Avez-vous souvent la sensation de manquer de temps ? Le temps horaire n’est pas le temps de l’être humain, également soumis au temps émotionnel (qui passe plus vite quand on prend du plaisir, et lentement dans la souffrance ou l’attente), et qui affecte en conséquence nos décisions. La peur de quelque chose à venir me poussera à prendre la décision la plus rapide pour apaiser cette peur. Est-elle pour autant la plus juste ?
Dans quel temps vivez-vous ? Le futur avec les anticipations négatives ou positives, le présent, ou le passé avec la comparaison et les schémas répétitifs ?
Le temps est une question très personnelle car notre notion du tempo est liée à notre identité. Dans cet article nous allons décortiquer des éléments clés utiles pour apaiser notre rapport au temps.
⌛ Le temps de la construction est un temps long, qui s'organise. Il inclut le temps de maturation et le temps de l’organisation. Il demande concentration et présence. Il s’affranchit d‘une obsession du résultat, on accepte de ne pas tout maîtriser.
🤔 Le temps de la décision est la conclusion d'un processus de réflexion. C'est un temps court, mais qui se prépare. C'est un choix entre plusieurs options qui méritent toujours d'être posées. Le temps de la décision est le moment où l’on tranche. Comme le rappelait Jean-Daniel Remond “La dernière couche du cortex est celle qui travaille en binaire, en digital. C’est là où se situe la prise de décision. Si les données enregistrées ne sont pas précises, on ne passe pas au niveau de cette couche du cortex.”
🌱 Le temps de l'opportunité est à la fois éphémère et essentiel. Il permet les fruits d'une rencontre fertile. Savoir saisir les opportunités relève d'un état d'être fait de présence, de disponibilité, de confiance dans l'avenir, et de compréhension de ses intuitions.
Reconnaître le temps dans lequel on s’inscrit permettra de lâcher prise sur la pression du temps, de réguler son niveau d’attention au bon endroit, de construire sa trajectoire, et la réorienter le moment venu. Le coaching amènera par le questionnement à développer une meilleure conscience de soi, à identifier ses valeurs motrices et à s’ancrer en elles dans la durée. Cette trajectoire existentielle alignée facilitera l’inscription de la prise de décision, d’autant plus facile à arbitrer qu’elle répond aux valeurs profondes guidant la mission de vie. Ainsi peut s’installer un cercle vertueux de développement personnel, au cours duquel assez naturellement la mise en phase avec les valeurs stratégiques profondes peut générer ce que l’on désigne parfois « la chance » qui consiste à reconnaître, accueillir et cueillir les opportunités.
👓 Nos expériences passées conditionnent souvent nos réactions présentes et futures, et le développement de nos automatismes. Or l’inconscient, en tant que mémoire, n’a pas de temps, dans le sens où il n’en connaît pas la mesure. Aucun dispositif cérébral n'égrène les secondes que nous pouvons mesurer avec nos montres. Par ailleurs, le cerveau ne fait pas la différence entre une expérience vécue et une expérience reconstituée. Le cerveau formule en continu des hypothèses à propos du monde – basé sur notre expérience passée et les autres formes d’informations stockées, teste ces hypothèses en récupérant des data des organes sensoriels, et réajuste son interprétation. Le temps et sa représentation pourront ainsi être de puissants leviers de changement, de prise de conscience, de changement de perception, d’intégration de ressources, de développement de nouveaux automatismes …
La PNL (Programmation Neuro-Linguistique), l’hypnose, et la préparation mentale font appel à ces techniques temporelles : régression, futurisation, ligne du temps [1], ancrages, préparation, conditionnement facilitateurs, etc...
🏌️ A titre d’exemple, le séquençage permettra de faire la différence entre la notion effective temporelle d’un événement (par exemple d’un parcours de golf), et le vécu temporel du joueur. Le jeu peut déjà débuter dans sa tête bien avant le premier trou, et se terminer bien après le coup final, en repensant à tout ce qui s’est passé. Le séquençage au sein même de l’activité permettra de se mettre dans les meilleures dispositions à chaque action. Pour chaque trou du parcours, quand commence ma phase de préparation pour mon coup, quand est-ce que mon coup a lieu, quand est-ce que mon coup se termine pour transiter vers le suivant ?
🧠 Séquencer le cheminement invite à réfléchir sur les stratégies personnelles à mettre en place, et met en évidence les enjeux majeurs éventuels. Différencier une mémoire passée d’un rêve futur permettra de lever des empêchements et se réaliser pleinement.
🏝️ Le mot “vacance” est tiré du latin «vacare», être vide, avoir du temps. Dans cette période où l’on cesse ses activités habituelles, le vide laisse la place à d’autres possibilités.
Se ressourcer, revenir pleinement dans l’action, apprendre d’un autre quotidien, nous vous avions concocté un joyeux cahier de vacances l’an dernier à la même époque. Vous pouvez le visualiser ICI. Il est utile de se rappeler que le sommeil est notre première source de récupération et qu'il est à chérir. Pour autant, d'autres sources de récupérations actives sont possibles. Après un temps cognitif pur, nous avons besoin de mettre le cerveau en jachère et laisser le corps agir. La tête n'est plus là pour autre chose que de laisser les idées partir dans tous les sens sans les canaliser, et sans essayer d'en avoir. Le corps est là, il agit.
Les temps de repos et de déconnection dépendent intrinsèquement de chacun. On peut avoir des temps courts de récupération active qui régénèrent en profondeur. Quand on a une impérieuse nécessité d'utiliser le temps au mieux, il faut pouvoir alterner des temps de désactivation et de réactivation très rapides.
Et cela passe aussi par la maîtrise de la respiration. La respiration est un comburant pour sortir l’énergie métabolique de l’alimentation. Une respiration plus lente et plus profonde permettra d'augmenter notre niveau d’énergie et donc notre capacité à agir efficacement.
Le temps n'a pas de valeur intrinsèque, il n'a de valeur que ce que l'on en fait, et la qualité de présence qu'on lui donne. Cherchez le Flow, vous y trouverez probablement le temps 🙂
Article rédigé par le collectif Mainpaces, juillet 2023
extrait de la newsletter Mainpaces - Leading #16 | 💎 Et si j’avais le temps ?
[Note] Ligne du temps : https://www.youtube.com/watch?v=OGQM4h-IaFo
[2] Le cahier de vacances Mainpaces : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7090360195549163521/
En 2021, CNews a dépassé pour la première fois BFM TV en termes d’audience. Réputée pour sa mise en avant du danger, la chaîne démontre-t-elle qu’il faut se faire peur pour attirer l’attention générale ? C’est un peu l’atmosphère dans laquelle nous sommes plongés aujourd’hui avec l’urgence climatique. Sécheresse, feux de forêt, inondations, alertes internationales et manifestations militantes ... Ces nouvelles quotidiennes créent-elles un stress qui nous empêche d’agir, ou favorisent-elles notre mobilisation ?
👉 Selon l’OMS “Le stress apparaît chez une personne dont les ressources et stratégies de gestion personnelles sont dépassées par les exigences qui lui sont posées.” [1]
⚙️ Nous avons des modes de fonctionnement automatiques [2], qui présentent l’avantage d’être très rapides, et efficaces énergétiquement. Ils présentent en revanche l'inconvénient d’être très stressables. Le mode mental automatique s'appuie sur ce que l'on connaît déjà. Lorsque l’environnement change, ces modes de fonctionnement (pensée x émotions x comportements) ne sont plus appropriés. Si nous ne passons pas en mode adaptatif c’est à dire réflexif pour se reposer la question de la manière d’agir, c’est le stress, et ses trois réactions systématiques :
Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ?
⏰ Le stress est un signal de la complexité, il est d’autant plus fort que le stresseur est important, et que notre stressabilité est forte (source IME - Jacques Fradin) :
stress = stresseur x stressabilité
Si l’on peut parfois agir sur le stresseur (éloigner la source de stress, ne pas entretenir la relation toxique, modifier son emploi du temps, mettre un pull quand on a froid etc...), ce n’est pas toujours le cas, et les crises mondiales auxquelles nous faisons face sont des exemples types de sujets de stress sur lesquels nous avons individuellement peu la main. L’un des enjeux du coaching et des pratiques d’intelligence corporelle et de préparation mentale, sera donc de diminuer notre stressabilité.
🙌 "Ai-je mal au ventre parce que je suis stressé, ou parce-que j'ai quelque chose à dire qui me tient à coeur " ? La prise de conscience de l’état de stress mérite en premier lieu une certaine attention à ce qui est en train de se jouer, chez soi, ou chez l’autre, et de sa signification. Cela passe par une qualité de présence, une présence pleine et consciente, qui nous permettra de voir les signaux d’alerte indiqués ci-dessus, d’écouter leur expression, de les ressentir en nous, de les voir prendre corps chez nos interlocuteurs. Cette forme de disponibilité pourra être développée par des techniques de respiration, de pleine conscience, par la diminution des tensions physiques, des chaînes émotionnelles et par des changements de représentation. C'est une préparation, un entrainement, qui permettra une mise en mouvement, une bascule adaptative.
🐾 Cette bascule adaptative [3] est nécessaire pour pouvoir aller de l’avant, faire preuve de curiosité, prendre des risques et apporter des réponses innovantes aux situations nouvelles auxquelles nous sommes confrontés. “Quand on n’a pas de réponse toute prête, il faut changer d’attitude.” [4].
Cette bascule adaptative pourra passer par la porte des pensées, des émotions, ou des comportements. L'interdépendance de ces trois paramètres fera le reste pour retrouver calme, lucidité, et comportements appropriés. Ainsi, multiplier les points de vue, visualiser ou simuler un état d'être positif, développer une activité physique ou masser les points de tension pourront être autant de portes pour sortir d'un état de stress.
L’Intelligence Adaptative [5] est « la capacité à mobiliser ses meilleures ressources pour s’adapter à chaque circonstance ". " L’Intelligence Adaptative est une posture, une attitude de vigilance, de lucidité, pour agir au mieux de son potentiel face à une situation. Elle libère la capacité d’innovation et de changement. C’est une forme de créativité qui se manifeste dans les situations imprévues, incertaines et ambiguës. L’Intelligence Adaptative est un processus et un état d’esprit :
⚙️ UN PROCESSUS :
L’Intelligence Adaptative permet de faire traiter l’information par le cerveau en plusieurs étapes :
• La perception par nos sens de l’environnement extérieur et des besoins internes
• Le traitement des informations afin de les transformer en représentations manipulables face aux enjeux et aux risques d’une situation, permettant notamment d’identifier la nécessité d’évoluer
• La décision et la conduite de l’action la plus pertinente, dans une but d’équilibre et d’efficience
🧡 UN ÉTAT D’ESPRIT :
• C’est une forme de conscience élargie, mobilisant tous nos sens, nos mémoires, en intégrant les informations reçues pour agir en conséquence.
• C’est le développement d’une aptitude d’accueil, d’éveil, d’exploration de l’inconnu, et de création de représentations adaptées et de réponses créatives tendant
à créer un nouvel état d’être."
Curiosité, souplesse, nuance, relativité (prise de hauteur et perspective), réflexion, opinion personnelle, ces 6 qualités nous permettrons d'allier apaisement et réalisation pour un futur souhaitable. Elle est essentielle dans l’enjeu crucial auquel l’humanité doit faire face : inventer un modèle durable qui permette à chacun sur la planète d’accéder à des conditions de vie satisfaisantes tout en limitant l’impact environnemental.
Article rédigé par le collectif Mainpaces, juin 2023
extrait de la newsletter Mainpaces - Leading #15 | 👋 Adieu le stress
[1] “Le stress apparaît chez une personne dont les ressources et stratégies de gestion personnelles sont dépassées par les exigences qui lui sont posées.” : https://www.stress.eu.com/comprendre-le-stress/definition-du-stress/
[2] Modes de fonctionnement automatiques : https://www.youtube.com/watch?v=CtyU6DsBzv8
[3] Bascule adaptative : https://www.jacques-fradin.com/thematiques/stress-et-gestion-du-risque/
[4] “Quand on n’a pas de réponse toute prête, il faut changer d’attitude.” : https://www.jacques-fradin.com/thematiques/stress-et-gestion-du-risque/
[5] Source INC, livre blanc intelligence adaptative
En tant que dirigeant, vous devez prendre des décisions, trancher, arbitrer, orienter, dans un emploi du temps contraint, et être ainsi capable de percevoir le plus rapidement possible les enjeux du problème posé.
Lorsque l’on a la tête dans le guidon, avec le souci de garder la trajectoire et d’embarquer tout le peloton sur le bon chemin, on est parfois frustré de ne pas prendre le temps de regarder le paysage.
"Regarder le paysage", faire ce pas de côté et prendre de la hauteur pour penser, c’est ce que Mainpaces vous propose dans ses bulles philosophiques.
Cette quatrième bulle philosophique aborde les notions de stratégie et d’altérité.
Faut-il mettre en place une stratégie pour réussir sa vie, sa carrière, le développement de son entreprise et atteindre ses objectifs ? Être stratège implique-t-il un rapport à autrui particulier ? La stratégie crée-t-elle un biais dans nos relations interpersonnelles ?
En d’autres termes, comment penser l’altérité dans un écosystème qui se structure en objectifs, challenges et procédures ?
A partir de deux textes majeurs, le Prince de Machiavel et L’art de la guerre de Sun Tzu, nous questionnons cette notion omniprésente dans nos existences, à travers le prisme de l’altérité : autrui est-il mon adversaire, mon semblable, mon concurrent, mon allié, mon rival ou mon alter ego ?
Article librement inspiré de la conférence de Camille Prost, mai 2023
Avant d'être employé dans un contexte civil, le terme de stratégie (du grec stratos, armée et agein, conduire) a un sens militaire. Les stratêgos, les stratèges, étaient élu comme officiers militaires de haut rang. Ils devaient posséder à la fois une expérience en temps de guerre, et une expertise dans les rapports diplomatiques.
Le terme stratégie utilisé en management a été adopté depuis la science militaire. Cette transposition d'un secteur à l'autre met en évidence que la stratégie est donc plus complexe qu’une simple tactique, et plus militaire qu’un ensemble de règles et de procédures. Elle nous place instantanément dans la posture de celle ou celui qui veut gagner et obtenir ce qui lui apparaît comme étant mérité, ce qui doit lui revenir après tant d’efforts.
Mais alors, comment penser l’altérité dans un écosystème qui se structure en objectifs, challenges et procédures ? Autrui est-il mon adversaire, mon semblable, mon concurrent, mon allié, mon rival ou mon alter ego ?
Le Prince de Machiavel est un texte qui présente la méthode pour prendre et conserver le pouvoir. L’analyse est empirique, et s’articule autour de deux types d’expérience :
Machiavel a regardé de près '' la comédie humaine'' : les hommes agissent, par des mouvements, par des passions, par des mécanismes qui leur sont propres, et qu'il faut comprendre. Si l’on veut agir efficacement, mettre en place la bonne stratégie, on doit comprendre “la vérité effective de la chose” et non la vérité idéale.
2 concepts clefs sous-tendent la stratégie exposée dans Le Prince :
Le Prince utilise la virtu pour contrôler la fortuna.
Selon Machiavel, la morale et la politique doivent être divisées, car des actions parfois immorales sont nécessaires pour gouverner l'État de la meilleure façon possible. Machiavel n'est pas indifférent à la morale, mais reste fidèle à la réalité et au principe de la réalité effective. C'est la raison pour laquelle « la fin justifie les moyens"...
Mais attention à ne pas faire de Machiavel un être machiavélique ! La fin ne justifie les moyens que si la fin est moralement digne et que le contexte historique l’exige. Cet aspect a souvent été mal compris, surtout dans les ouvrages de management où le profit est omniprésent. L'objectif est la création d'un pouvoir politique qui puisse offrir à ses citoyens une certaine stabilité, une principauté, en bref, qui puisse offrir certitude et protection dans le chaos de l'Italie de la Renaissance.
Le Prince peut être remplacé littéralement par manager, dirigeant, supérieur, homme politique, businessman, et peut évidemment aussi s’accorder au féminin. Machiavel mal compris a permis à certains managers de justifier une attitude douteuse au nom du pragmatisme. Ce sont des arguments que l'on retrouve très souvent… être renard ou être lion : des visages de dirigeants nous viennent instantanément en tête.
Le principe premier de Machiavel reste de diriger par les lois et c’est seulement quand les lois atteignent leur limite que la stratégie animale prend le dessus, et pas avant. Son point de vu n’est pas moral, il observe seulement dans un certain réalisme politique.
Quand on parle de stratégie, le Prince de Machiavel et L’art de la guerre apparaissent comme des références absolues, très souvent citées, commentées, qui ont servi de bases à de nombreux ouvrages en Occident. Sun Tzu est certainement le penseur oriental le plus utilisé en management
L’art de la guerre ou Bing Fa est en fait l’un des traités les plus répandus de stratégie militaire et de gestion des conflits. Il reste une référence aujourd’hui, même en dehors de la sphère de la guerre.
Dans L’art de la guerre, la meilleure manière de vaincre et de ne pas combattre.
On peut lire L’art de la guerre, en ne gardant que quelques maximes et en nous les appropriant dans la vie de tous les jours : « Vaincre sans combattre », « Eviter la force », « Frapper la faiblesse », « Viser la surprise et avoir les connaissances préalables », « Agir vite, avec préparation », « Façonner votre adversaire »…
Mais c’est surtout un traité qui théorise l’importance de l’espionnage et du contre espionnage, la compilation des informations, l’analyse du terrain, de la partie adverse… Savoir, c’est gagner !
« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même, même avec cent guerres à soutenir, cent fois tu seras victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par les défaites. »
L’art de la guerre ne fournit pas de recettes toutes prêtes, les principes de Sun Tzu sont pensés dans la relation, en contexte. Sun Tzu est surtout un penseur de la fluidité, de la souplesse, qui favorise la préparation au changement, et l'analyse perpétuelle des éléments … Est-ce que tout a été fait pour éviter le conflit ? Quelles ressources exploiter chez les autres (alliés ou ennemies) pour ne pas arriver au conflit ?
