Dans notre épisode #23 de Leading1, IA générative et temps long, nous avons vu que les bouleversements rapides du monde entraînent des dysfonctionnements dans nos modes de fonctionnement largement automatisés, et imposent des changements adaptatifs. Une étude publiée post-covid2 souligne que le rôle du / de la PDG et son rapport au temps est essentiel dans la préparation et l'adaptation de l’entreprise à l'adversité. Quel est ce temps si crucial dont on parle ?
Des recherches récentes3 indiquent que l'attention temporelle des chefs d'entreprise (le degré d'attention au passé, au présent et à l'avenir) est un prédicteur essentiel des résultats stratégiques. Embrasser cognitivement le passé et l'avenir en même temps permettrait de s’engager davantage dans le changement stratégique.
Sans passé, pas d’avenir donc ? Nous le voyons tous les jours en coaching, la fluidité de passage entre ces différents moments est essentielle pour déployer un projet d’entreprise et un projet de vie. Certaines personnes bloquées dans le passé n’arrivent pas à avancer et se réinventer, quand d’autres, projetées dans le futur, n’ont pas d’appuis pour consolider leurs décisions, et flottent dans l’incertitude, le doute ou l’anxiété.
Dans notre bilan leadership LeaderPaces4, dans notre bilan leadership LeaderPaces, nous mettons en évidence 3 temps essentiels : le temps de la construction, le temps de la décision, le temps de l’opportunité : , nous mettons en évidence 3 temps essentiels5 : le temps de la construction, le temps de la décision, le temps de l’opportunité :
Ce temps de la construction est de plus en plus mal vécu dans notre société avide d’immédiateté. Et pourtant, ce temps de maturation (d’une décision, d’un projet, d’une nouveauté, d’une rencontre) est incompressible et apparaît dans tous les modèles de changement : c’est la phase 2 d’incubation du processus créatif selon Graham Wallas7, c’est la phase de maturation qui fait suite à la phase d’errance dans la la roue du changement de Hudson8.
Le temps du coaching est un temps de maturation, nécessaire pour réorganiser ses priorités et devenir auteur de sa vie. 3 mois, 5 mois, 9 mois, selon les enjeux et la typologie du changement la durée de nos programmes d’accompagnement9 va varier. Les grands changements personnels et organisationnels impliquent des temps de maturation plus longs. Comme le dit le sage adage, 9 femmes n’ont jamais fait un bébé en un mois 🙂
“ Seuls 17% des cadres interrogés se sont déclarés satisfaits avec leurs performances “ . Dans les entreprises financières, la gestion du temps est cruciale en raison du stress élevé et de la concurrence intense du secteur. L’étude réalisée par des chercheurs des universités de Guangzhou et de Macao10 a mis en évidence que “ le morcellement des temporalités, ainsi que les multiples tâches qui empêchent le cadre de consacrer son temps principal à sa mission, semblent conduire à une vision fragmentée de l'activité, dans laquelle l'accomplissement devient invisible. “
Une autre étude11 met en évidence ce lien direct entre temporalités (durée, rythmes, horaires) du temps de travail, accomplissement professionnel et priorisation de la vie privée :
“ La pression temporelle et le stress créent les conditions d’une perte de maîtrise des temporalités. La prise sur le travail diminue. Les valeurs attribuées aux temporalités de la vie privée se renforcent. Les activités comme le mail, les réunions rajoutent aux difficultés d’accomplir sa mission. Bref les conditions de travail des professionnels se dégradent par les temporalités, rendant ainsi plus difficile le déploiement des capacités et des performances. “
La charge mentale, enjeu majeur aujourd’hui, est un problème de temporalité. Penser simultanément à la maison, à notre travail, aux notifications de communications en cours une quantité de données à traiter non acceptables par notre cerveau. Vivre l’instant présent et décaler ce qui n’a pas à être traité l’instant présent permet de ne pas se laisser déborder par ce flot d’informations non hiérarchisées.
La disponibilité permanente est une manière de ne plus rien maîtriser : c’est l’absence de repos, l’absence de vision, l’absence d’écoute et de discernement.
Le temps est avec l’énergie notre matière première. Il y a le temps des horloges, celui qu’on interroge dans l’action et le temps intérieur. Ce temps intérieur est une temporalité à découvrir. Savoir identifier ces différents temps et naviguer entre eux est une grande source de créativité et de sérénité.
De nombreuses pratiques venues d’Orient (arts martiaux, ikebana, méditation, yoga12…) sont avant tout des techniques de recentrement. Développer sa conscience, ses facultés de recentrement, d’attention13, de concentration14 s’apprend et c’est un des objectifs du coaching génératif15. Peu à peu émerge un centre « autonome » à partir duquel peut se développer ce Flow si bien identifié par Mihály Csíkszentmihályi16.
« Le temps ne respecte pas ce que l’on fait sans lui » Savoir attendre, se montrer patient, maturer, guetter les signes, accueillir l’inconnu, bref prendre son temps, permet paradoxalement de faire beaucoup plus de choses dans une journée en utilisant beaucoup moins d’énergie.
Le coaching génératif, dans sa dimension existentielle, permet au bénéficiaire de s’inscrire dans les jalons de ce temps élastique tout en gardant une vraie dynamique émotionnelle qui lui permet de se projeter en cohérence dans l’action.