Le leadership spirituel : une boussole pour diriger

23 Juin 2025, Collectif Mainpaces

Le mot "spiritualité", issu du latin "spiritus" (souffle), est intrinsèquement lié à la Vie elle-même. Si la Vie est notre bien le plus précieux, alors chacun de nous est naturellement doté de cette force vitale, de cette manière unique dont elle se manifeste en nous et à travers nous.

La spiritualité est cet espace qui nous dépasse, plus vaste encore que l'intérêt général. C'est le lieu où notre esprit se connecte à l'absolu, dans ces instants fugaces où nous percevons les miracles de la vie, les mystères de la mort, l'infini de l'univers, ou l'énigme de notre propre existence. Observer un nouveau-né, accompagner une personne en fin de vie, contempler le ciel étoilé, s'interroger sur nos origines : tous ces moments nous confrontent à quelque chose d'infiniment plus grand que ce que notre intelligence seule peut saisir.

 Comme l'écrivait Marie-Madeleine Davy dans "Le maître intérieur", une voie spirituelle est ce "chemin de crête qui dépasse le pur conformisme et l’individualisme anarchique". Avoir une vie spirituelle, c'est se sentir profondément touché par cette immensité, au-delà de toute explication rationnelle. C'est admettre qu'un registre d'une ampleur insoupçonnée opère dans ces domaines, et qu'il est crucial pour l'être humain.

La spiritualité nous emmène au-delà de l'objectif immédiat, comptable et matérialiste, pour nous redonner notre pleine amplitude d'être vivant. Elle nous permet de dépasser la complexité absolue, de toucher ce en quoi nous avons foi au plus profond de nous.

Aucun dirigeant n'est un dieu, et c'est une excellente nouvelle

La première dimension spirituelle d'un leader est peut-être de comprendre que, malgré de nombreuses raisons de se sentir puissant, se croire tout-puissant serait contre-productif. Un dirigeant qui n'accepte pas l'idée de se tromper risque de s'entêter dans une voie que la réalité contredit. Celui ou celle qui refuse de partager le pouvoir bascule facilement dans l'autoritarisme.

Il faut un travail sur soi, une prise de recul, une conscience de sa finitude au sein d'un monde plus grand pour pouvoir dire : "Je me suis trompé", ou "Je dois tenir compte de plus de contre-pouvoirs que ce que j'imaginais". Et en même temps, affirmer : "Je me mets au service de mon Codir, de mes équipes, de mon entreprise." Et si la dimension spirituelle d'un dirigeant était avant tout de se vivre fondamentalement au service de l'intérêt général ? Moins démiurge, plus serviteur.

Les témoignages sont importants, car la spiritualité est invisible, elle ne peut être démontrée ; elle est une expérience vécue. Pensez à Luis Henrique, l'entraîneur du PSG, qui, après la perte de sa fille, a trouvé la force de s'impliquer dans une fondation et de continuer à porter son équipe. Ou encore à l’entrepreneur Olivier Goy, frappé par la maladie de Charcot, qui dépasse ce drame en embarquant des milliers de personnes dans son engagement pour la recherche, et témoigne du réconfort qu’il a pu trouver dans certaines réflexions philosophiques et spirituelles, notamment sur l’acceptation, la transcendance et l’amour qui nous relie aux autres. Ces récits illustrent l'incarnation de cette force intérieure.

Cette dimension plus vaste permet au leader d'aller au-delà de sa propre pensée et de rester connecté aux autres, au monde. Il s'agit là d'humilité, et de considérer que la matière dont nous disposons à l'instant T préexistait et nous subsistera. Il n’est donc plus question de toute-puissance ou de possession, mais d’une capacité à "être" qui nous enracine profondément.