Que ce soit à travers Machiavel ou à travers Sun Tzu, on pourra noter que considérer la vie comme un vaste plan d’attaque, penser stratégique, implique consciemment ou inconsciemment de considérer autrui selon des modalités qui ne sont pas neutres : c’est parler d’allié à se faire et d’ennemi à vaincre, de personnes ressources à exploiter et d’opposants à affaiblir…
Pour questionner cela, trois théories volontairement très différentes permettent de dessiner un éventail des relations intersubjectives. La vérité est au cœur de tout cela, elle oscille comme un curseur en fonction du cadre, de l’histoire de chacun, de l’époque, des valeurs des personnes, des enjeux… mais il est important de prendre conscience que nous avons la responsabilité de positionner le curseur où nous le jugeons à sa juste place.
Selon lui, les relations humaines sont caractérisées par un mode de conflit dyadique (une dyade, en sciences sociales, est un groupe de deux personnes, le plus petit groupe social possible).
« L’enfer c’est les autres »
L’existence des autres est, en premier lieu, aliénante, puisque l’Autre, avec son regard jugeant, me réifie, me transforme en objet … Je ne sais jamais comment l’autre me voit, ce qu’il perçoit de moi… Le regard de l’Autre vient de l’extérieur, d’un extérieur que je ne peux jamais atteindre.
Pour Sartre, la vie sociale est fondamentalement une tentative de contrôler l’impact (du regard) des autres sur nous :
Selon les mots de Sartre, il est inutile que la réalité humaine cherche à échapper à ce dilemme : il faut soit transcender l’Autre, soit se laisser transcender par lui, c’est-à-dire soit le dépasser ou être dépassé par lui.
Le point de vue de Maurice Merleau-Ponty sur les relations avec les autres, comme avec toute sa philosophie, doit être filtré par notre relation corporelle. Les relations corporelles sont pré-réfléchies, spontanées, innées, premières et intuitives… Je reconnais l’autre car il a le même corps que moi (et peut souffrir comme moi).
Si nous commençons à penser à la relation à l’autre à travers les relations corporelles, nous réalisons deux choses :
Nous concevons donc l’autre à travers le corps : le corps de l’autre se reflète dans le mien, c’est à travers mon corps que je comprends l’autre. Nous comprenons l’autre parce qu’il se reflète en nous-mêmes, tout comme les actions de l’autre.
En ce sens, selon Merleau-Ponty, nous ne comprenons pas l’autre parce qu’il est différent de nous, mais parce qu’il est comme nous. Pour prendre un exemple, nous ne comprenons pas la colère de l'autre à travers le concept de colère, ou parce que quelqu’un me dit qu’il est en colère, mais nous comprenons directement la colère parce que nous l’avons vécue à travers nos propres expériences. Parfois, l’autre nous permet de nous comprendre mieux que nous-même... Les autres contribuent donc à comprendre ce que nous vivons nous-mêmes parce que nous sommes, d'une certaine manière, unis.
Pour Emmanuel Levinas, le visage est une épiphanie, une révélation qui nous engage directement dans la relation éthique. Cette épiphanie du visage d’autrui se détache de toute possibilité d’objectivation et de thématisation car :
Le « visage » est l'un des concepts majeurs de la philosophie lévinassienne. Il ne se ramène pas au visage physique, même s’il part d'une description phénoménologique de son aspect physique. Le visage, c'est la manière qu'a l'autre de m'aborder de face, à la fois suppliant et commandant impérieusement de le préserver. Le visage est porteur du premier et seul ordre adressé à moi : « Tu ne tueras point ».
Le visage est le “support” de la personnalité, mais aussi le signe de l’appartenance à l’humanité. C’est la porte d’entrée de l’éthique.
Parler du corps, c’est parler de ce qui nous rassemble. Parler du visage avec Levinas, c’est justement mettre l’accent sur la singularité de chaque être humain qu’il faut à tout prix préserver… Le visage, le regard notamment, est la barrière contre le mal, l’ignominie, l’irrespect.
Ces trois approches philosophiques s'incarnent à travers de exemples concrets :
Lorsque la stratégie descend au niveau des personnes, elle prend corps dans la relation à autrui. Il est donc important de se le rappeler au moment où on la structure, afin de s'assurer qu'elle respectera notre éthique de la relation à l'autre, et sera applicable. Stratégie et rapport à autrui fonctionnent en aller-retours permanents.
Nous avons vu comment les deux plus grands textes de stratégie peuvent être lus de manière erronée, si l’on oublie vite le contexte dans lequel ils ont été écrits, leur objectif premier. Notre société capitaliste façonne notre manière de percevoir autrui : stratégie de carrière, stratégie de séduction (applications de rencontres, coachs en séduction qui parlent de ”target”, stratégie familiale…).
Aborder ce thème de la relation avec l’autre dans l'établissement d'une stratégie permet de réfléchir à certaines questions qui importantes dans le débat contemporain telles que la diversité, l’inclusion et l’appartenance.
Je ne peux effectivement jamais savoir ce que l’autre pense de moi. L’altérité ne peut jamais être complètement niée (ni même dans le cadre d’une relation amoureuse fusionnelle, ce qui est d’ailleurs souvent la cause de drames…). Autrui est donc celui avec (et souvent contre) qui je débats, je me forme, je me construis …
Mais en-deçà de ces relations rationnelles, il y a le corps. C’est parce que nous éprouvons, ressentons, vibrons, sommes émus, sommes touchés, que nous nous devons de ne pas faire de mal, blesser… Nous avons tous un corps, et cette corporéité nous réunit.
Article librement inspiré de la conférence de Camille Prost, docteure en philosophie, Mainpaces vibes, juin 2023.
Pour participer à la prochaine bulle philosophique ou aux évènements de Mainpaces vibes, écrivez-nous ici.
Sommes nous tous des mercenaires déloyaux ? C’est la question que pose Jacques Attali dans les Echos [1]. Il y analyse une apologie de la liberté de nos sociétés contemporaines, qui présente comme atout “une formidable incitation au changement, à la découverte, à la création, à l'innovation, au progrès”, et comme limite, une absence de respect des acquis qui “empêche de construire quoi que ce soit de durable”. “Aussi, la société la freine-t-elle en dressant devant elle deux obstacles : un obstacle juridique (le contrat) et un obstacle moral (la loyauté)...”.
La morale réfère à un ensemble de valeurs, qui sont des points de repères et des bornes de comportement, de pensées et d’actions, qui nous motivent profondément et facilitent la décision. Cet impact sur les décisions quotidiennes est rarement conscient, c'est l'importance relative des multiples valeurs concurrentes qui guident toute action ou attitude, c'est-à-dire les compromis entre les valeurs.
La théorie des valeurs universelles de Schwartz [2] identifie 10 valeurs interculturelles, qui répondent aux exigences universelles de l'existence humaine auxquelles les gens doivent faire face : les besoins des individus en tant qu'organismes biologiques, les exigences de l'interaction sociale coordonnée, et les besoins de survie et de bien-être des groupes.
Le moteur initial est la connaissance de soi, qui suivra des niveaux logiques représentés dans la pyramide de Dilts [3] . Monter et descendre dans la pyramide permettra d’aller vers son chemin d’accomplissement. Les valeurs feront la spécificité, la singularité de l’individu, elles constitueront un caractère au sens professionnel et personnel.
Au sein de l’entreprise, les valeurs définissent un territoire commun qui viendra rassembler les individus qui la composent. Elles se déclineront à travers des rythmes et rituels, une organisation, une culture. La culture d’une organisation passée au filtre de l’Analyse Transactionnelle, et plus précisément de la Théorie Organisationnelle de Berne (TOB) [4], fera également apparaître différents niveaux :
Souvent, nous identifions les éléments de la culture “parent” de l'organisation, alors que les éléments” adultes” (formels ou informels) et les éléments “enfants” non écrits sont puissamment à l'œuvre au quotidien.
Il s’agit d’identifier les valeurs qui nous semblent essentielles, de les rendre personnelles, et de comprendre que certaines s’opposent. La cohérence avec ses valeurs, qui induira une diminution des conflits internes, sera un signe de maturité.
Le coaching permet de le révéler grâce à une prise de conscience et une autonomisation.“Pour les entrepreneurs, ce qui compte c’est une colonne vertébrale extrêmement alignée et solide sur sa mission, y compris dans ses grains de folie.” L’alignement et la capacité à transgresser de l’entrepreneur seront les signes d’une flexibilité psychologique [5] s’appuyant sur des valeurs solidement enracinées.
En entreprise, poser les valeurs est la première étape, c’est l'intention, le cadre, la direction. Tout le sens de l’effort sera ensuite pour chacun de ses contributeurs de s’en rapprocher le plus possible, et d’ajuster ses comportements, les offres, et les process.
Mener un projet en s’appuyant sur les valeurs de l’entreprise, du collectif ou de la somme des individus, augmente les chances de succès du projet. Encore faut-il identifier dans le cadre du projet les valeurs qui sont à l'œuvre. Tout est question de contexte, et on fait souvent l’expérience que les conflits de valeurs sont plus invisibles que visibles. Pour certains projets, il conviendra de s’appuyer sur la culture “adulte” de l'organisation, pour d’autres sur la culture “parent” ou “enfant” et parfois sur une savante combinatoire. Ce sera tout l’objet d’un coaching : identifier les valeurs à l'œuvre dans un système donné, définir le “match” organisation / valeurs en fonction du projet.
Les valeurs dans l’absolu ne servent pas à grand-chose. C’est pour cela que vous avez (reconnaissez-le ) au moins une fois dans votre vie levé les yeux au ciel en découvrant les valeurs de votre organisation. Alors que vous l’avez vécu plus d’une fois, les mêmes valeurs effectivement à l'œuvre dans un système donné sont extrêmement fédératrices et motivantes.
“Notre système de valeurs est ce dont nous avons fondamentalement besoin pour avancer” A. Robbins. Cette représentation unifiée permet que nos réalisations prennent tout leur sens, à un niveau profond inconscient, et donc puissant. C’est un socle sur lequel s’appuyer pour permettre la réussite dans la durée.
Article rédigé par le collectif Mainpaces, mai 2023
extrait de la newsletter Mainpaces - Leading #14 | 🐒 Ma valeur ou mes valeurs ?
[1] Jacques Attali dans les Echos : https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/sommes-nous-tous-des-mercenaires-deloyaux-1940972
[2] La théorie des valeurs universelles de Schwartz : https://www.youtube.com/watch?v=eJzFxr7pIZw
[3] La pyramide de Dilts : https://fr.wikipedia.org/wiki/Niveaux_logiques
[4] Théorie Organisationnelle de Berne : https://www.cairn.info/revue-actualites-en-analyse-transactionnelle-2017-3-page-13.htm
[5] Flexibilité psychologique : https://www.researchgate.net/figure/The-psychological-flexibility-model-Source-Adapted-from-the-ACT-ADVISOR-measure-by_fig1_260409886
Ces derniers mois en France ont été marqués par de la violence et des émotions extrêmes. Absence de conciliation, de capacité à dialoguer, d’impression de concordance entre les intérêts individuels et collectifs, des phénomènes de repli sur soi et une volonté de tout casser pour exister. Est-on dans une phase d’adolescence de la société ? En quoi le développement de l’autonomie est un élément de réponse possible ?
Autonomie vient du grec (autos = soi, nomos = loi, gouvernement). L’autonomie, c’est choisir librement ses valeurs, sa maison. Katherine Seymor, à l’occasion de son travail d’accompagnement des femmes dans le cadre de leurs relations de couple publie un article intitulé Le Cycle de la dépendance - qui fait référence en Analyse Transactionnelle. Elle présente les quatre étapes vers l’autonomie : dépendance - contre-dépendance - indépendance - autonomie. Dans les groupes, les organisations, quels qu’ils soient famille, entreprise, citoyens, l’énergie qui vient de “l’Autorité”, et l’énergie émergente des Membres, interagissent ainsi de façon plus ou moins harmonieuse [1].
Le principe d'autonomie joue un rôle central dans l'éthique car sans autonomie, il n'y a pas de responsabilité morale possible. Toute personne peut être considérée comme potentiellement autonome et donc envisagée comme une fin en soi. L'autonomie implique donc : la liberté (c'est-à-dire l'absence de contrainte), et la capacité de délibérer, décider et agir.
Dans ce monde complexe, l'autonomie est essentielle pour tracer son chemin, unique. Elle impose à la fois une curiosité et une ouverture au monde, et une capacité à déterminer des choix personnels. Élément clé du leadership que nous évaluons dans le bilan leadership TIDe de Mainpaces, l’autonomie facilitera une “pensée juste” dès lors que l’on développera notre compréhension de la complexité et la capacité à discerner.
On vit, on a des émotions. Des milliers par jour. Elles sont au cœur de la vie, elles en font le sel, elles peuvent avoir un caractère délicieux ou horrible. Parfois nos émotions s'imposent à nous, et nous submergent au point de nous laisser désarçonnés, voire impuissants face à des réactions que nous comprenons mal. Parfois, ce vécu interne nous guide dans une voie qui n'est, au fond, pas celle que nous aurions souhaitée… Parfois nous essayons de les contrôler ou de les mettre à distance au prix d’une énorme charge mentale sur des ancrages anciens difficiles à maîtriser. Les émotions sont au coeur de notre fonctionnement et l’autonomie émotionnelle consistera à comprendre cela, le revisiter, le vivre, et laisser émerger entre le stimulus et la réponse, cet espace de pouvoir qui est “notre croissance et notre liberté” (V.Frankl)
Nous pourrions penser que cet aspect de l’autonomie appartient au champ plus personnel et qu’il ne serait pas pris en compte dans un coaching professionnel, et nous ferions erreur. Certaines personnes attachées affectivement à leurs collègues ou leur boss (que vous êtes peut-être), sont empêchées de se mouvoir librement, en toute autonomie. Cela ne veut pas dire nier tout affect ou lien privilégié, cela veut dire ne pas en être dépendant, ou favoriser cette dépendance qui peut devenir toxique.
L’autonomie est la finalité du coaching, c’est le moment où on l’on choisit. C’est le stade de la libération. En fonction des thématiques et des situations, la véritable autonomie est de choisir dans quel cadran on se met. On oscille en conscience dans les 4 étapes de dépendance - contre-dépendance - indépendance - autonomie, et de "faire une chose quand bien même ta mère te l'aurait conseillé" 🙂
L’autonomie a cela de plus de la liberté qu’elle intègre la notion de valeurs, et la conscience des inter-relations inhérentes à notre humanité, et plus largement des hommes comme partie du vivant sur la terre. Comme le dit Jean-Louis Étienne, “Osez l’autonomie !”
Article rédigé par le collectif Mainpaces, avril 2023
extrait de la newsletter Mainpaces - Leading #13 | 🤿 Explorez en toute autonomie !
[1] Energie qui vient de “l’Autorité”, et énergie émergente des Membres, interagissent ainsi de façon plus ou moins harmonieuse: https://analysetransactionnelle.fr/p-Energies_Planifiee_Energie_Emergente
Lundi 20 mars 2023, le GIEC a publié son rapport de synthèse [1] afin d’éclairer l’action mondiale pour limiter le changement climatique. Il va falloir innover. A tous niveaux, dans notre manière d’être, d’agir, de consommer, de produire. Dans ce grand chamboulement s’opposent régulièrement technophiles et amoureux du vivant. Mais l’innovation ne peut pas être réduite à de la technologie, c’est le moment de la questionner comme une pratique engagée – individuelle et collective - dans la quête d’une humanité vivante et créative, intégrée à son environnement.
Cet article donne des clés pour être soi, et libérer sa capacité créative.
Miguel Aubouy [2], chercheur écrivain et entrepreneur, définit l’innovation comme une science [3], basée sur des principes d’universalité. Dans ce modèle, l’innovation part toujours d’une observation clé, qui induit une idée clé, elle-même transformée en objet clé, chacun de ces 3 éléments ayant des attributs bien spécifiques. Son protocole permet de déployer et objectiver des démarches d’innovation.
Une observation clé comporte 3 attributs : c’est a. Un Détail, b. Singulier, c. Méprisé. Cette attention au détail, à ce qui n’est pas communément partagé, à ce qui a été considéré comme insignifiant, est une attention portée à la profondeur, et aux signaux faibles, ces détails apparents et singuliers que sont les omissions, les lapsus, les transpositions , les schémas de répétition…
L’innovation au sens large (démarche artistique, recherche scientifique, entrepreneuriat …) requiert une rigueur, une détermination et un questionnement permanent qui renvoient l’innovateur à un questionnement sur lui-même et ses schémas de pensée.
Aller puiser à la source de notre potentiel et de notre créativité implique de s’engager profondément et de se-réinventer personnellement. Il est sans doute difficile d’innover durablement sans passer par un travail de déprogrammation - reprogrammation personnel qui peut emprunter la même voie que la démarche d’innovation : s’observer, se connaître en cherchant à éliminer les faux semblants, ses propres freins et l’ampleur de la chaîne de ses conditionnements (parentaux, familiaux, sociétaux…), reconnaître les pièges des phénomènes de projection, tenter d’apprivoiser ses biais cognitifs, repérer et déjouer les influences multiples qui éloignent de soi, peut-être aussi reconnaître et pactiser avec ses différentes identités pour ressentir sa singularité.
L’observation, la capacité associative, le sens critique, le questionnement, le recul, est au cœur de l’approche. Paradoxalement une meilleure connaissance et conscience de soi - et donc un approfondissement de sa propre subjectivité - va libérer les forces intimes et profondes de la personne, et révéler son potentiel de création.
Nous ne connaissons pas la réalité, nous la devinons au travers de moyens qui sont à la fois performants et imparfaits. Nos sens nous aident et nous trahissent. Nos savoirs et autres points de repères, sont pertinents dans un contexte et inutiles voire dangereux dans un autre. Ne vous êtes-vous pas déjà retrouvé à interpréter un “very interesting” anglais de façon trop enthousiaste, ou imaginer que vous pouviez grimper cette voie en escalade car vous étiez super entraîné en bloc, mais avec l’altitude et le vide perdre vos moyens car le contexte était très très différent ? Nos intuitions aussi ont leur part d’aléatoire et leur lot de projections, inductions, interprétations … à condition d’être à leur écoute.
