L’océan, cet inconnu qui nous veut du bien !
La parole Ă Florent Marcoux, DG Surfrider Foundation Europe
L’océan représente 70% de la surface de notre planète bleue, et pourtant nous n’en connaissons presque rien : 95% des fonds marins et plusieurs millions d’espèces sont encore inexplorés …
Cette vaste étendue encore inconnue représente pour de nombreux États et industriels un eldorado attractif dont les ressources génèrent toutes les convoitises pour espérer ainsi satisfaire notre appétit insatiable de croissance économique et production de richesses pour nos pays, de possession et consommation illimitée pour leurs concitoyens.
Cependant, une chose est sûre, démontrée scientifiquement et immuable : il n’y a pas de vie sur terre sans l’océan. C’est pour l’être humain son plus grand allié, et pourtant il ne cesse de le martyriser, le fragiliser, le détruire. Quand l’océan nous apporte de l’oxygène, de la nourriture, du plaisir et capture notre CO2, nous lui rendons des déchets plastiques, de la pollution chimique et de la destruction de ses ressources halieutiques.
Saurons-nous un jour cohabiter avec cet élément vital pour notre survie ?
Traité de la haute mer, une victoire en trompe l’œil ?
🤝 Cette avancée historique vise à assurer la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité en haute mer, c’est-à -dire dans les zones marines situées au-delà de la juridiction nationale. 50% de la planète et plus de 60% des océans étaient, jusqu’à ce jour de mars 2023, une zone non régulée, un espèce de Far West aquatique qui pour n’appartenir à personne, laissait la porte ouverte à toutes les exploitations abusives et destructrices.
En ce sens, l’accord entre les Etats membres onusiens présente une véritable avancée diplomatique et peut nous remplir d’espoir. Toutefois, les suites de cet accord restent encore très floues, et certains enjeux cruciaux pour la préservation de la biodiversité comme l’exploitation des ressources minérales, non pris en compte, font l’objet de discussions parallèles.
Choisir c’est renoncer : la coopération est le seul moyen pour construire ensemble un mode de vie soutenable.
Le surfeur est le seul animal marin qui une fois sorti de l’eau peut témoigner de l’état de l’océan. C’est sur cette base qu’a démarré l’aventure de l’ONG Surfrider Foundation Europe en 1990 qui se veut la voix de l’océan et de ses usagers. Elle ne cesse depuis lors de mener un combat pour protéger l’océan contre toutes les atteintes et pollutions dont il souffre du fait de l’activité humaine. Elle contribue plus globalement à faire émerger une autre vision du monde, celle d’une société qui réconcilie l’Homme et la Nature, et qui saura remplacer la quête du consommer plus pour quelques-uns, par celle du bien vivre pour tous.
La coopération est à mon avis la seule voie possible pour construire ce nouveau modèle de société. Cette coopération doit se penser et se construire sur 3 niveaux :
Au niveau global d’abord, c’est-à -dire entre les différents territoires, entre les Etats, entre les organisations quelles qu’elles soient. C’est sans doute le challenge le plus important mais aussi le plus indispensable, pour apporter une réponse collective aux enjeux de la survie de notre espèce humaine.
Au sein de l’organisation même, avec un modèle de management basé sur une gouvernance partagée et la raison d’être au cœur des processus de prises de décision, pour s’aligner pleinement avec la vision du monde et de la société que nous défendons.
🏽 Au niveau individuel enfin : chacun a sa place, son rôle et une responsabilité dans cette vision d’un monde du bien vivre ensemble. Nous devons tous, individuellement, questionner notre moi profond, c’est-à -dire s’interroger sur notre place dans ce monde, sur les choix qu’il faut opérer et bien sûr et avant tout sur les renoncements que nous sommes prêts à faire individuellement, en notre âme et conscience.
L’ambition est grande et le chemin difficile, mais quelle perspective enthousiasmante !!
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