Cette démarche personnelle vers le spirituel pour un leader, homme ou femme, est une voie vers la clairvoyance, la sérénité, l'alignement et l'authenticité. Elle influence positivement l'action et la décision. C'est une connexion authentique : alignement, profondeur personnelle, enthousiasme (du grec "en theos", "en dieu"), toutes qualités intrinsèques du leadership. Elle déplace le sujet du simple "charisme" : la spiritualité transpire de la personne, de son rapport au monde, fruit d'une convergence entre la pensée, le dire et le faire.

Selon les nombreuses recherches1 menées sur le leadership spirituel, le leader spirituel aborde les situations avec recul et discernement plutôt qu'en intervenant directement. Il adopte une posture d'ouverture et d'acceptation plutôt que de contrôle. Le leader spirituel préfère lâcher prise plutôt que de détenir, éclairer plutôt que de faire lui-même. Les vertus sont l'apanage des leaders spirituels2. Ils refusent de se compromettre là où leurs valeurs seraient défiées, pouvant aller jusqu'à la confrontation.

Le leadership spirituel apporte un supplément d'âme au collectif. C'est ce "quelque chose" qui fait qu'on se lève aussi pour son patron, sa boss, parce qu'on perçoit que ce leader n'est pas seulement un gestionnaire, mais une personne qui donne du sens.

Il développe des valeurs telles que la compassion, l'intégrité et une vision partagée. Il déploie une approche qui mène à des décisions plus responsables et durables, en considérant l'impact à long terme et l'impact sur le monde, fédérant ainsi le collectif autour d'un objectif commun et plus grand. Lorsque cette approche impulsée par le ou la dirigeant(e) au sommet, cascade dans toute l'organisation, elle crée un élan fondamental.

Le leadership spirituel porte en conséquence des vertus opératoires. Le leadership spirituel constitue un véritable levier de performance3, de bien-être collectif et de transformation positive de l'organisation. De nombreuses études se sont penchées sur ce sujet, mettant en évidence la capacité du leadership spirituel à favoriser la motivation intrinsèque4, à renforcer les ressources5 socio-psychologiques des employés (telles que le bien-être spirituel), à développer l’innovation sociale par la transcendance de l’égo6

Le leadership spirituel guide la conciliation entre résultats économiques, épanouissement humain et responsabilité sociétale.

Avec le coaching génératif Mainpaces

Le coaching holistique tel que le déploie Mainpaces est une voie privilégiée pour accéder à cette intériorité, socle du développement spirituel si longtemps négligé par l'entreprise au profit d'une logique de compétitivité reposant sur le triangle "Paraître, Avoir, Pouvoir".

Ce coaching s'appuie sur trois piliers centraux :

  • La prise de conscience et la détermination d’une intention positive : Cette étape permet de s'ancrer dans toutes les dimensions de son identité profonde, d’identifier ses ressources, et de trouver un alignement entre sa pensée, ses valeurs, son discours et son action.
  • Le chemin de la connaissance de soi : Induite par des questions puissantes, il engage le dirigeant dans une voie introspective, l'amenant à revoir ses modes de management sous une dimension éthique, plus participative et transversale.

  • La mise en place de pratiques régulières et d'entraînement pour faire face avec élan et énergie aux aléas de la vie, tenir son cap dans la tempête, et se sentir équipé et soutenu.

C'est sur la base de cet approfondissement que s'opérera progressivement une véritable transformation, capable d'engager les choix stratégiques de l'entreprise. Cette transformation permettra par exemple une coexistence harmonieuse entre les valeurs civiques et environnementales et la performance économique.

Plus encore, si ces valeurs sont portées par les décideurs, elles irradieront à travers les strates hiérarchiques, exerçant un pouvoir transformateur sur la culture d'entreprise dans son ensemble. Pour que le désir de transformation émerge et que les changements se traduisent concrètement dans l'entreprise, il va s’agir que le dirigeant s’engage en profondeur et avec conviction dans son coaching. Le coaching est une voie vers l’autonomie. Accueillir et s’approprier les différentes voies d’accès qui pourront lui être proposées par le coach en fonction de sa sensibilité et de son parcours personnel est de son unique ressort.