Le coaching est l’art de l'observation et du questionnement. C’est détecter des signaux faibles, des détails singuliers. C’est tirer des fils qui permettent au bénéficiaire d'aborder des idées clés, et de construire un chemin vers la réalisation de soi. Le coaching part d'un point source vers un point cible, la transformation étant le cheminement innovant de la personne.
Que nous apprennent la neuro-biologie et les approches thérapeutiques ou complémentaires, dans lesquelles nous incluons l'ostéopathie, l'hypnose, les pratiques de pleine conscience et d’alignement corps-mental ?
Cette prise en compte permet d’aborder en particulier les blocages, les peurs, les croyances limitantes sous un nouvel angle complémentaire, et prendre appui sur les liens entre affects / cognition / respiration et mouvement, pour ré-ouvrir le champs des possibles.
L’innovation arrive quand on arrive à sortir du cadre, à requestionner ce qui paraissait évident pour faire différemment, en gardant l'objectif ou une intuition de l’objectif en ligne de mire. Croiser les pratiques pour rassembler de multiples expériences de vie en un récit unique qui nous constitue et sur lequel on peut prendre appui, constitue une base beaucoup plus large qui peut être l’objet de nombreuses libérations.
“La conscience est l’oeil du cyclone de nos vies”. Le choc d’un idéal retrouvé peut changer le sens de nos vies, c’est ce que le Pr Bitbol [5] appelle le choc de sens, en insistant sur l’importance de réparer les cicatrices biologiques qui entravent notre créativité pour répondre aux défis de notre époque.
Article rédigé par le collectif Mainpaces, mars 2023
extrait de la newsletter Mainpaces - Leading #12 🤩 Innovation et moi profond
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[1] Rapport de synthèse du GIEC : https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/03/20/le-rapport-de-synthese-du-giec-un-guide-pratique-pour-desamorcer-la-bombe-a-retardement-climatique_6166256_3244.html
[2] : Miguel Aubouy : https://www.linkedin.com/in/miguelaubouy/
[3] L'innovation comme une science : https://nivedition.com/products/linnovation-comme-science
[4] Niveaux logiques : https://fr.wikipedia.org/wiki/Niveaux_logiques
[5] : Michel Bitbol : https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Bitbol
En tant que dirigeant, vous devez prendre des décisions, trancher, arbitrer, orienter, dans un emploi du temps contraint, et être ainsi capable de percevoir le plus rapidement possible les enjeux du problème posé.
Lorsque l’on a la tête dans le guidon, avec le souci de garder la trajectoire et d’embarquer tout le peloton sur le bon chemin, on est parfois frustré de ne pas prendre le temps de regarder le paysage.
"Regarder le paysage", faire ce pas de côté et prendre de la hauteur pour penser, c’est ce que Mainpaces vous propose dans ses bulles philosophiques.
Cette troisième bulle philosophique aborde les notions de liberté et de responsabilité.
Comment être à la fois libres et responsables ? Comment exercer notre liberté (agir, décider, arbitrer, communiquer, s'exprimer...) tout en veillant à agir avec responsabilité ? La question est classique en philosophie, mais elle se colore depuis quelques années de vert et de bleu : l'écologie implique d'intégrer la responsabilité à travers le prisme de notre rapport à la planète. A partir de la définition sartrienne de la liberté, radicale car existentialiste, nous découvrirons quelques grands textes sur la responsabilité qui nourriront notre réflexion.
Article librement inspiré de la conférence de Camille Prost
Le terme “responsabilité” est issu du latin « respondere » qui signifie répondre. L’expression « répondre de ses actes » exprime que l’on assume pleinement ses actes, que l’on s’en reconnaît l’auteur.
Dans le langage courant, responsabilité porte trois sens distincts :
En philosophie, la responsabilité pose le problème de la nature du lien entre l’homme et ses actes. Si nous sommes responsables des actes que nous avons commis :
La responsabilité ne peut être pensée sans questionner la liberté. Etre libre, c’est être en mesure d’assumer l’ensemble de ses actes, être responsable, c’est pouvoir répondre de ceux-ci. Ainsi, une grande liberté implique une grande responsabilité. Plus une personne a du pouvoir, plus les conséquences de ses actes peuvent s’avérer impactantes.
Jean-Paul Sartre était l’une des figures clés de la philosophie de l’existentialisme et de la phénoménologie.
L'existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui considère que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions, celles-ci n'étant pas prédéterminées par des doctrines théologiques, philosophiques ou morales. L'existentialisme considère chaque individu comme un être unique maître de ses actes, de son destin et des valeurs qu'il décide d'adopter.
"L'existence précède l'essence"
Jean-Paul Sartre
L'existentialisme sartrien est résumé par la célèbre formule : « l'existence précède l'essence », c'est-à-dire que chaque individu surgit dans le monde initialement sans but ni valeurs prédéfinies, puis, lors de son existence, il se définit par ses actes dont il est pleinement responsable et qui modifient son essence ; à sa mort, son essence se fige.
« Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande » Jean-Paul Sartre, Les lettres françaises, 1944. Cette citation qui fait polémique s'explique par le fait que l’Homme, sous la contrainte, est obligé de faire des choix et en faisant des choix, on prend des décisions qui nous poussent à agir d’une certaine manière. Le pouvoir de la liberté ne réside pas seulement dans le pouvoir d’action, mais également dans la conception que nous-nous faisons du monde extérieur. Nos actions dessinent une certaine vision de l’humanité, notre responsabilité engage l’humanité entière.
L’éthique est très proche de la morale, mais en philosophie, ce sont deux notions différentes.
L’éthique se définit comme les déterminations du comportement de chaque sujet. Elle s’incarne dans des valeurs et elle est rapportée à un ici et maintenant (un « être ensemble »).
La morale quant à elle est universelle, irréductible, transcendante. La morale est loi.
Le philosophe Max Weber porte ses interrogations sur les changements opérés sur la société avec l'entrée dans la modernité (analyses sur le capitalisme industriel, la bureaucratie, le processus de rationalisation en Occident…). En réfléchissant sur la relation entre éthique et politique, Max Weber distingue deux types d'éthique :
M. Weber questionne alors l’intention dans l’action, et les conséquences qui pèsent alors cette action. Cela nous amène à une réflexion sur la cohérence et l’alignement de nos actions avec nos valeurs.
Hans Jonas (1903-1993) est un historien et philosophe allemand connu pour son éthique pour l'âge technologique qui est développée dans son œuvre principale, Le Principe responsabilité (1979).
Il est l'un des rares philosophes du XXe siècle à avoir réfléchi sur les problèmes environnementaux avant l’heure. Il a en effet choisi de développer l’éthique de la responsabilité pour faire face aux défis planétaires futurs et aux défis technologiques.
Il part du constat suivant : l’éthique traditionnelle fondée sur la simultanéité (présent) et la réciprocité (égalité des droits) n’est plus adaptée à notre monde dont la survie n’est plus garantie... Il faut donc repenser cette question.
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »
Paul VALÉRY (1871-1945), La Crise de l’esprit (1919)
Le technique échappe progressivement au contrôle de l’homme et comporte des effets néfastes à long terme : pollution, déchets industriels, informatiques... La technologie menace même l’homme lui-même (manipulation du patrimoine génétique...). La nature et l’homme sont donc désormais dans une situation très précaire.
Se focaliser uniquement sur le présent peut être dommageable pour l’avenir. C’est là que se situe le principe de responsabilité : les générations présentes ont le devoir moral de rendre possible la continuité de la vie et la survie des générations futures. La technique implique la nécessité de persévérer pour la tâche morale.
Ce n’est plus l’amour ou le respect qui fonde l’éthique, mais le maintien sur la terre d’une vie qui ne va pas de soi, qui a cessé d’être une donnée naturelle.
3 aspects sous tendent ce principe :
« Il est beaucoup plus probable que la peur obtienne ce que la raison n’a pas obtenu et qu’elle parvienne à ce à quoi la raison n’est pas parvenue. Paradoxalement, l’espoir réside à mes yeux dans l’éducation par l’intermédiaire des catastrophes »
Hans Jonas
La responsabilité est complexe à théoriser, et un exercice pratique personnel peut être bénéfique. Faire le point sur l’étendue de sa liberté personnelle : ai-je plus de libertés que dans d’autres pays ? Ai-je plus de libertés au travail que d’autres personnes ? Puis-je décider, arbitrer, m’exprimer, faire des choix, trancher ? Est-ce que je savoure toujours cela à sa juste valeur ? Puis mettre en rapport ce degré de liberté avec la prise de conscience des responsabilités qui l'accompagnent, puisque l’un ne va pas sans l’autre.
Nous pouvons alors résumer la notion de responsabilité sur 4 niveaux :
Il s'agit donc d'une responsabilité qui va au-delà de l'individu et de ses simples fins, et qui prend en compte les conséquences de ses actes. L'attention éthique concerne non seulement la contemporanéité des relations interpersonnelles, mais s'élargit aussi dans l’espace et le temps.
C’est extrêmement exigeant mais, petit pas par petit pas, cette prise de conscience peut être formidable à appréhender !
Article librement inspiré de la conférence de Camille Prost, docteure en philosophie, Mainpaces vibes, février 2023.
Pour participer à la prochaine bulle philosophique ou aux évènements de Mainpaces vibes, écrivez-nous ici.
“Lead the Future”, “Engage”, réformes … avec les négociations annuelles, les plans stratégiques rythment le premier trimestre de l’année. Ils exposent la vision stratégique de l’entité à moyen - long terme, et les objectifs qui la servent. Vision et objectifs constituent un ensemble indissociable, et composent la légitimité (juste et conforme à l’intérêt des parties prenantes) de l’action de l’entité qui les portent, avec, en leur cœur, un enjeu de pédagogie et d’appropriation collective. Comment ces plans peuvent-il incarner un leadership responsable, et qu'est-ce que cela implique d'un point de vue individuel ?
Quand la stratégie définit la ligne directrice à long terme de l’entreprise ou de l’agence, le plan stratégique [1] détermine comment l’entreprise va réaliser ses ambitions stratégiques à moyen terme. Les objectifs constituent l’articulation des démarches / actions qui servent la vision et incluent l’écologie du système. Dans un monde vivant par nature, une stratégie adaptative est nécessaire pour intégrer l’évolution des informations disponibles, et la conscience croissante des impacts des actions menées.
Les objectifs permettent de rassembler, préciser le chemin (et par boucle de retour la vision), s’accorder sur les moyens, et objectiver les résultats. La méthode OKR (Objectives and Key Results) [2] s’est ainsi imposée dans l’univers start-up pour sa capacité à faciliter l’appropriation de la vision par les contributeurs de l’entité, et leur implication.
Poser des objectifs permet d’en identifier l’impact, et de faire des choix en conscience. Entre artificialisation des sols et distances parcourues, quelle trajectoire pour le développement de mon entreprise selon les territoires ? D’où cette question de tout collectif dirigeant responsable : “quels sont les inconvénients à atteindre nos objectifs ?”
Comme en collectif, les objectifs permettent l’alignement et la cohérence. Ils justifient les efforts que l’on est prêt à consentir. D’un point de vue individuel, en préparant le corps et le mental à aller dans le même sens, l’appropriation d’un objectif limite les conflits internes énergivores, et facilite la concentration, avec ses trois leviers essentiels [3] : l’intention (qu’est-ce que je cherche à faire ?), l’attention (à quoi dois-je faire attention ?), et l’action (que dois-je bien veiller à faire ?).
Il est important de les formaliser, de les nommer, de les expliciter dans les différentes formes qu’ils peuvent prendre [4] : objectifs de résultat, de performance ou de maîtrise, de process, de moyens. Aux traditionnels critères SMART, on rajoutera le E de Environnemental : est-ce que je me respecte ainsi que mes proches ?
En coaching individuel l’objectif est clé, le coaching n’est pas une simple conversation. La fixation des objectifs est une démarche collégiale entre le coach et le bénéficiaire, qui doit être confrontée avec exigence et bienveillance par le coach. Elle sous-tend l’articulation du questionnement du coach.
Le coaching d’équipe s’ancre dans une vision commune, c’est-à-dire une représentation d’une réalité future à expliciter. Le coach doit préalablement faire émerger cette vision avant le démarrage du coaching dans le cadre d’un travail avec le commanditaire du coaching. Co-construits, les objectifs d'équipe intègreront motivation et appropriation, et ils seront souvent plus élevés que ce que le manager aurait imposé (ou pensé que l'équipe accepterait).
Trop d’objectifs tuent l’objectif. C’est également la problématique du micro-management en entreprise, qui limite la possibilité d'accomplissement, et touche à l’équilibre liberté - responsabilité. Être libre, c’est être en mesure d’assumer l’ensemble de ses actes, être responsable, c’est pouvoir répondre de ceux-ci. Le travail de fixation d’objectifs est un exercice de simplification, de formalisation et d’intégration afin de faciliter l’indispensable pédagogie de transmission. Il convient d’associer objectifs (le cadre) et la souplesse contrôlée c’est-à-dire bordée par le cadre mais facilitant une ouverture créatrice et innovante. Ouvrir un champ des possibles et laisser la possibilité d’émergence, des espaces de respiration et de créativité feront la puissance d’une organisation collective.
Un leadership responsable prend en compte la complexité et la richesse du vivant, dans toutes ses manifestations. Cela commence par soi, comprendre et écouter les mécanismes qui nous régissent, et ce qui nous met en mouvement - qui passe par les émotions, et notre dimension spirituelle. Rentrer en écho avec son entourage et les enjeux du monde, dans une démarche de curiosité et d'ouverture qui développe notre conscience. Le vivant est sans cesse apprenant, et le progrès ne peut durablement agir en faveur du vivant que s’il est en permanence remis en question.
Article écrit par le collectif Mainpaces,
extrait de la newsletter Mainpaces - Leading #11 🌾 Le leader à impact
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[1] Plan stratégique : https://www.gartner.fr/fr/insights/planification-strategique
[2] OKR (Objectives and Key Results) : https://www.fnac.com/a13674751/John-Doerr-Mesurez-ce-qui-compte
[3] Trois leviers essentiels de la concentration : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurosciences/ameliorer-sa-concentration-24711.php
[4] Préparation mentale - fixation des objectifs : https://apnee.weebly.com/fixation-des-objectifs.html
31 janvier : qu’avez-vous fait de vos bonnes résolutions de début d’année ? Comme tous les ans, on en fait, on les oublie, et on recommence quand même. A l’heure où le rythme des saisons est perturbé par le réchauffement climatique, il est intéressant de se poser la question de l’importance des rythmes et rituels dans nos vies et nos activités professionnelles.
Le mot rythme vient de rythmos, dont les différentes traductions impliquent "une manière particulière de couler". Dans un temps qui est durée quand il devient intime à la personne (Bergson), les rites confèrent au temps, comme à la mémoire, ordre et continuité.
Le rythme de notre cœur, le rythme de notre respiration, le rythme de la digestion, le rythme menstruel … Notre horloge circadienne, influencée par la lumière et les températures, régule les processus biologiques de notre corps sur 24h : le système veille/sommeil, la température corporelle, la pression artérielle, la production d’hormones, la fréquence cardiaque, mais aussi les capacités cognitives, l’humeur ou encore la mémoire. Des recherches récentes mettent en évidence son impact jusque sur l’intensité de la sensibilité à la douleur. La naissance, la croissance, la maladie, la vieillesse et la mort rythment nos vies.
Ces rythmes s’inscrivent dans une cadence plus vaste, le rythme des saisons et ses variations de température, de luminosité et de précipitations, le cycle des marées sous l'influence de la lune et du soleil, et bien d’autres encore (cycle des migrations, cycles climatiques, ..). Par le flux et le reflux, ils protègent et découvrent des espaces. Ils sont au service de la production, d'une certaine mesure de rendement, de la capacité d’interactions entre les êtres vivants, leur environnement, les plantes et les animaux. Ils sont interconnectés, et répercutent, entre-eux, leurs équilibres et déséquilibres.
Dans le Taoïsme, il s'agit de comprendre l'importance des cycles, comme un rythme continu, simple et pourtant universel, de destruction et de régénération.
Nous vivons cela de façon subtile, dans des rythmes parfois inexplicables, voire intangibles. Celui de l'art, de la création ; celui du silence, celui de la pensée, celui des rêves, celui de la relation à la nature, et pour certains au divin.
Nous relier au rythme du vivant au-delà de notre finitude, trouver notre propre rythme et agir, c'est être vivant, et vivre pleinement. “C'est prendre le risque de sortir de votre coquille et d'exprimer votre rêve.” (Miguel Ruiz, auteur des 4 accords toltèques).
La respiration est le rythme le plus intime pour accompagner ce mouvement. Très personnelle, elle s'adapte naturellement à notre morphologie, l'altitude, ou la situation dans laquelle on se trouve, afin d'oxygéner notre corps, et d'accompagner la transformation du glucose en énergie. Mais le stress, certains vêtements, certaines postures ou habitudes, la bloquent. Se concentrer sur sa respiration, et utiliser les effets bénéfiques de ses différents rythmes permettront de calmer le mental, de clarifier nos idées, et de réouvrir des espaces de créativité. La cohérence cardiaque (dans sa version la plus simple 3 fois par jour, 6 respirations par minute et pendant 5 minutes), facilite le retour à un état d'équilibre. Une respiration activatrice (temps d'inspiration 4s - supérieur au temps d'expiration 6s) sera dynamisante, quand une respiration relaxatrice (temps d'expiration 6s - supérieur au temps d'inspiration 4s) permettra de se relacher, par exemple entre deux dossiers, avant une réunion particulièrement stressante, ou avant d'aller dormir.
