalimentation pĂšse ainsi pour 33% des Ă©missions de GES dâune famille en France, essentiellement liĂ©es Ă la production agricole. Sans compter les impacts massifs sur la biodiversitĂ©, et lâĂ©rosion des sols. En 2024, le coĂ»t environnemental des systĂšmes alimentaires a Ă©tĂ© estimĂ© Ă 3 000 milliards de dollars dans le monde par an, 177 milliards annuels pour la France (source FAO, 2023).
On observe Ă©galement une situation profonde de crise de lâagriculture. Les agriculteurs sont confrontĂ©s Ă des dĂ©fis Ă©conomiques croissants : entre concurrence permise par les traitĂ©s de libre Ă©change, baisse de rendements, de revenus, augmentation des coĂ»ts intrants liĂ©s Ă lâĂ©nergie ainsi que productivitĂ© soumise aux alĂ©as climatiques.
L'agriculture est un secteur fortement touchĂ© par le rĂ©chauffement climatique, avec une perte de rendement chaque annĂ©e et une diminution de sa rĂ©silience. DâaprĂšs le rapport de la FAO 2021, 70 % des sols europĂ©ens seront inexploitables dâici 2050.
đ Une solution Ă©mergente sâimpose : l'agriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative. Ce modĂšle permetde produire tout en rĂ©parant et en assurant une performance environnementale et Ă©conomique des exploitations. Il se dĂ©finit par des principes tels que l'utilisation de couverts vĂ©gĂ©taux, des associations et diversifications de cultures, la rĂ©duction du travail du sol, la promotion dâinfrastructures pour la biodiversitĂ© et lâhydrologie rĂ©gĂ©nĂ©rative, ainsi que l'utilisation d'intrants organiques plutĂŽt que des intrants de synthĂšse. Les rĂ©sultats sont tangibles : une vie plus abondante dans les sols, une augmentation de la matiĂšre organique et de l'humiditĂ© du sol, une meilleure qualitĂ© de l'eau, une plus grande profitabilitĂ© pour les producteurs et la rĂ©silience des cultures.
Comme en tĂ©moigne le rapport de SLM Partners, Investir dans lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative, les actifs immobiliers rĂ©gĂ©nĂ©ratifs peuvent offrir un taux de rendement interne (TRI) supĂ©rieur de 1 Ă 3 % Ă celui d'un investissement dans les terres agricoles conventionnelles.
Sauf que des freins subsistent sur le terrain, notamment d'ordre social et dâinvestissement initial financier pour les machines et les formations, avec une nĂ©cessitĂ© de partager les risques le long de la chaĂźne de valeur pour rendre ce modĂšle rĂ©ellement applicable.
đœïž C'est dans ce contexte qu'intervient Omie, une marque alimentaire engagĂ©e qui soutient l'agriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative en y dĂ©diant 1% de notre chiffre dâaffaire, et avec une Ă©quipe dâingĂ©nieurs agronomes sur le terrain. Omie offre aux consommateurs une transparence radicale et des produits de qualitĂ©, afin dâĂ©liminer la charge mentale associĂ©e au choix Ă©thique. L'objectif est de faire de l'alimentation un levier d'impact environnemental et social, sans culpabiliser le consommateur, sans laisser de cĂŽtĂ© un revenu rĂ©munĂ©rateur pour les producteurs et en proposant des produits avec du goĂ»t, de vraies recettes cuisinĂ©es dans les assiettes.
En adoptant ce modĂšle et le finançant, aux cĂŽtĂ©s dâautres acteurs tels que FEVE, Farm For Good, Crowdfarming, AGOTERRA, et dâautres, nous pouvons non seulement assurer la durabilitĂ© de notre systĂšme alimentaire, mais aussi restaurer et prĂ©server notre environnement pour les gĂ©nĂ©rations futures.
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