Avec des pratiques concrètes et régulières

pour accompagner plus philosophiquement la conscience de soi et de sa vie intérieure.

  • Autour de la lecture et de l'écriture :
    • Le journaling de réflexion : écrire régulièrement pour clarifier ses pensées, ses expériences et ses objectifs.
    • Se plonger dans la lecture de philosophes et d'écrits spirituels.

  • Autour du sens :
    • La visualisation : imaginer ses objectifs ou les états désirés, les ressentir, et ouvrir la voie pour les vivre pleinement.

  • Autour du corps : 
    • Les exercices de pleine conscience : méditer permet d’expérimenter spontanément des ressentis d'apaisement inhabituels, des états de conscience largement ouverts sur le monde, des sensations indicibles mais profondément touchantes. Apprendre à les observer, les accueillir, voire les faciliter est une pratique spécifique de l'ouverture de notre attention et l'élargissement de notre conscience.
    • Les techniques respiratoires : inspirer, expirer ; compter, ralentir et observer les allées et venues du souffle, sont d'excellentes manières de stabiliser l'esprit et de pacifier le mental. Le souffle permet un échange entre le corps et le mental. Comme outil de synchronisation, il facilite la communication entre les différentes aires du cerveau, entre l'intérieur et l'extérieur.  

  • Disponibilité au monde :
    • Décharger l'agenda plutôt que le surcharger, pour laisser place aux synchronicités, à l'intuition… Cette forme de discipline se cultive, parfois à travers des pratiques artistiques, des activités en pleine nature comme la randonnée, ou des activités “gratuites” – sans attente précise, qui ouvrent juste la possibilité de se "laisser être".
    • Participer à des cercles d'échanges ou des retraites dédiées à la spiritualité, en fonction des affinités personnelles.

Pour reprendre le mot de Pascal, nous nous apercevons que nous sommes « embarqués » alors que nous sommes déjà en mer. L'objectif de cet article n'est pas de tracer l'ensemble de l'itinéraire à la place du leader, mais bien d'ouvrir une voie, un passage nourri d’études et d'expériences.

La spiritualité n'est ni un concept, ni une abstraction. C'est une expérience, une pratique, un mouvement qui doit être éprouvé dans l'existence réelle. C'est sentir la vie, se sentir en vie, être pleinement vivant.

Pour les dirigeants, adopter cette boussole intérieure mène à :

  • Des décisions plus responsables et durables.
  • Une gouvernance centrée sur le bien commun.
  • La capacité à gérer l'incertitude avec sagesse.

Dieu sait si nous en avons besoin !



  1. Le leadership efficace : partage, émotion et spiritualité – Cécile Dejoux (2015)
    https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/N-7453-9161.pdf ↩︎
  2. Les vertus du leadership fondé sur la spiritualité – Catherine Voynnet‑Fourboul & Forasacco
    http://voynnetf.fr/wp-content/uploads/2013/06/leadershipspirituelvertus.pdf ↩︎
  3. La spiritualité des dirigeants en situation de passage de leadership – Voynnet‑Fourboul & Lefebvre https://shs.cairn.info/revue-management-et-avenir-2011-8-page-202?lang=fr (Management & Avenir, 2011/8, p. 202–220) ↩︎
  4. The Effect of Spiritual Leadership on Employee Effectiveness – Wang, Guo, Ni, et Tang (Frontiers in Psychology, 2018) https://www.frontiersin.org/journals/psychology/articles/10.3389/fpsyg.2018.02627/full ↩︎
  5. Engaging Employees Through Spiritual Leadership – Hunsaker & Jeong (2020) https://pdfs.semanticscholar.org/dc70/06628b5c84834faa5a6fbbb4c70cee7cb1b8.pdf ↩︎
  6. Enacting spiritual leadership in business through ego‑transcendence – Klaus & Fernando (Leadership & Organization Development Journal, 2016)
    https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/lodj-04-2014-0078/full/html ↩︎


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