La sédentarité, le travail en intérieur, un rythme effréné envahi par les contraintes et les engagements, une surcharge mentale alimentée par un excès d’informations et de notifications, une gestion du temps trop ROIste va à l’encontre de notre puissance et notre accomplissement. S’oublier soi-même, c’est perdre en performance et en efficacité. “Il faut savoir prendre du temps pour soi, et se retrouver. (...) C’est parfois difficile de se dire que l’on n’a pas un rythme conventionnel, ou que l’on n’a pas le rythme de son voisin, mais si c’est celui qui nous permet de performer et d’être productif, alors c’est le rythme juste.” soulignent Charlotte et Laura Tremble, Olympiennes en natation artistique, pour qui le rythme est un enjeu majeur tant dans l'organisation de leur vie, de leurs entrainements, que de leurs chorégraphie.
Mainpaces signifie “rythmes principaux”. Le coaching intégratif va explorer ces deux aspects essentiels :
Le rythme du coaching fait partie du cadre de l'accompagnement. Celui du nombre de séances, du temps consacré par le coaché aux échanges, du temps inter-séance, et de l'alternance de coaching et de pratique, qui va permettre d'avancer simultanément dans un équilibre corps mental. Et c'est aussi le rythme du dialogue, des silences et des émotions qui font la qualité de l'accompagnement, et la synchronisation fondamentale du coaché et de son coach pour entrer en résonance.
En entreprise, être dans le bon tempo est essentiel, et le décalage peut-être mortifère. C’est le sujet essentiel du “time to market”. On y retrouve, comme dans des pratiques sportives telles que la boxe, les besoins d’anticipation, de coordination, de déplacement, de confrontation, de synchronisation, afin de pouvoir entrer en résonance avec son marché, avec ses collaborateurs, entre associés.
"Le tempo, c’est la vitesse du temps. C’est le temps qui s’écoule avec soi-même. C’est le temps qu’il faut pour dire des choses, et il n’est pas fixé, il faut le faire comprendre." Le rythme, c’est aussi marquer la mesure, et le début et la fin de toute période, que ce soit celui d’une tâche, d’un projet, ou d’un cycle. Lorsqu’un projet en entraîne un autre, s’il n’y a pas de protocole de célébration, de retour d’expérience, une impression de submersion se développe. C’est une sensation de “sans fin”, qui peut être excessivement anxiogène. Le rythme pose une distance, il permet l'adaptation, et laisse émerger le sentiment de progression, sur un temps plus long.
Les rites, qui structurent la vie des hommes et leurs interactions depuis l’aube de l’humanité, permettent d'ancrer la culture d'entreprise. Par la répétition, le rituel devient mémoire et le temps, un rythme. Les rituels peuvent être utilisés pour transmettre des valeurs, des compétences et des connaissances à travers les générations. Parfois insolites, ils créent une culture commune, renforcent la création de lien mise à mal par le télétravail, favorisent la motivation et l’engagement des collaborateurs, et leur capacité d’innovation.
En collectif aussi, c'est une question de souffle, et avec lui, un espace de liberté, d'envie, et de vision. Reprendre son souffle, c'est remettre en mouvement, et pour un dirigeant une capacité à entrainer les équipes derrière soi.
Article écrit par le collectif Mainpaces,
extrait de la newsletter Mainpaces - Leading #10 💃 Trouvez votre rythme !
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" Sobriété " est l’un des mots phare de l’année 2022, avec en tête de proue la sobriété énergétique. Vécue parfois comme une forme de contrainte et un impératif de privation, elle vient contrecarrer une tendance à la quantité et à la dispersion dans tous les domaines marchands, qu’ils soient matériels ou immatériels. Quand l'économie de l'attention voit notre sommeil comme un ennemi, que TikTok capte l'attention plus d'un jour par mois de ses utilisateurs en dépassant 167 millions de vues de vidéos par min, le fait qu'il ne se passe rien commence à être revalorisé.
Equilibre vie pro perso et sobriété sont souvent deux notions qui vont de pair : la sobriété dans le travail pour se donner du temps pour soi, et être plus efficace en étant plus centré sur ce que l'on fait !
Quels engagements prendre en 2023, réduire les goodies, les évènements, les sollicitations, la pression marketing,... et atteindre un meilleur équilibre, en phase avec ses besoins profonds ?
Trouver un équilibre entre responsabilités professionnelles et besoins personnels peut être un défi, surtout dans un monde où la course à la sur-productivité et à la performance sont constamment mis en avant.
Chez Mainpaces, nous aimons la performance, c'est une immense source de motivation, d'engagement et de joies. Et nous pensons qu'un nouveau modèle de performance est possible, la performance par l'alignement et la conscience. En augmentant notre niveau de conscience (de soi, des autres, du monde), en alignant nos besoins, nos motivations et nos actes, nous diminuons les frictions, et tout ce qui nous fait perdre en efficacité, en énergie et en satisfaction. La performance est un accomplissement, de soi et de quelque chose de plus grand que soi, qui nous est rendu possible grâce aux ressources inestimables dont nous disposons, si nous savons les utiliser de façon écologique et régénérative.
L'une des clés est cet équilibre entre vie professionnelle et vie privée tant recherché, et il passe par la sobriété : poser nos objectifs professionnels et personnels, et les limites qui vont avec. C'est à dire s'autoriser à faire des choix, des renoncements, pour ouvrir de nouveaux espaces d'une fertilité beaucoup plus vaste, et qui vont nourrir nos objectifs premiers.
Etre conscient de soi, c'est connaitre son rythme personnel. Savoir créer sa propre manière de travailler, et de se retrouver. C'est aussi savoir que l'énergie est une question de flux et de stock, reconnaître quand c'est le moment de faire une pause, et savoir se régénérer.
Cela implique à la fois, d'organiser sa journée en tenant compte de ce qui nous fatigue, et ce qui nous régénère, et alterner ces moments.
Et pour plus de récupération, d'instaurer des temps pour soi, d'avoir des moments plus long pendant lesquels mettre son cerveau en jachère et laisser le corps agir : faire du sport, une activité créative, un moment de convivialité, de service,..
Construire un système de soutien solide : amis, famille et collègues, est aidant et sécurisant. Nos cerveaux nous nous jouent des tours, et s'ouvrir à d'autres points de vue est nécessaire. Les écouter quand il nous disent "tu as changé".
Enfin, être patient et bienveillant avec soi même : trouver son équilibre en mouvement n'est pas une course mais un parcours à construire petit à petit pour être viable dans le temps ! Il implique de faire des expérimentations, en tirer des enseignements, et se réajuster.
Nous vous proposons ci-dessous un mémo et des idées, en toute sobriété !
Sortir du sensationnel, du faux, du brutal
Parler moins, mais mieux ; écrire moins, mais mieux
Poser une intention, un désir, une représentation, en conviction
Partager des jalons, prioriser, et décider
S'entourer des meilleurs, reconnaitre leur valeur
Et finalement établir une cohérence entre ses actions professionnelles et ses valeurs personnelles pour atteindre l'équilibre vie pro perso.
Ecouter, regarder, sentir, ressentir.
Donner de la valeur à la vacance, à l’incubation, à la régénération.
Trouver sa propre temporalité, son propre rythme.
Comprendre dans quel état être pour performer.
Avoir confiance dans une capacité de réalisation qui peut alors être extrêmement rapide.
Jongler dans des temps différents, maintenir son équilibre en mouvement.
Et finalement, laisser comprendre où se situe nos besoins et notre équilibre vie pro perso, bénéfique à la performance.
Comprendre les besoins de ceux qui nous entourent, se synchroniser.
Agir en pleine conscience et en profondeur.
Chercher la cohésion, l'alignement autour des valeurs, et énergiser les projets.
Célébrer les succès, et apprendre des erreurs.
Inspirer, et développer l'imaginaire.
Et finalement, être ouvert au monde et connecté à sa puissance, pour vivre pleinement cet équilibre vie pro perso.
Le coaching va dans ce sens. C’est un accompagnement au changement sobre, qui se fait par petites touches, sur plusieurs mois, et qui vise l’efficience et l'équilibre. Prioriser tous les 15 jours un point essentiel, le travailler et faire mûrir le suivant. Ouvrir en la personne du coach un nouveau canal qui va permettre de voir le paysage avec une autre perspective, de créer des bifurcations,
de ralentir pour accélérer,
de prendre du temps pour soi, et booster le changement,
de se libérer, et s’autoriser.
Et si en 2023, la sobriété était pleine et heureuse ?
Extrait de la newsletter de décembre 2022, article "de la nourriture pour l'action".
©Festival rock à Venise Beach en Californie – Dennis Stock (1968)
L'énergie est la capacité de transformation du monde. Comment se décline-t-elle, et qu'est-ce que l'énergie au niveau personnel ?
Aujourd’hui on parle de crise de l'énergie dans tous les médias. Mais, on se limite finalement à une seule dimension de l'énergie : celle qui nous permet sur un territoire donné de produire, se déplacer, nous chauffer …
L'énergie, c’est aussi ce qui nous permet de se mouvoir, d'interagir, de trouver la force mentale de mener nos actions quotidiennes et projets long terme. Au niveau collectif, l'énergie du groupe rassemble et favorise l'émergence de solutions.
Découvrez dans cet article une mise en perspective et des approfondissements sur le sujet de l'énergie. L’objectif ? Vous donner de la nourriture, pour l’action, en accord avec votre écologie personnelle et celle du monde !
La crise de l’énergie dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est inédite. Les prix spots européens du marché de l’électricité pour l’hiver prochain ont atteint cette année les 4000 € / MWh, alors que le prix de base nucléaire de l’électricité en France est de 42 € / MWh depuis 2012. Une alerte radicale si on se réfère aux fluctuations de prix observées sur les 3 précédents chocs pétroliers.
Le risque auquel nous nous retrouvons brutalement confrontés, est non seulement celui de l’accès à l’électricité de personnes plus démunies, ou la pérennité économique de certaines entreprises, c’est également un risque de black-out généralisé, si l’équilibre entre l’offre et la demande n’est pas maintenu à chaque instant.
À cela se superpose le risque climatique, qui souligne l’importance, non seulement de la quantité d’énergie que l’on utilise, mais également de la source utilisée, certaines sources ayant un impact global sur l’état de la planète démesurément plus toxique que d’autres (impact carbone de la production d’électricité, émission de gaz à effet de serre par activité).
On commence à réaliser très concrètement que l’énergie est fondamentale, et que quand on touche à l’énergie, on touche à tout le territoire : à la vie quotidienne dans les bâtiments (chauffage, ventilation, eau chaude,…), à l’alimentation (chaîne du froid, fours, blocs de traites, serres, …), à la communication et à l’information (transport, serveurs, réseaux, ...), à l’industrie (chimie, métallurgie, papier, chaînes de production,...)...
L’énergie est un bien précieux, potentiellement très cher, et toutes les sources d’énergie ne se valent pas car certaines épuisent nos ressources ou empoisonnent notre espace de vie.
L'énergie, étymologiquement, est une force en action. La mise en œuvre d'une action nécessite de maintenir une certaine force, intellectuelle, mentale, physique, pendant une durée suffisante, pour vaincre les inerties et résistances qui s'opposent à ce changement. L'énergie (électrique - système nerveux, chimique - système endocrinien et métabolisme, mécanique - musculaire) qui aura été nécessaire pour accomplir finalement l'action envisagée, rend compte à la fois de la force et de la durée pendant laquelle elle aura été exercée.
L’énergie individuelle n’est pas ésotérique, c’est de cette même entité très concrète en physique dont on parle au niveau humain, qu’elle se mesure en Joules (J), en calories (kcal), en électron-volt (eV)...
Par exemple, quand vous courrez 10 km en jogging, vous allez peut-être consommer 700 kcal. Quand vous le faites en vélo, ce sera plutôt 300 kcal qui seront indiqués dans votre application préférée, car le support mécanique sera une aide pour transformer vos efforts physiques en déplacement.
A chaque instant, dans notre organisme, il y a transformation. Entre ce que nous ingérons (alimentation, chaleur, air, interactions,..), la façon dont nous le métabolisons, et ce que nous diffusons (nos paroles, nos mouvements, nos réactions, la chaleur que nous dégageons..), il peut y avoir déséquilibre (avec à terme fatigue, blessures, burn-outs...), intoxication selon la source utilisée, ou équilibre.
Une information que l’on reçoit passe par nos 5 sens. Nos systèmes nerveux central, nerveux autonome, et endocrinien vont se mettre en action simultanément, pour la traiter, et réaliser tout un ensemble de mécanismes bio-chimiques permettant au corps et à l’esprit de répondre à ce stimulus.
Le système limbique du cerveau (le système émotionnel) va agir sur les autoroutes de l’information qui vont dans le cerveau. Ainsi, les émotions vont influer sur l'activité de zones du cerveau qui gèrent notre attention, motivent notre comportement, et déterminent la signification de ce qui se passe autour de nous. Elles créent un mode particulier d'efficacité des processus cognitifs.
“Lorsque les signaux relatifs à l’état du corps sont de nature négative, la production des images mentales est ralentie, leur diversité est moindre, et le raisonnement est inefficace ; lorsque les signaux émanant du corps sont de nature positive, la production des images mentales est vive, leur diversité est grande, et le raisonnement peut être rapide, quoique pas nécessairement efficace.”
Donc d’un point de vue physiologique, l'information va être transmise aux systèmes corporels, qui vont ensemble s’autoréguler, en produisant et consommant de l’énergie, sous forme électrique, chimique ou mécanique, de façon modérée ou activée par notre niveau émotionnel.
Ce mécanisme d’homéostasie de l’organisme est naturellement énergivore, dans le sens où il consomme de l’énergie jusqu’à avoir retrouvé un nouvel état d’équilibre.
La régulation de l’organisme peut elle-même être influencée par la volonté, des exercices appropriés, et donne ainsi à l’organisme une capacité d’adaptation phénoménale, pour toutes les difficultés de la vie quotidienne (enjeux majeurs, situations sociales complexes, agressions, incompréhensions, maladies,...).
En physique, la puissance est la quantité d'énergie par unité de temps fournie par un système à un autre. D’un point de vue individuel, notre puissance permet de fournir plus de travail dans un temps donné, ou de présenter plus de résistance à une force donnée. C'est la capacité à agir et interagir, à être dans le Flow, plongé dans une activité dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement.
Comprendre et maîtriser ses émotions sera un des éléments majeurs pour préserver son énergie, avoir la capacité de s’adapter à son environnement, et développer des relations interpersonnelles permettant de préserver ses ressources.
Etre au clair avec ses objectifs : quand on se fixe un objectif, on se conditionne. On prépare notre cerveau et notre corps à aller dans le même sens. Cette intention, cette envie, cet alignement sont essentiels dans la gestion de l’énergie et de l’efficacité, en évitant la perte d’énergie liée aux conflits intérieurs. Derrière, il y a le sens, qui va justifier les efforts que l'on concède à réaliser.
S'entraîner, par l’expérience, la pratique, et en utilisant des outils adaptés tels que des routines de performance, de focalisation attentionnelle, de concentration et reconcentration permettra d’atteindre un état physique et mental optimal pour la mission à accomplir, même en cas de perturbation émotionnelle ou de stress élevé.
Développer la perception de ses états internes, et se recentrer sur le moment présent. Le présent est le seul instant sur lequel on ait concrètement un impact (le passé étant passé, et le futur pas encore arrivé). Développer son écoute de soi et la reconnaissance de nos états du corps permet dans la durée de reconnaître et accueillir les émotions et perturbations auxquelles nous sommes soumis, et d’apprendre à faire avec son état d’énergie du moment. Le body-scan, les exercices de visualisation, la respiration et la cohérence cardiaque, la méditation pleine conscience sont des outils fréquemment utilisés dans ces objectifs.
Il y a plus de sagesse dans le corps humain que dans n’importe quelle philosophie.
Nietzsche
L’énergie étant une question de flux et de stock, et n’étant pas auto-produite, nos ressources se régénèrent de périodes de récupération. Au cœur des programmes des athlètes, et trop souvent négligé dans les environnements business, le ressourcement sera notre capacité de (re)constituer un stock, dans lequel nous pourrons puiser en cas de pic d’activité.
Le sommeil est la première source de récupération passive. Il permet la réduction du métabolisme, la baisse de la température du corps, et à travers ses différents cycles, impacte la concentration, la capacité d’apprentissage, de mémorisation ou d’orientation…
D’autres sources de récupération constituent des formes de récupération active.
Après un temps cognitif pur, on a besoin de laisser le cerveau en jachère et de laisser le corps agir. Ces activités régénérantes seront à puiser dans celles qui sont pour vous des motivations primaires, intrinsèques, résilientes à l’échec, dans lesquelles vous êtes dans le plaisir simple de faire.
Selon les personnalités, elles pourront être des activités physiques, artistiques (chant, dessin, musique,...), des moments de convivialité ou de service ( servir un repas aux restos du coeur…), une immersion dans la nature, un temps de création, de lecture, de recueillement...
Il est intéressant de savoir que ces activités, qui sont pour vous ressourçantes, sont utiles à votre performance en entreprise. On peut ainsi non seulement s’autoriser à les faire, mais même se dire que ce serait de la négligence de ne pas les positionner dans votre emploi du temps si vous avez un objectif de performance élevé dans la durée, cette impulsion étant bien entendu également valable pour vos collaborateurs 🙂
Les temps de repos et de déconnection dépendent intrinsèquement de chacun. On peut avoir des temps courts de récupération active qui régénèrent en profondeur.
Quand on a une impérieuse nécessité d'utiliser le temps au mieux, il faut pouvoir alterner des temps de désactivation et de réactivation très rapides.
Et cela passe aussi par la maîtrise de la respiration. L’oxygène apporté par la respiration est un comburant pour les nutriments qui permet d’alimenter en énergie la plupart des réactions biologiques, et ainsi sortir l’énergie métabolique de l’alimentation. Une respiration plus lente et plus profonde augmentera notre niveau d’énergie.
L'équilibre s’incarnera dans un état d'alignement dans lequel notre mode de fonctionnement global est optimisé, et présente une forme de stabilité directement liée à l'homéostasie du corps et de l'esprit. Maîtriser son équilibre induit donc une bonne compréhension de ses modes de fonctionnement neurobiologiques, de ses besoins et ce qui nous motive, de l'impact de ses interactions avec les autres, et des émotions en tant qu’activateurs ou inhibiteurs de nos processus cognitifs.
Au niveau collectif les mêmes mécanismes s’appliquent. L’énergie est ce qui permet de faire avancer notre entreprise, nos projets, de chercher, d’inventer. L’alignement se construit autour des valeurs, sur un projet commun - c’est la cohésion. La fameuse cohésion soulignée comme essentielle par un leader inspirateur, JM Jancovici dans Le monde sans fin (p. 131) pour répondre aux enjeux du climat. L'objectif justifie les efforts que chacun est prêt à consentir.
L’organisation même de l’entreprise permettra une bonne gestion de l’énergie
L’énergie est un sujet passionnant, un sujet essentiel, un sujet vital à tous les niveaux, individuel, collectif, global. Notre rapport à la nature commence par nous-même et se diffuse par cercles concentriques, d’une écologie personnelle à une écologie globale.
Nous avons individuellement et collectivement une capacité à transformer, à transformer la façon dont nous avons consommé nos ressources au cours du siècle dernier, à les régénérer, car un choc de conscience peut conduire à l'émergence de nouveaux comportements.
L'émergence est un concept intéressant en physique. Il représente le fait que le tout peut être plus que la somme de ses parties.
Par exemple, une molécule d'eau peut avoir certaines propriétés, mais aucune d'entre elles ne peut prédire la tension de surface qui se créera à la surface d'un lac ou d'un verre d'eau, et qui permettra à un moustique de s'y poser. La tension de surface est une propriété émergente de l'eau.
La propriété de l'ensemble ne peut pas être définie à partir de la propriété de chaque partie. Il y a une sorte de résonance qui crée quelque chose de plus. Au sein d’un écosystème vivant et apprenant, c’est toute la puissance créatrice d’une entité collective qui s'exprime alors.
Il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue.
Victor Hugo
Avec cette compréhension croissante de ce que nous sommes, de la façon dont nous pouvons agir sur nous-mêmes et sur nos organisations, nous pouvons laisser émerger ensemble, avec énergie, des transformations qui respectent et accompagnent le vivant dans toutes ses manifestations.
Thérèse Lemarchand, CEO Mainpaces,
Novembre 2022
Notre cerveau nous trompe-t-il ?
Notre cerveau n'aime pas l'incertitude, et il dirige notre attention vers ce qu'il considère comme le plus probable. Notre cerveau arrange les choses pour leur donner du sens, il revisite la réalité pour nous rendre plus efficace, facilite l'intégration à des groupes sociaux et contribue également à la bonne santé mentale (tout questionner serait ingérable). Mais "le cerveau voit ce qu’il croit" et cette distorsion peut affecter notre leadership au quotidien.
Comprendre nos modes de fonctionnement pour prendre des décisions éclairées est primordial. Dans cet article nous vous proposons une lecture des fonctionnements de notre cerveau, pour agir, en pleine conscience !
Article librement inspiré de la conférence du Club Mainpaces, le 13 octobre 2022, par Sophie Lavault, docteure en Neurosciences, ingénieure de recherche, psychologue clinicienne et hypnothérapeute.
Selon Jean-François Le Ny, psychologue spécialisé dans la cognition : « Un biais est une distorsion (déviation systématique par rapport à une norme) que subit une information en entrant dans le système cognitif ou en sortant. Dans le premier cas, le sujet opère une sélection des informations, dans le second, il réalise une sélection des réponses ».
Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité. Les biais cognitifs conduisent le sujet à accorder des importances différentes à des faits de même nature, et peuvent être repérés lorsque des paradoxes ou des erreurs apparaissent dans un raisonnement ou un jugement.
L'étude des biais cognitifs fait l'objet de nombreux travaux en psychologie cognitive, en psychologie sociale et plus généralement dans les sciences cognitives.
Ces travaux ont identifié de nombreux biais cognitifs propres à l'esprit humain à travers de multiples domaines : perception, statistiques, logique, causalité, relations sociales, etc. Du point de vue de leurs domaines, on peut distinguer entre autres des erreurs de perception, d'évaluation, d'interprétation logique. Ces biais cognitifs ne sont généralement pas conscients. Leur caractérisation est importante aussi bien dans les domaines judiciaire que scientifique, puisqu'ils sont vus comme préjudiciables dans un processus logique.
Le cerveau n’aime pas l’incertitude, il interprète et sélectionne les informations qu’il considère comme pertinentes.
Si l’on vous demande de regarder cette image pour une publicité Colgate, que voyez-vous ?
Lorsque l’on demande ce qui ne va pas dans cette image, la majorité des personnes relèvent la dent noire du monsieur, pas très appropriée pour une publicité d’une marque pour le soin des dents…
Cependant, peu de personnes se rendent compte que la dame a 6 doigts sur cette image ! En effet, notre cerveau a fait le tri, et a porté son attention sur ce qui était le plus pertinent, sur ce qu’il attend : les dents ! La main de la dame passe alors inaperçue.
L’attention est dirigée vers ce que le cerveau attend, ce qu’il considère comme le plus probable.
Certains paramètres comme les émotions peuvent avoir une influence nos interprétations.
“Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses.” Epictète
Si on isole 2 groupes, et que l’on montre à un groupe des images neutres, et l’autre des images positives ou négatives, le groupe neutre aura tendance à répondre aux questions posées avec les réponses les plus rationnelles, alors que le 2ème groupe, influencé par ses émotions, même positives, aura tendance à avoir un biais de jugement plus important.
Cette réaction qui peut nous sembler contre intuitive, vient du fait que nos émotions, positives ou négatives, renforcent nos stéréotypes : elles orientent l’attention, ont un impact sur la durée de focalisation, influencent notre façon de percevoir (globalité vs détails) et induisent du jugement.
Nous sommes face à un monde complexe et notre cerveau compose avec des capteurs sensoriels imparfaits … alors pour survivre, il interprète !
La rétine capte 10 milliards d’informations, le nerf optique en récupère 6 millions, le cortex occipital en traite 10 000 et seulement 100 arrivent à la conscience. Sur ces 100 informations conscientes, seulement 10% sont objectives, les 90 autres sont interprétées, et sont donc subjectives, propres à la personne et à son expérience de vie.
Nous pouvons ainsi établir un ensemble de constats :
Notre perception est subjective car notre cerveau a une lecture globale de notre environnement, il fait des raccourcis pour aller plus vite, il émet des hypothèses face à l’incertitude, il cherche à être cohérent avec lui-même et est influencé par notre état émotionnel. Il y a donc autant de “réalités” que de cerveaux qui l’interprètent.
Le Codex des biais cognitifs (2016) classifient les biais selon 4 catégories :
◾ De quoi devons-nous nous souvenir ?
◾ Trop plein d'informations
◾ Nécessité d'agir vite
◾ Pas assez de sens
Faire un pas de côté, et se référer à la liste interactive des biais cognitifs par type de situation pourra être bénéfique, notamment lors d'une prise d'une décision importante !
Favoriser les différents points de vue, ou une forme de leadership plus collectif, permettra de minimiser l’impact des biais individuels et les risques qu’ils entraînent, que ce soit en situation d’urgence, ou lorsque l’on se sent en sécurité et que notre niveau de vigilance peut être abaissé.
Prendre conscience de l'influence de émotions, pensées et réactions automatiques, permettra de comprendre ce qui nous anime, ce qui gouverne les comportements de nos parties prenantes, et de prendre du recul sur une situation.
Reconnaitre dans quel état émotionnel nous sommes, et son impact physique et mental sera utile avant de passer à l’action, notre décision pouvant être influencée par notre émotion. Cela s'apprend, et des pratiques comme la méditation pleine conscience permettent d'observer, de ressentir, et de nommer nos émotions, l'entrainement facilitant l'appropriation et la fluidité de cette reconnaissance.
Savoir que notre type de personnalité aura un impact sur nos façons de voir les situations : un optimiste aura tendance à voir la situation dans sa globalité, alors qu’un pessimiste aura tendance à s’attacher aux détails. En entreprise, il sera donc important de savoir de quel côté nous pousse cette personnalité, et d'écouter à la fois les tempérament plutôt optimistes et les tempérament plutôt pessimistes. Ils auront chacun une manière différente de voir les choses, toutes deux utiles à l'appréciation de la problématique posée !
De manière générale, être conscient de ces biais cognitifs, facilitera la possibilité de compréhension réciproque, en ouvrant la communication de mondes qui peuvent être hermétiques entre eux.
Penser juste, choisir son temps, ajuster la relation, cultiver l'énergie sont dans la philosophie Mainpaces les 4 points cardinaux d'un leadership écologique, pour soi, pour nos entreprises, et pour le monde.
Le cycle de conférences “Neurosciences et écologie du leadership” continue en 2023 !
Le thème de la prochaine session : Le circuit de la récompense.
Les conférences Mainpaces sont réservées aux membres du Club Mainpaces. Envie de participer aux prochaines ? ✍️ Contactez-nous : https://mainpaces.com/contact/
En tant que dirigeant, vous devez prendre des décisions, trancher, arbitrer, orienter, dans un emploi du temps contraint et être capable donc de percevoir le plus rapidement possible les enjeux du problème posé.
Lorsque l’on a la tête dans le guidon, avec le souci de garder la trajectoire et d’embarquer tout le peloton sur le bon chemin, on est parfois frustrés de ne pas prendre le temps de regarder le paysage.
"Regarder le paysage", faire ce pas de côté et prendre de la hauteur pour penser, c’est ce que Mainpaces vous propose dans ses bulles philosophiques.
Cette deuxième bulle philosophique aborde les notions de contrôle et de pouvoir.
Ce sujet est à la fois simple parce que nous en faisons des expériences quotidiennes, mais aussi complexe parce que les mécanismes qui sous-tendent ces rapports et ces relations sont extrêmement riches et qu’il n’est pas simple de les mettre en lumière ou de les conscientiser…
L’un des philosophes qui l’explique le mieux est français : Michel Foucault.
Pour comprendre ce qui se joue dans nos bureaux, nos open spaces et nos salles de réunions, nous allons travailler sur des lieux où les enjeux de contrôle et de pouvoir sont plus visibles et plus radicaux : les prisons notamment, vous allez comprendre pourquoi très vite !
Article librement inspiré de la conférence de Camille Prost
Le pouvoir implique le contrôle : on s’assure que ce que l’on a décidé est effectué
Camille Prost
« Surveiller » et « Punir » sont deux paradigmes, deux modèles de contrôle par l’exercice du pouvoir. Ils sont exposés magistralement dans le premier chapitre de Surveiller et punir, naissance de la prison (Michel Foucault, Gallimard, 1975).
Cela commence par la description atroce, violente et effroyable d’un supplice sur la place publique : celui de Damiens condamné pour régicide en mars 1757. Puis sans transition, sans commentaire de la part de Foucault, il présente juste après le règlement de la « Maison des Jeunes détenus de Paris » rédigé en 1838.
La question que pose Foucault est la suivante : que s’est-il passé en ¾ de siècle pour être passé du premier système à l’autre ? Comment comprendre ce basculement ? Qu’est-ce que ces deux manières de punir, de corriger, de contrôler nous disent des mécanismes de pouvoir ?
Il s’agit non pas d’une analyse historique qui se déploie selon une idée de progrès historique, mais il y a de la part de Foucault la volonté de comprendre le changement de paradigme plus général derrière tout cela.
Au XVIIIème siècle, on assiste à un changement de paradigme avec le passage de la société de souveraineté, à la société disciplinaire.
Modèle supplices / souveraineté | Modèle panoptique / disciplinaire |
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Pouvoir très fort du souverain qui veut rendre visibles les châtiments | Pouvoir qui s’exerce dans espaces clos dédiés / organisation / rationalisation des peines qui doivent être utiles |
Peine de mort théâtralisée = qui montre la souffrance | Peine de mort cachée derrière les murs d’une prison puis supprimée |
Sanction physique pour que le corps se souvienne de la faute / Fonction exclusivement punitive | Emprisonnement pour « corriger » les mœurs / Fonction normalisatrice = redresse l’âme des détenus. Le corps est dompté, dressé, rendu docile, pensé comme outil de production (corps assujetti et productif) |
Sur la place publique | Dans une architecture carcérale / SURVEILLANCE intégrée par les prisonniers eux-mêmes |
A travers le supplice il s'agissait pour le pouvoir d'être visible du plus grand nombre. | Avec le panoptisme la problématique s'inverse. Comment faire en sorte que le plus grand nombre soit visible du plus petit nombre ! |
Pas de connaissance ou de prise d’informations | Connaissances, études, statistiques // pouvoir (inextricablement liés) |
La punition ne s’adresse plus au corps, mais à l’âme des condamnés. L’essentiel n’est plus de punir, mais de corriger et de redresser l’individu … d’organiser. Derrière ce changement dans le système carcéral, il y a un changement dans la société.
Pour comprendre le fonctionnement du modèle disciplinaire, l’architecture du Panopticon est au cœur de la réflexion. Il y a en effet un lien étroit entre l’aménagement d’un lieu (bureaux, écoles, maison…) et les relations de pouvoir qui sont exercées… Quand vous entrez dans une entreprise, vous regardez les bureaux, vous savez immédiatement où se concentre le pouvoir…
Le panopticon est la prison idéale conçue depuis 1791 par l’avocat Jeremy Bentham. Au modèle architectural de la prison idéale de Panopticon correspond un nouveau modèle de pouvoir. De nombreuses prisons construites dans les décennies et les siècles qui ont suivi ont été conçues en suivant ce modèle.
« Le détenu ne doit jamais savoir s’il est surveillé à un moment donné ; mais il faut s’assurer qu’il peut toujours l’être »
Surveiller et punir, naissance de la prison (Michel Foucault, Gallimard, 1975)
En bref, c’est le doute sur l’existence d’un contrôle externe qui donne lieu à un contrôle intériorisé et donc interne !
Ce qui est intéressant, c’est de voir que notamment dans nos parcours professionnels, nous assistons à des scènes qui appartiennent à l’un ou l’autre paradigme :
Gilles Deleuze franchit un pas de plus. Dans un texte de 1990 intitulé Post-Scriptum sur les sociétés de contrôle, Deleuze part des analyses de Foucault pour expliquer NOTRE réalité. Nous sommes passés d’une société disciplinaire à une société de contrôle.
Le contrôle des personnes s'effectue « non plus par enfermement, mais par contrôle continu et communication instantanée » et où « les mécanismes de maîtrise se font […] toujours plus immanents au champ social, diffusés dans le cerveau et le corps de citoyens ».
Tout ce que nous venons d’évoquer est dur, et peut être un peu démoralisant et radical. Evidemment les positions de Foucault et Deleuze ne sont pas neutres, à chacun de se faire son avis… Ce qui nous intéresse maintenant c’est que faisons-nous avec ça ?
Comment passons-nous de la prise de conscience à l’action ?
Vers qui, vers quoi se tourner ?
Une des pistes est l’art, et notamment la littérature… La littérature et ses utopies ou dystopies !
Alain Damasio est un écrivain de science-fiction. Il est connu pour son ouvrage La Horde du Contrevent, qui remporte le grand prix de l'Imaginaire en 2006, sa nouvelle Serf-Made-Man ? ou la créativité discutable de Nolan Peskine, parue dans le recueil Au bal des actifs et Demain le travail remporte le même prix dans la catégorie « nouvelle francophone » en 2018.
Marketing et contrôle des données: comment envisager le futur grâce aux dystopies ?
Hormis la littérature, que retenir ? Peut-on s’affranchir ? Autorité et responsabilité !
Responsabilité… Plus le pouvoir est grand, plus la responsabilité est importante. Il n’y a pas de fonctionnement humain sans contrôle ni pouvoir, mais rien ne sort de bon si l’on n’intègre pas que le pouvoir est indissociablement lié à la responsabilité :
Nous basculons alors sur un autre vaste pan de la philosophie : l’éthique !
Il a été question d’histoire, de milieux, de règlements, de mécanismes. Toute société a ses mécanismes de contrôle et de pouvoir. L’univers de l’entreprise ne fait pas exception à la règle.
Nous vivons un moment de l’histoire du management où nous voulons rejeter les effets néfastes d’une forme de direction jugée archaïque, paternaliste, vieille école, pour un management plus horizontal, des fonctionnements plus collaboratifs, des rapports d’égal à égal.
C’est certainement un progrès, porté par des technologies de communication qui changent la forme et la temporalité du rapport à l’autre.
Il n’en demeure pas moins que le contrôle et le pouvoir restent.
Ils se transforment, les paradigmes changent mais il est vain et potentiellement dangereux de s’imaginer les annihiler.
Le monde du travail est celui du contrat, qui fixe les relations d'échange entre salarié et employeur, entre deux parties qui collaborent. “Le monde du travail impose indéniablement des rapports de force qu’il faut conscientiser pour fixer les règles et les limites, et permettre à ce qui fait la richesse des relations humaines de se développer.” Camille Prost
Il y a une forme de créativité dans l’exercice managérial, stimulée par l’accélération des changements technologiques et sociétaux. Il est de la responsabilité de chacun de refuser l’angélisme, l’ignorance des mécanismes réels, causes premières des problèmes relationnels, et de faire face à l’analyse d’une situation critique. Les philosophes, les sociologues, les scientifiques,.. nous apportent des clés de compréhension de l’humain et des systèmes d’interaction dans lesquels nous pouvons plonger pour nous ajuster en conscience.
Pour participer à la prochaine bulle philosophique ou aux évènements de Club, écrivez-nous ici.
Article librement inspiré de la conférence de Camille Prost, docteure en philosophie, Club Mainpaces, septembre 2022
Le sociologue et coach exécutif Frédéric M. Hudson a identifié les phases principales autour desquelles s’organise l’évolution d’un individu. Il met en évidence que le changement est permanent. Plutôt que de toujours chercher à atteindre un état de plénitude stable, il nous invite à conscientiser que la vie est faite de perpétuels recommencements et changements.
Le cycle du changement est constitué de 4 phases qui se succèdent, et qui peuvent être associées aux 4 saisons. Il n’y a pas de temporalité définie à chaque phase, cela dépend de chacun et du contexte. C’est un outil simple et efficace pour comprendre où nous en sommes, et que faire pour avancer.
Dans cette phase, je suis dans l’action. Je suis déterminé, congruent, en haute énergie. J’ai une vision claire de là où je vais et j’avance avec un rythme élevé. Je ressens de la plénitude et de la joie. Au sommet de cette phase, j’ai le sentiment d’être au plus haut niveau de mon potentiel et de ma puissance, et que cela ne s’arrêtera jamais. Pour autant, la roue tourne.
Je commence à me rendre compte que tout n’est pas si rose, à entendre quelques fausses notes, à ressentir d’autres émotions comme de l’agacement, de la frustration, de la colère. Je perds mon enthousiasme et je peux être mécontent et défensif. Pour sortir de cette phase, deux chemins sont possibles :
C’est une phase de prise de recul, de prise de hauteur, de réflexion, de cocooning. Je me replie et j’entre en introspection pour voir ce qui est important pour moi. Mon énergie baisse, je peux ressentir de la tristesse, de l’impuissance, mais aussi du soulagement et de l’acceptation. Je cicatrise, je me ressource, je retrouve du sens et je me reconstruis. L’Hiver peut paraître long et rude, mais le Printemps finit toujours par arriver.
Je me suis ressourcé, des possibilités apparaissent. Je vais expérimenter et explorer les options. Je rencontre du monde et je recrée des connexions. Je suis optimiste et audacieux. Mon niveau d’énergie remonte et je progresse vers quelque chose de nouveau. C’est en prenant une décision, en faisant des choix et en m’engageant, que je reviens en Été.
Exemple 1 : un cycle de quelques minutes dans le cadre d’une activité personnelle
Je décide d’aller courir, je m’habille et je sors (été). Mince il pleut (automne), j’y vais ou pas ? Je peux décider de mettre un kway, ou bien que la pluie est fine et ne me gène pas, et je vais courir (retour en été). Ou bien je laisse tomber l’idée d’aller courir. Alors qu’est-ce que je fais maintenant ? (hiver) Est-ce que j’ai besoin de faire du sport ou de prendre du temps pour moi ? Je pourrais faire une séance de yoga, ou bien lire un livre, ou encore regarder un film (printemps). Ok, c’est parti pour le yoga (retour en été).
Exemple 2 : un cycle de quelques mois dans le cadre d’une activité professionnelle
Le dernier séminaire d’équipe a été l’occasion de brainstormer et trouver de nombreuses idées de nouveaux services (printemps). Une idée principale a retenu notre attention et nous avons décidé, pleins d’enthousiasme, de lancer ce service. Pendant trois mois l’ensemble de l’équipe s’est mobilisée pour mener à bien ce projet (été), et nous avons été fiers d’annoncer ce nouveau service à nos clients. Mais le service est loin d’avoir les succès espérés (automne). Les commerciaux ont remonté de nombreux retours clients, et nous avons ajusté plusieurs fois (allers-retours automne-été) la proposition de valeur et le prix, mais sans résultat. Il est temps de faire une rétrospective et d’apprendre de nos erreurs (hiver), en nous demandant : que s’est-il passé ? Pourquoi n’a-t-il pas suscité l’intérêt espéré ? Avons-nous suffisamment pris en compte les besoins des clients ? Afin qu’au prochain séminaire nous ayons de meilleures idées et prenions de meilleures décisions.
Choisissez une situation, un rôle, un projet ou une relation. Où vous situez-vous dans le cycle ? N’hésitez pas à prendre du papier, à tracer le cercle avec ses 4 phases, et mettre une croix là où vous vous situez.
Qu’est-ce que vous en comprenez ?
Qu’est-ce que cela vous donne envie de faire ?
Nous vous partageons des pistes d’actions à mettre en place selon la phase où vous vous situez :
Collectif Mainpaces
Le Club Mainpaces a pour vocation d’inspirer, apprendre, développer, rassembler, des leaders sous des formats variés qui font bouger le corps et l’esprit. Quoi de plus naturel que de commencer par une “bulle philosophique”, admirablement déployée par Camille Prost, et prendre de la hauteur pour penser. Nous sommes ravis de vous partager ce contenu riche dans cet article.
Bonne lecture,
Thérèse Lemarchand, Mainpaces
En tant que dirigeant, vous devez prendre des décisions, trancher, arbitrer, orienter, dans un emploi du temps contraint. Lorsque l’on a la « tête dans le guidon », nous n’avons pas forcément le temps de prendre une réelle pause, le temps d’observer ce qu’il y a autour, de simplement regarder le paysage.
« Regarder le paysage », faire ce pas de côté et prendre de la hauteur pour penser, c’est ce que Mainpaces et sa première bulle philosophique vous proposent. Connaissance de soi et connaissance des autres, quels outils la philosophie nous enseigne-t-elle pour se retrouver, et pourquoi ?
Nous vivons un moment charnière, une période de grands bouleversements qui remet en question notre rapport au monde, à la planète, à l’animal, aux questions de genre, à la famille, ou encore notre rapport au travail… Dans un monde de changements où tout s’accélère, il est nécessaire de disposer des outils pour savoir s’arrêter.
« Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue »
Victor Hugo
Le terme français « philosophie » est un terme d’origine latine (« philosophia »), emprunté du grec « philein » (aimer) et « sophia » (sagesse).
La philosophie peut être définie comme l’ensemble des questions que l'être humain peut se poser sur lui-même ainsi que l’examen des réponses qu'il peut y apporter. C’est une vision non scientifique, systématique et générale du monde qui concerne l’esthétique, l’éthique, la logique, la métaphysique, la morale, l’ontologie ou encore la théologie.
Il est important de revenir sur son étymologie puisque la philosophie a comme point de départ, une réflexion sur le sens des mots, leur définition, les termes qui s’en approchent, qui s’y opposent. En ce sens, la philosophie nous guide pour comprendre l’essence des choses et des mots qui s’y rapportent. Dans la Théorie des formes, Platon définit cela comme « L’Idée » de la chose, Idée universelle et immuable (ou encore archétype) qui appartient au monde de l'intellect, et modélise ce que nous percevons avec nos organes sensibles.
Ce travail de définition approfondi est précisément ce que fait Socrate, personnage principal des dialogues de Platon. Socrate discute avec des athéniens et les met devant leurs propres contradictions pour les aider à préciser, corriger, affiner leur pensée.
Ces travaux sont à l’origine de la philosophie occidentale. Cette méthode s’appelle la maïeutique : art de l'accouchement dans le milieu médical, la maïeutique désigne par analogie en philosophie, l'interrogation sur les connaissances.
Socrate — dont la mère, Phénarète, était sage-femme — parlait de « l’art de faire accoucher les esprits ». De manière concrète, il posait des questions faussement naïves, écoutait et s'arrangeait pour que l'interlocuteur se rende compte de ses manques de précision et de ses contradictions dans ses raisonnements. Les personnes se rendaient ainsi compte que, alors qu'elles croyaient savoir, elles ne savaient pas. Inversement, il amenait également ses interlocuteurs à se rendre compte qu'ils possédaient des connaissances en les guidant à travers leur réflexion.
Que faut-il retenir de ce processus philosophique ? Que la réponse n’émane pas de l’extérieur : la vérité est en nous, et c’est la responsabilité de chacun de réaliser ce travail sur soi.
Le coaching et certaines techniques de management aujourd’hui reposent sur ce principe qui date du 5ème siècle avant JC.
Dans toute démarche de coaching, le coach part du principe que c’est la personne ou l’équipe qui détient les solutions. Le coach met seulement en œuvre un processus, c’est-à-dire une méthodologie à base d’écoute et de questions. Ce processus interactif accompagne chaque personne ou équipe et les amène à révéler leurs ressources et leur potentiel. Le coaching ne fait, finalement, qu’engager vers plus d’autonomie et de créativité pour permettre à chacun de trouver les solutions qui lui conviennent. C’est ce processus simple, inspiré de la maïeutique socratique, qui en fait un outil si puissant.
« Connais-toi toi-même », la fameuse formule de Socrate mis en scène par Platon, était enseignée aux dirigeants au temps des philosophes antiques. Les philosophes étaient en effet dans l’Antiquité les précepteurs des hauts dirigeants. Par exemple, Aristote a été le précepteur d’Alexandre le Grand, et Sénèque, le précepteur de Néron (dommage !). Ils les amenaient à connaître leurs limites, leurs peurs afin de maîtriser l’art de gouverner.
Cet enseignement consistait à apprendre à connaître l’étendue de ses connaissances, et à reconnaître son ignorance. Finalement, apprendre à être à sa juste place dans la Nature et dans le monde.
Les examens de conscience :
Le matin : avant de se lever, passer en revue sa journée à venir, les différents moments et examiner les points qui pourraient poser problème. Si on sait qu’on est de nature impulsive, s’il y a un moment où l’on sait que l’on peut s’emporter, visualiser la manière dont ce penchant naturel pourrait être contrôlé et ces tensions désamorcées. C’est aussi prioriser…
Le soir (variante ou complément) : se repasser le film de sa journée, et se dire « comment aurais-je pu être meilleur ? ». On ne parle pas là de performance pure, les Grecs prônent la mesure.
Hartmut Rosa propose une théorie de l’accélération sociale dans nos sociétés contemporaines, susceptible de penser ensemble l’accélération technique (celle des transports, de la communication, etc.), l’accélération du changement social (des styles de vie, des structures familiales, des affiliations politiques et religieuses) et l’accélération du rythme de vie, qui se manifeste par une expérience de stress et de manque de temps.
La modernité tardive, à partir des années 1970, connaît une formidable poussée d’accélération dans ces trois dimensions. Au point qu’elle en vient à menacer le projet même de la modernité, ou l’idée d'agir en conformité avec son temps et non plus en fonction de valeurs, considérées de facto comme « dépassées ». Dissolution des attentes et des identités, sentiment d’impuissance, « détemporalisation » de l’histoire et de la vie viennent bousculer les idées d'émancipation, de croissance, d'évolution, de progrès et d'innovation.
Hartmut Rosa parle d’une “fuite en avant de la modernité”, et montre que la désynchronisation des évolutions socioéconomiques et la dissolution de l’action politique, font peser une grave menace sur la possibilité même du progrès social.
Plus que jamais, il est donc nécessaire de philosopher, de prendre de la hauteur, de s’accorder du temps, du réel temps pour soi. Loin d’être abstrait, philosopher ouvre une manière d’être au monde et sa manière de vivre, et, comme nous l’avons vu avec les exercices spirituels antiques, propose des règles très pratiques.
Aujourd’hui la science, la technique, l’économie, l’organisation sociale et politique ont rendu les êtres et les choses disponibles de manière permanente et illimitée.
Mais alors que toutes les expériences et les richesses potentielles de l’existence gisent à notre portée, tout se passe comme si elles se dérobaient à nous.
Le monde se referme mystérieusement ; il devient illisible et muet. Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Le surgissement de crises révèle l’inanité d’une volonté de contrôle qui débouche sur un chaos généralisé.
Et, à mesure que les promesses d’épanouissement se muent en injonctions de réussite et nos désirs en cycles infinis de frustrations, la maîtrise de nos propres vies nous échappe.
S’il en est ainsi, suggère Hartmut Rosa, c’est que le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Telle est la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous débattons. Pour la résoudre, l’auteur ne nous engage pas à nous réfugier dans une posture contemplative, mais à réinventer notre relation au monde.
C’est un besoin de transcendance qui s’exprime, un besoin existentiel qui dépasse notre horizon quotidien. Quels sont les moyens et les domaines qui pourraient, dans nos vies bien agitées, bien remplies, nous offrir cette résonance avec le monde, nous faire vivre l’indisponibilité du monde ?
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Article librement inspiré de la conférence de Camille Prost, docteure en philosophie de la musique, Club Mainpaces d’Avril 2022
Depuis 2021 aux Etats-Unis, plus de 4 millions de travailleurs en moyenne quittent volontairement leur emploi chaque mois. Ce qui, en cumulé sur un an, correspondrait à un salarié sur trois. Même si on n’observe pas la même explosion en Europe, l’accélération des démissions commence à se faire sentir, et un nombre croissant d’entreprises font part de difficultés de recrutement. Médiocrité des conditions de travail renégociées, perte de sens, ou crise du consentement ?
On aborde dans cet article des éléments essentiels pour fédérer les salariés et mieux recruter. L'identité employeur et ses fondamentaux, le rôle de l'imagination dans la motivation des talents,, le coaching comme vecteur de mobilisation.
Bonne lecture !
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Dans l’ensemble des enjeux et des solutions qui foisonnent aujourd’hui dans les médias, nous avons souhaité poser 3 fondamentaux : Clarté, Cohérence, et Motivation.
Clarté d’abord, car pour fédérer une équipe, encore faut-il en avoir une, et à l'heure de la guerre des talents la partie est loin d'être jouée. Pour cela la marque employeur a un rôle majeur à jouer, elle doit être visible sur les réseaux et dans les groupes d'influence où communiquent ses viviers, avoir une identité de marque lisible quel qu’en soit le support et l’entité qui la porte au sein de son Groupe, être porteuse de sens et d’engagements sociétaux.
Cohérence, car au-delà du message, cette identité et ces valeurs doivent être incarnées dans les personnes et les actes. Toute la chaîne hiérarchique est ici concernée. Une entreprise est à l’image de ses dirigeants, et les collaborateurs ne quittent pas l’entreprise, ils quittent leurs managers. Ces derniers ont beaucoup à apprendre pour développer les compétences relationnelles, d’organisation, et de communication nécessaires, resserrer le lien avec chacun des membres de leurs équipes, et renforcer une culture maison.
La motivation est un sujet éminemment complexe, car elle touche à la fois à l’intime, aux éléments d’interaction entre l’individu et sa contribution, et ce que lui en renvoie l'organisation - les règles du jeu auxquelles je choisis ou non de consentir. Du plus profond au plus extérieur, nous pourrions citer :
Dans son livre Jung, Frédéric Lenoir souligne à quel point cet équilibre indispensable entre intériorité et extériorité a été fondamentalement détruit, et comment le cœur et l'imaginaire, sans lesquels l’individu dépérit, ont été sacrifiés sur l’autel de la raison. Citant Jean-Jacques Wunenburger, il indique que le réenchantement du monde de l'entreprise, comme celui du monde au sens large, passe par l'imagination et se nourrit de récits, d'archétypes et de symboles “qui traversent nos perceptions, notre mémoire, notre besoin d'anticipation, nos relations aux autres, notre rapport aux institutions, mais aussi servent à créer des oeuvres d'art, à aménager nos espaces, à structurer nos calendriers, à diriger des hommes ou à instituer des rites."
Inspirer, c’est intéresser et donner l'occasion à quelqu'un, à son imagination, à ses capacités intellectuelles de s'exercer facilement. C’est plus que jamais un rôle dont les leaders doivent s’emparer pour fédérer et motiver les talents.
Le cœur de la démarche de coaching repose sur les fondamentaux “clarté et cohérence”, fondamentaux qui sont les préoccupations centrales des “démissionnaires”. Dans sa dimension existentielle, le coaching aborde également la motivation. La motivation touche à l’intime et est un véritable tremplin vers la connaissance et la conscience de soi. Qu'est ce qui fait que je m'engage pleinement aujourd'hui dans mon action, que je prends des risques sans me mettre en danger, ou que je procrastine ?
En ce sens, le coaching représente un espace où se réconcilient l’intime et l'extérieur, l'environnement personnel et organisationnel. Il prépare une meilleure insertion dans le collectif. A titre d'exemple, les constellations d’organisation font particulièrement le lien sur ces enjeux en favorisant la prise de conscience . Métaphore de la complexité d’une entreprise, la constellation est aussi le révélateur de sa logique profonde. Elle permet de travailler sur les représentations individuelles, sur leur évolution et sur l’émergence d’une vision commune à partir de ces représentations.
Différentes portes d'entrée et outils de coaching existent, choisir les bons fait la différence, et les coordonner pour créer du levier est au coeur de la démarche de coaching global proposée par Mainpaces. Travailler ses représentations, développer ses sens et ses capacités de perception, s'engager corporellement à travers des pratiques de visualisation, de gestion du stress, d'incarnation de personnages inspirants, sont autant de moyens efficace pour initier un processus de changement durable.
Le coaching est un espace d’engagement en soi, d’évolution et de recherche dans lequel sont activement en jeu les capacités d’imagination et de recul qui propulsent la personne vers une approche à la fois plus collaborative et plus distancée. Bonne pour vous, bonne pour votre entreprise.
Thérèse Lemarchand, CEO Mainpaces
Dans une société où l’information et les images sont surabondantes, l’enjeu ne peut plus être de tout voir, mais de voir mieux, c'est-à-dire de discerner, observer en questionnant, et non en subissant des représentations.
En coaching exécutif intégratif, l'accompagnement au discernement peut passer par l'approfondissement du regard. L’art contemporain apporte une dimension supplémentaire comme expression vivante de ce que nous sommes, un miroir où décoder notre époque complexe.
Nous vous invitons en auto-coaching à exercer votre sens du regard et à reproduire régulièrement l’expérience qui vous est partagée ci-dessous : prenez chaque semaine, chaque mois, dans un lieu d’art un moment à plusieurs (plusieurs pouvant être deux, son conjoint, un enfant, des amis, ..), observez, décrivez, partagez, et discernez.
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Introduction par Thérèse Lemarchand
Lors de notre rencontre de Juin du Club Mainpaces, nous sommes allés aiguiser notre regard à l’exposition Charles Ray de la Bourse du Commerce. Au-delà de la convivialité du moment et de l’intérêt culturel de la chose (qui sont déjà deux points loin d’être anecdotiques J ) pourquoi prendre le temps de changer de regard dans ce temple de l’art contemporain ouvert par un magna du luxe ? Est-ce un parti pris à la mode, ou juste ma danseuse personnelle ? Gardant les pieds sur terre, un objectif clé de coaching nous a poussé à partager et approfondir ce moment :
Exercer notre capacité à discerner, c’est-à-dire à apprécier avec justesse et clairvoyance une situation, des faits, développer notre intelligence, et notre sens critique.
Le discernement est essentiel en situation de décision. Quelle solution je choisis, comment je comprends les éléments qui me sont rapportés sur la dérive de ce projet ? Comment ce conflit peut-il être résolu ? Où se trouvent nos leviers de croissance ? ….
Deux pistes sont possibles pour mieux observer et discerner notre environnement ou une situation :
Transposé au sein d’un espace d’exposition, toute une expérience en découle, d’appropriation de la matière, des volumes, des pleins et des vides, de la lumière et de l’absence de couleur, de l’histoire qui se tisse d’une œuvre à l’autre. C’est une expérience très physique (au-delà des centaines de mètres parcourus d’un pas enlevé !), puisqu’elle nait de l’observation et de l’expression des ressentis, des émotions et des sentiments qui émergent et évoluent au fil de la confrontation avec l’œuvre et ceux de la communauté d’observateurs que nous constituons.
Nous en ressortons plus riches, de ce que nous sommes et dont nous avons pris conscience, de ce que les autres nous ont apporté, d’avoir consolidé notre capacité à observer, et de là développer la puissance de notre pensée, en confrontation avec ce que l’art contemporain nous dit également du monde.
Article par Hélène Mugnier
Face à la multiplication des musées et des foires d’art contemporain, on pourrait croire à un enthousiasme collectif partagé. Polémique et malentendus s’accumulent plutôt entre le public (c’est-à-dire chacun de nous) et les œuvres proposées. Autant dire que l’art contemporain déroute, agace et frustre nos attentes. En un mot, est-ce encore de l’art alors qu’à première vue au contraire, « un enfant de 4 ans pourrait en faire autant » ?
Dans l’art comme dans bien d’autres domaines contemporains, nos repères sont bousculés, voire renversés. Le « ni fait ni à faire » s’est substitué à la virtuosité du savoir-faire ; les matériaux les plus vulgaires ont remplacé la beauté idéale ; la froideur intellectuelle nous frustre de toute émotion. On ne parle d’ailleurs plus de peintre ou de sculpteur mais « d’artistes plasticiens ». Et plus question de rester contemplatifs devant leurs objets exposés, leurs « installations » nous obligent au contraire à nous déplacer autour, à interagir de manière active. Bref, soit les artistes se moquent de nous, soit nous passons pour des crétins ! L’explosion des repères n’est pas des plus confortables à vivre.
“L’enjeu de l’art contemporain n’est pas seulement de provoquer nos attentes et exigences. Il est aussi de nous inviter à apprivoiser de nouveaux repères, moins obsolètes et plus adaptés au monde contemporain.”
Hélène Mugnier
Et si, face à cette inversion des critères de l’art, nous changions à notre tour de regard sur l’art ? Après tout, pourquoi ne pas nous emparer de la proposition interactive des artistes et jouer avec ? Pourquoi ne pas cesser de toujours prendre au sérieux l’œuvre d’art comme un objet sacré, réservé à une élite savante ? Pourquoi ne pas nous approprier un regard critique et personnel, sans nous laisser contaminer par les jargons savants ? Pourquoi subir le musée comme un lieu de savoir et les œuvres commes des icônes sacrées ? L’enjeu de l’art contemporain n’est pas seulement de provoquer nos attentes et exigences. Il est aussi de nous inviter à apprivoiser de nouveaux repères, moins obsolètes et plus adaptés au monde contemporain.
L’expérience ludique et critique de l’art contemporain ouvre de nouveaux chemins de pensée. C’est plus une aventure à vivre qu’une démonstration imposante, l’occasion d’exercer notre propre créativité et de proposer de nouvelles hypothèses pour comprendre notre réalité. Si l’art contemporain nous ramène en enfance, c’est peut-être tout simplement pour nous rappeler que nous avons besoin d’expérimenter l’inconnu pour nous sentir vivre ! Rien n’est plus excitant et stimulant pour l’être humain que le déffrichage du neuf. La nostalgie du « c’était mieux avant » nous l’aurait-elle fait oublier ? Les discours dominants insistent sur les mots « crise », « rupture », « décadence ». Les artistes, eux, préfèrent les termes « opportunité », « ouverture », « réinvention ». Oserons-nous leur emboîter le pas pour construire le monde de demain ?
“Par leur capacité à mettre en forme leur environnement sans passer par l’intellect, en court-circuitant les mots et les concepts classiques, les artistes produisent des formes signifiantes.”
Hélène Mugnier
Quand on songe aux mutations qui secouent la société, la culture, la politique, l’économie depuis l’ère industrielle de la machine et de la vitesse, soit depuis le XIXe siècle, il n’y a guère de quoi s’étonner que l’art ait muté lui aussi. Les cathédrales gothiques étaient le miroir d’un fervent Moyen Âge chrétien; la Joconde ou la Chapelle Sixtine symbolisent l’Humanisme occidental et de la Renaissance. Pourquoi l’art d’aujourd’hui ne serait-il pas lui aussi une sorte de sismographe de qui nous sommes, un miroir où décoder notre époque complexe ?
Par leur capacité à mettre en forme leur environnement sans passer par l’intellect, en court-circuitant les mots et les concepts classiques, les artistes produisent des formes signifiantes, qui dépassent les « tendances » de surface que nous avons appris à repérer. Ce sont les signaux faibles de mutations beaucoup plus profondes et durables qu’ils donnent à entendre.
"Que pourrait nous apprendre l'art contemporain ? Ouvrir les yeux sur le réel tout simplement !"
Hélène Mugnier
Le plus grand paradoxe de notre temps est sans doute de vivre dans un monde d’images sans en avoir jamais appris le décodeur ! Nous commentons à foisons chiffres et commentaires, certes. Sauf que notre langue commune dans un monde globalisé est d’abord visuelle, à commencer par les logos de marques ou les images télévisuelles !
Dépourvus donc de méthodologie appropriée, quand prenons-nous le temps d’observer notre environnement ? De trier et hiérarchiser les images qui font sens pour les distinguer des autres ? Ne sommes-nous pas tentés plutôt de prendre pour argent comptant ce qui nous est donné à voir ? « C’est dit dans le poste, donc c’est vrai » ; « je l’ai vu, c’est une évidence pour tout le monde »
Face au déferlement d’images qui s’accélère tous les jours, notre œil sature, notre vigilance s’anesthésie, notre capacité d’observation s’étiole. L’enjeu ne peut plus être de tout voir, mais de voir mieux, c'est-à-dire de discerner, observer en questionnant, et non en subissant la manipulation des images. Agir dans la complexité et l’incertitude, ce n’est pas s’en remettre aux recettes obsolètes d’hier, mais oser se forger une intime conviction et l’assumer pour décider.
Voir est devenu plus que jamais un « art »… qui s’apprend, s’entretient, se remet en question, évolue, se travaille, s’affine.
Pour participer aux évènements de Club Mainpaces, écrivez-nous ici.
Hélène Mugnier
Hélène Mugnier est historienne de l’art (diplômée de l’Ecole du Louvre), spécialisée sur l’art contemporain, comme sismographe de notre environnement. Après avoir créé une agence de communication par l’art (Artissimo) de 2000 à 2005, elle est consultante indépendante en management depuis 2007. Elle anime des formations sur l’innovation, la créativité, le discernement et la complexité. Elle poursuit par ailleurs une activité de recherche sur les mutations contemporaines. Elle est membre du Comité de rédaction de la revue Esprit.
Publications : Art et Management, du fantasme à la réalité, (Demos, 2007), Quand la nature inspire les peintres (Plume de Carotte, 2012)
Blog : https://artetnous.typepad.com/
« L’émotion est le sentiment d’un plaisir ou d’un déplaisir actuel qui ne laisse pas le sujet parvenir à la réflexion. Dans l’émotion, l’esprit surpris par l’impression perd l’empire sur lui-même » Emmanuel Kant
Une émotion est une réaction psychologique et physique à une situation.
Les progrès effectués en neurosciences et physiologie permettent d’identifier les systèmes d’interactions complexes qui les régissent, et de comprendre leur dimension très concrète.
Tous ces mécanismes émotionnels activent ou inhibent la transmission des informations sensitivo-sensorielles à notre mémoire, et notre capacité à réagir de façon appropriée.
Au-delà de colorer nos réactions et notre relation au monde, à travers les mécanismes de régulation de l’organisme, les émotions ont un impact majeur sur l’énergie de la personne.
Elles ne peuvent plus être écartées dans l’environnement économique d’où elles ont souvent été bannies, et il est fondamental d’apprendre à les comprendre et les utiliser, tant pour soi, pour les personnes avec lesquelles nous sommes en interaction, que pour l’efficacité des écosystèmes dans lesquels nous sommes engagés.
Des techniques de préparation mentale ont été développées en ce sens depuis plusieurs dizaines d’années, et il est grand temps que les dirigeants s’en emparent !
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“ Fin 2013, nouveau tournant. Après un débat interne, Areva démobilise les sous-traitants en charge de la construction et se focalise sur l'ingénierie. Ce qui va affaiblir sa position dans l'arbitrage. Areva remobilise un an plus tard. Le dialogue de sourds persiste. « Luc Oursel disait qu'avec les Finlandais, il ne se passait jamais rien émotionnellement », se souvient un ancien.”
Cet article des Echos - sur la saga des EPR français, met bien en évidence l’enjeu majeur des émotions à plus haut niveau du business. Nous allons donc tenter de décortiquer ce que sont les émotions, et comment les utiliser.
L’étymologie du terme « émotion », qui vient du latin e movere, signifie « ébranler », « mettre en mouvement ». L’émotion est avant tout mouvement, que le Larousse définit comme “un trouble subit, une agitation passagère causée par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, etc.”
Elle a d'abord une manifestation interne et génère une réaction extérieure. Elle est provoquée par la confrontation à une situation, et à l'interprétation de la réalité [1].
L’expression de l’émotion est fondamentalement corporelle, et une équipe de chercheurs finlandais a pu dresser une cartographie, sur laquelle on observe quelles parties du corps réagissent selon le ressenti émotionnel [2]. La honte a pour effet de faire rougir le visage de certains. La colère aussi, a tendance à faire monter le rouge au visage mais pas de la même façon, contracter les muscles du cou et serrer les poings. La peur et l'anxiété, elles, se localisent plutôt dans la poitrine voire dans le ventre jusqu’à éventuellement créer des douleurs, quand l'amour lui se manifeste un peu partout sous la forme de chaleur.
Elle précède le sentiment ou l’humeur, qui possèdent une durée plus longue.
Le psychologue américain Paul Ekman, considéré comme l'un des cent plus éminents psychologues du xxe siècle, fut l'un des pionniers de l'étude des émotions. Par l’étude des expressions faciales humaines, il pose en 1971 six émotions fondamentales, qu’il élargit ensuite au nombre de 16 :
Robert Plutchik s’empare de ces recherches, et développe en 1980 une “roue des émotions”, dans laquelle les émotions fondamentales de Paul Ekman apparaissent au 2è cercle. Les couleurs et la distance au centre de la roue de Plutchik illustrent les émotions de base dans leurs divers degrés d'intensité.
Enfin, elles peuvent se combiner l'une à l'autre pour former des émotions différentes. Le cercle représente également les combinaisons primaires (dyades primaires) de deux émotions contiguës, par exemple l’association de l’anticipation et de la joie conduit à l’optimisme. Plutchik développe également des dyades secondaires et tertiaires, l’association de la joie et de la peur (dyade secondaire) générant de la culpabilité ; celle de la colère et de la confiance (dyade tertiaire) générant de la domination [3].
De nombreuses recherches se sont déployées dans le temps depuis les travaux de l’anatomiste Franz Josef Gall (1758-1828), afin d’identifier une localisation anatomique du « cerveau des émotions » et de comprendre leur mode de fonctionnement. La période contemporaine a permis des développements expérimentaux très significatifs avec la neurophysiologie et les neurosciences. Elles réfutent l’existence d’un “cerveau limbique” entièrement dédié aux émotions, et parlent de système reliant des structures plus ou moins dédiées et/ou impliquées dans les émotions [4].
Les travaux des pionniers Paul Broca (1878), James Papez (1937), et Paul D. MacLean (1952) suggèrent que les émotions seraient associées à un groupe de structures au centre du cerveau appelé le système limbique, qui se compose de l’hypothalamus (régulation des glandes endocrines et du système immunitaire), le cortex cingulaire, l'hippocampe (mémoire et navigation spatiale), et d’autres structures (par exemple l’amygdale - essentielle dans la gestion du danger).
La réception d’un stimulus induit des mécanismes bio-chimiques, liés à la stimulation du système nerveux central, du système nerveux autonome, et du système hormonal.
Ces décharges électriques et chimiques viennent activer ou inhiber les synapses, en même temps que le cerveau est informé d’un changement d’état du corps. La recherche permanente de l’homéostasie (état d’équilibre) par le corps implique en retour une régulation.
Les émotions dites primaires sont les émotions innées, pré-programmées à la naissance. Mais leur prise de conscience permet d’élargir une stratégie de défense : si l’on apprend “qu’un animal, objet, une situation X provoque une réaction de peur, vous aurez deux façons de vous comporter vis-à-vis de X. La première est innée ; il ne vous est pas possible de la dominer. (...) La seconde (...) repose sur votre expérience vécue et est spécifique. (...) En bref, la perception de vos états émotionnels, autrement dit la conscience de vos émotions, vous permet une réponse modulable en fonction de l’histoire individuelle de votre interaction avec l’environnement.” [6]
Ainsi, les émotions influent sur l'activité de zones du cerveau qui gèrent notre attention, motivent notre comportement, et déterminent la signification de ce qui se passe autour de nous.
Pourquoi ce sont dans les plus grandes rencontres sportives comme les JO que les records sont dépassés, ou dans les finales de Coupe du Monde que les joueurs marquent leurs plus beaux buts ? Car l’état d’éveil émotionnel des athlètes est à ce moment maximal.
Tous ces mécanismes émotionnels activent ou inhibent (accélèrent ou ralentissent) la transmission des informations sensitivo-sensorielles à notre mémoire, et notre capacité à réagir de façon appropriée.
Corps et cerveaux fonctionnent de façon indissociable [7], et pour ressentir une émotion, il est nécessaire que les signaux neuraux en provenance des viscères, muscles, articulations, neurones modulateurs du tronc cérébral, les signaux endocrines et autres signaux chimiques parviennent au cortex cérébral.
“Lorsque les signaux relatifs à l’état du corps sont de nature négative, la production des images mentales est ralentie, leur diversité est moindre, et le raisonnement est inefficace ; lorsque les signaux émanant du corps sont de nature positive, la production des images mentales est vive, leur diversité est grande, et le raisonnement peut être rapide, quoique pas nécessairement efficace.”
D'un point de vue neuroscientifique, les émotions sont la représentation physiologique d'interactions entre les sens, la mémoire, les états du corps. Elles créent un mode particulier d'efficacité des processus cognitifs. Ce sont des indicateurs qui permettent au capitaine du bateau, au leader de naviguer. Ne pas écouter ses émotions revient à mener son business les yeux bandés.
Comme nous l’avons vu précédemment, l’émotion est une impulsion qui a un effet immédiat sur le métabolisme général.
Cette mise en mouvement va induire une réaction du système d’homéostasie de l’organisme, qui va chercher à retrouver un point d’équilibre. La finalité de cette régulation biologique est d’assurer la survie de l’organisme. Il va gérer, réguler, de façon génétiquement programmée pour fuir la douleur et rechercher le plaisir, dans le contexte de situations sociales. Ce mécanisme d’homéostasie est naturellement énergivore, dans le sens où il consomme de l’énergie jusqu’à avoir retrouvé un nouvel état d’équilibre.
Comprendre et maîtriser les émotions permet donc de préserver son énergie, et d’avoir la capacité de s’adapter à son environnement.
Cette relation émotions-énergie est essentielle, et souligne à quel point la connaissance intime de soi est importante pour pouvoir agir sur les différents paramètres permettant une gestion de l'énergie pratique et efficace. La régulation de l’organisme peut elle-même être influencée par la volonté, des exercices appropriés, et donne ainsi à l’organisme une capacité d’adaptation phénoménale, pour toutes les difficultés de la vie quotidienne (enjeux majeurs, agressions, incompréhensions, maladies,...).
Les émotions sont ainsi “une sorte de câblage neurologique que l'on peut modifier avec un entraînement mental spécifique, explique Sylvain Baert dans un article dédié du Journal l’Equipe. C'est comme un quotient émotionnel qui peut se travailler ».
« Cette intelligence émotionnelle fait référence à la capacité à identifier, comprendre, gérer et exprimer nos émotions. Un sportif intelligent émotionnellement, c'est quelqu'un qui est capable de prendre conscience de ses émotions et de savoir les contrôler mais aussi de savoir capter et gérer celles des autres ».
Il en est de même pour un dirigeant, et le coaching et des techniques de préparation mentale peuvent être travaillés pour développer :
Le body-scan, la relaxation, les exercices de visualisation, la respiration et la cohérence cardiaque, la méditation pleine conscience sont des outils fréquemment utilisés dans ces objectifs.
Le philosophe Emmanuel Kant (1724 - 1804) avait clairement identifié et exprimé cet aspect automatique et potentiellement envahissant de l’émotion : « L’émotion est le sentiment d’un plaisir ou d’un déplaisir actuel qui ne laisse pas le sujet parvenir à la réflexion. Dans l’émotion, l’esprit surpris par l’impression perd l’empire sur lui-même ».
Intervenant dans toutes nos interactions qu’elles soient humaines ou avec notre environnement, les émotions colorent notre vie, lui donnent sa valeur par les sensations corporelles de plaisir et déplaisir qu’elles engendrent, et impactent notre énergie et notre fatigue.
Les progrès effectués en neurosciences et physiologie permettent d’identifier les systèmes d’interactions complexes qui les régissent, et de comprendre leur dimension très concrète.
Elles ne peuvent plus être écartées dans l’environnement économique d’où elles ont souvent été bannies, et il est fondamental d’apprendre à les comprendre et les utiliser, tant pour soi, pour les personnes avec lesquelles nous sommes en interaction, que pour l’efficacité des écosystèmes dans lesquels nous sommes engagés.
Des techniques de préparation mentales ont été développées en ce sens depuis plusieurs dizaines d’années.
Et comme le dit Antonio R. Damasio, “Expliquer l’expression et la perception des émotions comme des processus concrets, se développant sur les plans cognitif et neural, ne diminue en rien le caractère délicieux ou horrible des émotions, ni leur statut dans les domaines de la poésie ou de la musique. Comprendre comment nous voyons ou parlons ne rabaisse en rien ce qui est vu ou dit, ce qui est peint sur un tableau ou déclamé sur une scène de théâtre. Comprendre les mécanismes biologiques sous-tendant l’expression et la perception des émotions est parfaitement compatible avec la valeur romantique que ces dernières peuvent avoir pour l’être humain [8]”.
Thérèse Lemarchand
CEO Mainpaces
[1] En cela, une émotion est différente d'une sensation, laquelle est la conséquence physique directe (relation à la température, à la texture...). La sensation est directement associée à la perception sensorielle. La sensation est par conséquent physique.
[2] https://www.maxisciences.com/emotion/quels-effets-les-emotions-provoquent-elles-sur-notre-corps_art31719.html
[3] Source Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Plutchik
[4] Source Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Émotion
[5] https://en.wikiversity.org/wiki/WikiJournal_of_Medicine/Medical_gallery_of_Blausen_Medical_2014
[6] Antonio R. Damasio, L’Erreur de Descartes - p186-187
[7] Largement issu de l’ouvrage de Antonio R. Damasio, L’Erreur de Descartes
[8] Antonio R. Damasio, l’Erreur de Descartes - p 227
5 enjeux clés sont identifiés pour les femmes souhaitant déployer leur ambition, mais elles font encore face à des freins récurrents, liés en particulier à l’intériorisation par les femmes de schémas comportementaux, la relation aux émotions, la relation au sport et au corps.
L'évolution de la société donne une impulsion nouvelle au leadership féminin, mais le plafond de verre ne doit pas se transformer en falaise de glace, définie comme l’incitation faite parfois aux femmes, sous couvert d’une promotion, à accepter de nouvelles fonctions « glissantes » et à hauts risques.
L’accompagnement volontaire et authentique d’une nouvelle génération de dirigeantes qui n’a pas bénéficié d’un entraînement historique, culturel, et de réseau, est un impératif pour conduire avec succès ce changement. Le coaching intégratif favorise la prise de conscience de soi, et accompagne la levée des freins pour un changement durable.
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Le leadership ne se décrète pas, il se choisit, et les belles carrières se construisent.
Au départ, il y a une impulsion, une volonté profonde, et cinq enjeux clés pour les femmes qui souhaitent déployer leur ambition :
Des objectifs qui remontent en coaching, et dont l’atteinte est rendue difficile en raison de freins encore régulièrement observés chez les femmes.
Un article de BPI France l’illustre avec clarté :
“ (...) Même après avoir accédé au poste de dirigeante d’entreprise, les femmes doivent faire face à des défis spécifiques, qui peuvent limiter leurs ambitions entrepreneuriales, le recrutement de collaborateurs et in fine le développement de leur entreprise. C’est notamment le cas de la gestion de leur agenda.
« La disponibilité en matière de temps représente la dernière frontière à l’égalité des sexes, argue Anne Boring [1]. L’effet de sélection s’opère alors contre les femmes, déjà sollicitées par leur vie de famille, et d’autant plus lorsqu’elles ont des enfants. Elles voient alors les portes se fermer devant elles au moment d’évoluer vers les carrières les plus rémunératrices, c’est-à-dire celles qui requièrent souvent plus de 35 heures de travail par semaine. »
Les données tirées de la dernière étude de Bpifrance Le Lab illustrent ce phénomène. Si 39 % des dirigeantes de PME-ETI ont déclaré avoir remis en question la manière dont elles dirigeaient leur entreprise à la naissance de leurs enfants, seuls 27 % des hommes se sentaient concernés par la même idée. Dans un registre similaire, 32 % de ces cheffes d’entreprise ont déclaré s’occuper d’adultes fragiles (personnes âgées, personnes handicapées ou personnes malades), contre seulement 20 % des dirigeants au masculin.
Malgré leur agenda surchargé, les cheffes d’entreprise continuent donc de prendre soin des autres membres de leur famille et aménagent leurs horaires de travail en conséquence (...). “
Cet extrait pose le paysage d’un environnement contraint et historiquement chargé, facilitant des comportements fréquemment rencontrés en coaching féminin, tels que :
Les émotions sont une force quand elles sont comprises, intégrées, et maîtrisées. Elles permettent de rentrer en contact avec l’autre, de rendre le message plus efficace, et de créer une forme de contagion émotionnelle engendrant l’adhésion. Une communication émotionnellement maîtrisée permet ainsi d’être entendue, de réussir ses interactions, et de prévenir les conflits.
D'un point de vue neuroscientifique, les émotions sont la représentation physiologique d'interactions entre les sens, la mémoire, les états du corps. Elles créent un mode particulier d'efficacité des processus cognitifs. Ce sont des indicateurs qui permettent au capitaine du bateau, au leader de naviguer. Ne pas écouter ses émotions revient à mener son business les yeux bandés.
A l’inverse, des relations professionnelles placées sous le signe de l’émotivité[2] plutôt que de l’intelligence relationnelle induiront une difficulté à s’adapter aux situations, une perte d’énergie importante liée à la gestion de ce stress. C’est une question d’équilibre et de maîtrise, une relation à la parole trop chargée émotionnellement au détriment de la réflexion pouvant créer des difficultés d’accès aux fonctions managériales, et impliquer moins d’agilité dans la gestion de réseaux professionnels.
La liste des avantages du sport pour la santé est longue comme le bras, et nous ne la détaillerons pas ici. Au-delà de ces bienfaits de fond (réduction des risques de maladies ou accidents…) et de forme (renforcement des muscles et amélioration de l’image de soi…) connus de longue date, les recherches dans ce domaine ont explosé ces dernières années.
Entre autres, l’exercice stimule le cerveau – et surtout l’aptitude à mener à bien des tâches qui exigent de l’attention, de l’organisation, de la planification – améliore le moral et réduirait les symptômes de la dépression et de l’anxiété chez certaines personnes. Mais certains points complémentaires essentiels sont à mettre en avant dans un environnement professionnel.
On observe souvent en coaching chez les femmes une relation à la performance et au challenge personnel peu affirmée. La pratique de la compétition dès le plus jeune âge, la recherche de résultats individuels ou en équipe, du dépassement de soi, et le développement d’une capacité de résilience permet d’intégrer une approche naturelle et motivée de ces enjeux. Hors une étude de l’INSEE menée en 2017 indique que 3 fois plus d’hommes que de femmes participent à des compétitions.
Le sport aide à connaître son corps, et à l’apprivoiser. Et cette compréhension du corps est essentielle pour se mouvoir et occuper l’espace avec aisance, projeter une image de soi ferme et assertive, et gérer son énergie au quotidien. Il est essentiel lorsque l’on rentre dans les enjeux de récupération, trop souvent oubliés par des dirigeantes surchargées qui finissent par s’épuiser dans une fatigue chronique.
Une personne active physiquement, sans surcharge pondérale, avec une bonne souplesse articulaire, pourra récupérer de façon active. Le corps en mouvement va permettre à la tête de se reposer. Beaucoup ne savent pas écouter les signes du corps "déconnecte" - ou "tu peux déconnecter en toute confiance", et poussent leurs capacités physiologiques au-delà de leurs limites avec des conséquences qui peuvent être dramatiques.
Quand on a progressivement oublié de solliciter son corps de façon variée, et que s'accumule là-dessus un certain nombre de perturbateurs (baisse de tension, moins d'oxygénation, inhibants ou limitant la conscience des choses - tabac, alcool, écrans,...), la capacité de récupération est faible et la “blessure”, quelle qu’elle soit, apparaît.
Les “role models”, vecteurs d’identification, sont des passeurs essentiels pour ancrer une culture du leadership au féminin, simplement normale et assumée. Les dirigeantes restent encore proportionnellement trop peu nombreuses dans les médias et autres colloques. Même si la tendance évoluent, les quelques femmes à des postes clés identifiées comme telles sont souvent sur-sollicitées et sur-exposées.
Certains secteurs d’activités restent encrore très « genrés », finance, Tech, industrie lourde, infracstructures, étant particulièrement masculins.
L’accompagnement est un tremplin d’évolution vers le leadership, sous réserve d’une démarche choisie et d’un engagement authentique.
Le coaching intégratif favorise la prise de conscience de soi, et accompagne la levée des freins pour un changement durable. Ce temps choisi en présence d’experts permet :
- de poser un diagnostic sur soi (« état des lieux » de qui je suis à l’instant T) socle cognitif pour l’amorçage d’un changement
- de développer la compréhension des automatismes comportementaux et des obstacles qu’ils représentent
- une prise de recul par rapport à soi-même et à son environnement, qui ruisselle positivement sur les modes de communication et la socialisation
- de faciliter l’accès à l’autonomie par la découverte des motivations profondes (« désir »)
- une ré-appropriation du corps, socle de la personne
- de retrouver son alignement, une mise en cohérence globale et accès à la fluidité, voie d’accès vers sa propre identité professionnelle
- d’intégrer des valeurs et des comportements liés à un leadership accompli: responsabilité, solidarité, inscription dans un temps long, sens de la performance, capacité à fédérer, à gérer l’incertitude et la complexité, à résister aux obstacles.
Des évolutions majeures ont eu lieu ces 10 dernières années avec des accélérations fulgurantes depuis 3 ans.
La société a intégré ces enjeux de diversité de genre et les barrières à faire tomber, et les évolutions règlementaires (loi Coppée-Zimmerman,loi Rixain) accompagnent le mouvement. La loi Rixain est un carrefour historique, à un moment où le principe des quotas a déjà fait ses preuves. Bien au-delà des conseils d’administration, elle impacte le pouvoir décisionnaire et opérationnel des entreprises, et va donc avoir un impact culturel global fort sur l’entreprise de demain.
Mais le plafond de verre ne doit pas se transformer en falaise de glace,
définie comme l’incitation faite parfois aux femmes, sous couvert d’une promotion, à accepter de nouvelles fonctions « glissantes » et à hauts risques. L’accompagnement volontaire et authentique d’une nouvelle génération de dirigeantes qui n’a pas bénéficié d’un entraînement historique, culturel, et de réseau, est un impératif pour conduire avec succès ce changement.
Thérèse Lemarchand
CEO Mainpaces
[1] Directrice de la chaire pour l’entrepreneuriat des femmes à Sciences-Po et Bernard Fusulier, professeur à l’Université de Louvain
[2] Aptitude à s'émouvoir facilement, à réagir trop vivement aux stimuli même très faibles, caractérisée aussi par une insuffisance de l'inhibition, une incapacité à s'adapter aux situations nouvelles, imprévues
Plusieurs leaders dirigent une organisation. Il est intéressant d’identifier, de reconnaître et d'impliquer ces différents leaders pour tirer le meilleur parti de ce leadership partagé. Les leaders psychologiques ont notamment un rôle clé à jouer dans les transformations.
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Dans une organisation, vous avez souvent un leader fondateur, parfois appelé l’Évhémère, qui jouit d’un statut particulier. Quoi qu’il advienne par la suite, il restera « LE » fondateur. Avec sa vision et ses valeurs fondamentales [2]. Si les leaders suivants veulent réussir, voire devenir à leur tour des leaders « marquants » ou « primaux » dans l’histoire de l’organisation, il leur faudra emboiter un minimum les pas du ou des fondateurs. Bernard Arnault, François Pinault ou Xavier Niel sont leaders fondateurs et leaders opérationnels en exercice. Ce cumul souvent fascine.
Les leaders primaux marquent un tournant dans une organisation. L’Oréal a été fondée par Eugène Schueller mais c’est François Dalle qui a transformé cette PME en leader mondial des cosmétiques. François Dalle est un leader « primal » du groupe L’Oréal, encore aujourd’hui. Lindsay Owen Jones après lui en est sans doute un autre. Jean-Paul Agon (Président) et Nicolas Hieronimus (Directeur Général) réussissent parce qu’ils s’inscrivent dans cette lignée tout en conduisant des transformations importantes qui font le succès renouvelé du Groupe.
Même quand une personne est leader fondateur (ou primal) et leader opérationnel en exercice, il doit partager un peu de ce leadership opérationnel, en général incarné par 3 types de leaders assez différents :
Pour bien comprendre, prenons quelques exemples d’organisations du point de vue de leurs membres : salariés, joueurs, etc.
Un salarié de la caisse d’épargne d’Auvergne et du Limousin a un leader effectif en la personne du président du directoire, un leader responsable en la personne de la présidente du Conseil d’Orientation et de Surveillance (COS), qui contrôle la gestion assurée par le Directoire. Ce salarié peut avoir comme leader psychologique l’un des deux leaders décrits ou une autre personne de l’organisation vers laquelle il se tourne volontiers pour prendre conseil.
Un joueur de l’équipe de France de football au Mondial 2006 avait comme leader effectif le sélectionneur Raymond Domenech, comme leader responsable le président de la Fédération Française de Football (FFF) Jean-Pierre Escalettes, et comme leader psychologique Zinédine Zidane, connu pour avoir réuni l’équipe après un premier tour laborieux (La France avait fini en deuxième position derrière la Suisse en ayant gagné un seul match contre le Togo) et lui avoir demandé de suivre dorénavant ses instructions… qui ont emmené l’équipe jusqu’en finale.
Une éducatrice de la Fondation des Apprentis d’Auteuil peut avoir comme leader effectif son directeur d’établissement, comme leader responsable un membre du Comité de Direction Générale en charge des opérations (donc en charge de superviser son directeur) ou en charge des ressources humaines (donc d’elle de façon transversale). Elle peut aussi avoir comme leader psychologique la doyenne des éducatrices de son établissement, auprès de laquelle elle va régulièrement chercher des conseils et du soutien.
De même dans les organisations syndicales, aux yeux d’un militant le « patron de la confédération » (« la centrale »), n’est « que » le patron du siège, le leader responsable, celui qu’on interview dans les médias. Son vrai « chef » est le secrétaire général de sa « fédération » et nous avons vu plus d’une fois les ordres de la centrale être mollement suivis ou carrément contredits par les fédérations professionnelles.
Dans le monde des franchisés (Intermarché, Krys, etc.), « le siège » exerce un leadership responsable, il est force de proposition non décisionnaire sur bien des sujets. Les « vrais patrons », ce sont les franchisés, les leaders effectifs dans leur franchise respective.
Revenons à l’exemple de Xavier Niel. Nul doute que chez Illiad, même s’il n’est pas le seul à diriger, il est le leader responsable ET effectif du Groupe. Il incarne Free, jusque dans le ton de la communication et des vœux provocateurs pour l’année 2022. En même temps, Xavier Niel n’est sans doute pas le leader psychologique d’un certain nombre de salariés tout simplement parce tout collectif est libre de choisir son leader psychologique. Souvent ce choix se fait assez « naturellement » et souvent « inconsciemment ».
Dans une acception plus générale, beaucoup d’influenceurs sur les réseaux sociaux sont des leaders psychologiques pour leurs communautés de « followers ».
Les leaders psychologiques sont clés dans les transformations menées par les organisations
Pourquoi insistons-nous sur ces leaders psychologiques, parfois difficiles à détecter dans les organisations ou sur les réseaux ? Tout simplement parce qu’ils sont clés dans le cadre des transformations menées par les organisations. Impliqués, ces leaders psychologiques favorisent le changement. Ignorés, ils le freinent, voire le bloquent.
C’est pourquoi il vaut mieux partir du principe que le leadership est partagé, passer un peu de temps à identifier les différents leaders d’une organisation afin de les reconnaître, les écouter et les impliquer.
Pour en finir avec les idées reçues sur le leadership, aucun leader n’est une « huile » parce qu’il sait prendre, seul, des décisions rapides, fracassantes et lumineuses ; un leader est respecté quand il prend une décision éclairée par un collectif qui a pu s’exprimer pleinement, via un processus remontant ou une gouvernance bien pensés.
Décider, c'est notre rôle. Une organisation où les décisions peuvent être rapides et de haute qualité se structure. Décider s'apprend, s'affine. Appréhender la complexité, accepter une prise de risque et de ne pas toujours maîtriser le temps, comprendre l'influence des biais cognitifs et des émotions, être responsable et accepter les conséquence de ses choix sont autant d'éléments clés qui peuvent être accompagnés en coaching intégratif. Il permet de disposer d'un effet miroir, de feedbacks trop rares à haut niveau, de comprendre où se situent ses points forts et comment les utiliser au mieux au sein d'une organisation robuste, de lever des freins, d'apprendre de nouvelles techniques. "Moi en mieux" pourrait être l'objectif quotidien du leader, car son impact sur l'entreprise et la société sont majeurs.
Heureusement que les leaders ne sont pas tous des meneurs dominants, sinon nous irions tout droit à l’affrontement et à la destruction de valeur, ce qui se constate malheureusement de façon radicale dans certains Conseils d'Administration… Si un leader a manifestement du charisme, considérons simplement qu’il existe plusieurs façons d’avoir du charisme, avec une palette nuancée de manifestations, d'autant plus convaincantes qu'elles sont authentiques, alignées avec sa personnalité profonde. Moins d'énergie pour lutter contre ce que l'on est vraiment, c'est plus d'énergie pour l'action et pour fédérer une équipe, une entreprise, tout un mouvement.
Vive la complémentarité des leaders et bienvenue au leadership partagé !
[1] Pour nous guider dans notre description du leadership partagé, nous nous inspirés du chapitre 7 « L’autorité du groupe » de Structure et Dynamique des organisations et des groupes d’Eric Berne (Les Editions d’Analyse transactionnelle), ouvrage de référence de la « Théorie Organisationnelle de Berne », parfois appelée « Le système helvétique ».